Après Marie NDiaye, c’est au tour d’Antonio Tabucchi de subir les attaques du pouvoir politique de son pays. Le président du Sénat italien, Renato Schifani, proche de Silvio Berlusconi, réclame à l’écrivain 1,3 million d’euros de dommages et intérêts pour un article publié dans le journal d’opposition L’Unita, qui mettait en cause son passé, ses relations d’affaires et ses activités politiques. Une pétition publiée dans Le Monde du 19 novembre par de nombreux artistes français appelle à soutenir Antonio Tabucchi et à dénoncer "l 'offensive du pouvoir italien contre la liberté de jugement, de critique et d'interpellation."

Claude Lanzmann, Claudio Magris ou Marie NDiaye elle-même se sont joints à cet appel pour résister à la chape de plomb qui s’abat de plus en plus lourdement sur tout intellectuel qui intervient dans le débat démocratique avec une conscience critique. Alors que la guerre fait rage entre la presse de gauche et le président du Conseil en Italie, l’espace public dans lequel les individus peuvent s’exprimer librement se réduit considérablement. Il est décidément dangereux d'être homme de lettres et de convictions ces temps-ci.

Le sort de l’ancien militant d’extrême gauche, Cesare Battisti - poursuivi pour ses activités politiques lors des années de plomb, et largement soutenu en France   - dépend maintenant de la décision du président brésilien, Lula, de suivre l’avis de la Cour suprême brésilienne, qui a voté son extradition vers l’Italie. Un autre signe que la mobilisation d’intellectuels en faveur de leurs pairs est de moins en moins entendue dans l’Europe actuelle ?
 

 

* A lire sur nonfiction.fr:

- 'La liberté d'expression à quelques "réserves" près...', par Pierre Testard.

- Dominique Rabaté, Marie NDiaye (Textuel/ CulturesFrance), par Margot Demarbaix.