Une galerie de portraits bien menée et utile à tous.

Bernard Phan, professeur de khâgne, livre ici un petit livre qui s’apparente à un précis. Il présente sous la forme d’une galerie de portraits, l’ensemble des souverains qui régnèrent sur la France des Mérovingiens aux Bonaparte et Orléans. Rapidement on en vient à se demander si l’auteur ne ferait pas partie de la cohorte des savants qui ne cessent de se plaindre de "la baisse du niveau", de l’absence totale de culture générale chez ses étudiants et de leur ignorance profonde de repères les plus élémentaires de l’histoire de France ? En bref, ce serait un ouvrage dont l’objectif  serait de tenter de remédier à certaines carences de savoir.

Quelle que soit la réponse, ce petit livre devrait rapidement trouver sa place dans toutes les bibliothèques des amateurs de chronologie ou de tous ceux qui ne supportent plus de ne pas savoir si Childéric Ier régna avant ou après Clotaire II ou qui confondent les deux reines Médicis que la France compta parmi ses souveraines. Disons-le tout net, le but de cet ouvrage n’est pas de livrer une analyse de la construction monarchique française ou une réflexion sur l’exercice du pouvoir.

A juste titre, Bernard Phan rappelle que le système monarchique fut le régime politique le plus long dans l’histoire de France et qu’il laissa des marques indélébiles dans la conscience collective et dans les traditions politiques du peuple français. Il retrace ainsi l’histoire des différents membres des maisons souveraines qui régnèrent sur la France depuis Clovis jusqu’à Napoléon III en les classant chronologiquement et par familles.

On suit pas à pas derrière ces notices biographiques les apports de chaque souverain à une construction politique qui leur a été laissée en héritage ou qu’ils détenaient par usurpation. Au départ simple roi des Francs, sous les premiers Mérovingiens, le titulaire de la couronne devint en 1204 roi de France avec Philippe-Auguste, pour finir roi des Français avec Louis-Philippe en 1830, excepté l’intermède napoléonien pendant lequel Napoléon Ier porta le titre d’empereur des Français.

Comme il ne s’agit pas seulement d’une histoire des grands hommes, la lecture de cet ouvrage immerge rapidement le lecteur dans le contexte général de la situation du royaume  de France ou de ce quoi il correspondait à l’époque. On passe ainsi par exemple en revue l’imprégnation religieuse du pouvoir par le christianisme sous les rois descendants de Clovis, sa sacralisation sous les Carolingiens pour en finir à l’exercice d’équilibriste de Napoléon et de Louis-Philippe obligé de composer avec la puissance de l’Église.

En définitive, il reste de cet ouvrage qu’il devrait être bien utile aux élèves, aux étudiants et à tous les curieux soucieux de ne pas commettre une confusion entre deux dynasties ou pire entre deux souverains qui, précisons-le, ruine toute réflexion ou effort d’analyse dans une copie d’examen ou dans une discussion entre amis


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Crédit photo : wallyg / Flickr.com