Après EDVIGE qui prévoyait un fichage de données finalement jugées trop intimes, la collecte de données personnelles continue à inquiéter. Le phénomène s’est récemment développé sous différentes formes, notamment sur la Toile.

Le mois dernier, la CNIL ravivait la polémique en dénonçant successivement deux affaires de ce genre. La première, mettant en cause la RATP et son fameux "Pass Navigo" nous interrogeait sur l’impact caché d’une technologie vendue comme plus pratique, mais susceptible dans le même temps d’enregistrer les déplacements de tous les usagers. Après avoir finalement obtenu la création d’un autre "Pass" dont l’anonymat était garanti (moyennant la somme de 5 euro), la CNIL accusait la RATP de dissimuler cette offre aux clients.

Quelques temps après, c’est au fichier Stic que le président de la CNIL Alex Türk s’attaquait, dans une interview donnée à l’Express. Jugé comme plus dangereux en matière de liberté individuelles que le projet initial d’EDVIGE, ce fichier contient toutes les traces des plaintes et mains courantes déposées. Mais selon le président de la commission, il souffrirait d’un important retard de mise à jour et contiendrait surtout de nombreuses erreurs factuelles, mélangeant victimes, auteurs, et pouvant entraîner de graves conséquences sur la vie quotidienne et sociale des concernés.

Plus récemment, le lancement de Google Street View, un programme visant à multiplier les caméras dans les lieux publics et grandes villes afin de les retrouver sur Internet, a fait lui aussi réagir. Alors que visages et plaques d’immatriculation doivent être en principe floutés, les auteurs d’une tribune publiée dans Libération pointent une entorse au respect de l’intimité, liée à la possibilité de reconnaitre un individu au-delà de ces éléments. Se pose également la question de la "dérive progressive" de ce genre de procédé : les auteurs redoutent que le caractère optionnel ne se transforme en une obligation, avec une crainte vis-à-vis de l’application "Latitudes"   , qui permet de localiser sur un plan un utilisateur grâce à son téléphone portable.

Enfin, et bien que l’on pensait pouvoir maîtriser ses données personnelles sur Facebook, la toute récente modification des conditions d’utilisation a mis en évidence un aspect étonnant. Non seulement Facebook avait déjà le droit "d’utiliser, copier, publier, diffuser, stocker, exécuter, transmettre, scanner, modifier, éditer, traduire, adapter, redistribuer n’importe quel contenu déposé sur le site", mais désormais, cette clause s’appliquerait même après suppression d’un compte. Faut-il désormais choisir entre technologie et vie privée ?
 

Ajoût du 20.02.09 : Sur ce dernier point, Facebook a finalement fait marche arrière.