On connaît bien l’étymologie du mot "travail", qui vient du latin tripalium, un instrument de torture. Ce que l’on sait moins ou qu’on oublie parfois, c’est qu’en plus de "torturer", le travail tue. Le phénomène est à la fois universel et touche toutes les catégories professionnelles. En France, par exemple, un ouvrier du bâtiment meurt tout les deux jours en moyenne. Au Japon, on parle des karôshi, les "morts par excès de travail", ces employés et cadres qui meurent de crise cardiaque sur le lieu de travail. Parfois le "meurtre" est plus indirect, comme ce fut le cas avec la vague de suicides chez des employés de France Telecom. Mais partout le constat est le même : le travail, activité sociale particulière, fait souffrir, provoque des maladies en constante augmentation – le nombre de maladies professionnelles est passé de 13 658 en 1996 à 52 979 en 2005 – et en dernier ressort tue.

C’est l’objet de la dernière note de la Fondation Copernic, intitulée "Travailler tue en toute impunité", qui rappelle en introduction que "chaque jour, trois salariés meurent au travail en France". La question de la santé au travail est analysée par divers spécialistes sous l’angle de la sociologie mais aussi du droit et de la justice. Dans une première partie, les auteurs font le bilan de la santé au travail, pointent les responsabilités – organisation du travail de plus en plus contraignante, sous-traitance, course au profit, quasi-absence de condamnations – et proposent des pistes de réflexion, notamment l'amélioration des conditions de travail et surtout un renforcement de l’institution judiciaire dans ce domaine. Dans une deuxième partie, la Fondation Copernic propose une série de témoignages sur les conditions de travail en France permettant de mieux comprendre ce qui se passe au technocentre de Renault-Guyancourt ou dans le monde des travailleurs de l’industrie nucléaire
 

* Louis-Marie Barnier (coord.), Laurent Garrouste, Caroline Mécary, Annie Thébaud-Mony et Willy Pelletier, "Travailler tue en toute impunité...", Note et Document de la Fondation Copernic, éditions Syllepse, 2009.

 

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