"Objet symbolique fort", "valeur refuge", "réponse à une recherche de sens", "repère solide", "indispensable à la vie", "fournisseur de plaisir, de connaissance" … Mais aussi pas trop cher…

La valeur existentielle et l’argument pécuniaire expliqueraient pour les professionnels du livre la résistance des ventes à la crise économique. Corine Crabos, directrice du livre pour la librairie Mollat à Bordeaux, Anne-Laure Vial, directrice du livre chez Virgin,  Fran Dubruille, directeur de la Fédération européenne des libraires, ou  Juergen Boos, directeur de la Foire de Francfort, tous se réjouissent de la vitalité des écoulements en fin d’année. L’enquête proposée par Mohammed Aïssaoui pour Le Figaro littéraire, ou le commentaire avancé par le site Actualitté expriment une même heureuse surprise : non seulement le marché du livre se porte bien, mais il fleurit, au plein cœur de l'hiver. "Le livre présente de formidables atouts anticrise" synthétise Alain Beuve-Méry dans un article du Monde des Livres.

Dans le cadre d’une réflexion plus générale sur l’enjeu de la culture dans un contexte de crise (Voir notamment "L’économie en crise, la culture en fête" dans le Journal du dimanche, ou sur le blog de Pierre Assouline : "L'arme de Sarkozy contre la crise mondiale : la culture"), le livre tient singulièrement bien tête à la récession. Parmi toutes les publications, le roman et l’édition jeunesse sont particulièrement vivaces, mais en comparaison avec d'autres industries culturelles comme la musique ou le cinéma, l'ensemble des ventes de livres ne connaît encore que peu la concurrence de la dématérialisation. Les librairies de proximité surtout tirent profit de la situation ; elles offrent la "valeur ajoutée" fondamentale des relations humaines, en apportant "conseil, proximité, convivialité, service, accueil" selon une étude d’Alice Cousin Crespel pour le cabinet GfK.

Reste une ombre dans ce rare paysage optimiste : toutes les analyses s'achèvent au mieux sur une légère crainte, au pire sur un fort scepticisme concernant la postérité de cette vigueur. On guette les derniers chiffres de ventes pour le début 2009

 

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