Nous avons récemment parlé du dernier ouvrage de Jean-Paul Fourmentraux, sociologue, maître de conférences (HDR) à l’université de Lille 3 et chercheur associé à l’École des Hautes Études en Sciences Sociales (EHESS Paris) au Centre d’Études Sociologiques et Politiques Raymond Aron (CNRS). Celui-ci portait sur la manière dont la création artistique et la recherche technologique, qui constituaient autrefois des domaines nettement séparés et quasiment imperméables, sont aujourd’hui à ce point intriqués que toute innovation au sein de l’un intéresse (et infléchit) le développement de l’autre. Dans les nouveaux laboratoires de la création artistique et informatique – Ircam, Hexagram, Lip6, Cnam, Orange Labs – des œuvres hybrides rendent irréversible le morcellement des anciennes frontières opposant art et science.

Mais deux événements complètent ce que nous avons écrit. D’abord, une publication nouvelle : L'Ère post-média. Humanités digitales et Cultures numériques, sous la direction de Jean-Paul Fourmentraux   . L’objet de cet ouvrage : àl’interface des sciences et des arts – recherche urbaine, sciences politiques, spectacle vivant, cinéma,
jeux vidéo et Internet – un nombre croissant de chercheurs et d’artistes proposent de réinventer les mises en scène et les modes de relations aux médias. L’objectif de cet ouvrage est de confronter leurs recherches aux nouvelles pratiques médiatiques, techniques et sociales, mobilisées pour concevoir, véhiculer et agir des œuvres-médias dont la carrière idéale suppose précisément que certains de leurs fragments demeurent potentiels ou "à faire".
Il émerge en effet au cœur de ces arts et médias "praticables" la nécessité d’un équivalent de ce qu’est en musique l’interprétation, entendue au sens de "pratique". L’interactivité et la jouabilité y composent de nouveaux régimes sociotechniques d’interprétation des médias, à habiter et à expérimenter, qui se doublent d’un renforcement de l’activité d’écriture (de scripts d’usage et scénario) et génèrent une multitude de traces interprétatives que ce livre propose de documenter.


C’est donc le versant de la « pratique » que ce livre déploie. À la question "que fait le public ?" se superpose ici la question des modes d’instauration médiatiques. Du côté des médias, de quelle façon anticipent-ils des modes de relations avec les usagers – stratégies de fidélisation, tentatives de connaître les participants, etc.  ? Du côté du public, qu’est-ce qu’être au contact de l’art et des médias dans ce contexte ? Qu’en est-il de l’acte pratique proprement dit ? Et comment rendre compte du vécu et de la perception propre à cette nouvelle génération de "médias praticables" ? 



L’ouvrage est rédigé en collaboration avec Samuel Bianchini   , Francis Chateauraynaud   , Viviane Folcher   , Antoine Hennion   , Patricia Laudati   , Emmanuel Mahe   , Jacques Perriault   , Vincent Tiffon   , Tomaso Venturini   , Moustapha Zouinar et Anne Bationo   . 


Mais ce n’est pas tout. A la Gaité Lyrique, il a programmé une rencontre autour de ces travaux, sous le titre : Art et Science à l’ère numérique. Enfin, parallèlement à ces deux événements, la Gaité Lyrique favorisait le déploiement d’un atelier. Ce dernier s’est intéressé à la manière d'interpréter de la musique en live avec des ordinateurs. L'un des problèmes bien connu lors de telles performances peut être relié au manque de causalité entre les gestes de l'interprète et le résultat musical

 

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