Les revues ayant démarré sur internet et/ou œuvrant uniquement sur le web appelées pure players ont-elles damné le pion aux revues papier ? C’est à cette question et à d’autres qu’ont essayé de répondre les invités de ce cinquième atelier, des contributeurs de revues numériques   .

Le choix de l’électronique

Même si les invités restent catégoriques et affirment qu’une revue numérique n’est en rien un blog – elle a pour but d’établir une pensée scientifique - ils soulignent que leur revue n’aurait pu être papier. Les raisons financières sont évidentes : une revue numérique coûte 50 euros par an, Strabic était une revue constituée de thésards, Secousses affirme avoir 8000 visiteurs par an alors que la revue papier n’avait que 100 abonnés. Parislike étant une revue bilingue, le format papier aurait été bien plus cher.

Le lecteur internaute

A également été évoqué dans cet atelier la question de la frilosité du milieu littéraire vis-à-vis d’internet, et notamment du format numérique, qui peut s’oppose au papier. T. Zuppinger a reconnu que la transition électronique pour les amateurs de philosophie était difficile. La crédibilité d’une revue ne se fonde plus sur les mêmes critères : si les internautes sont attachés au contenu, la mise en page, le comité éditorial comptent. Le numérique permet d’étendre l’audience de la revue, de multiplier les types de format : sonore, visuel. La revue numérique doit aussi réfléchir à sa périodicité : faut-il faire le choix d’un renouvellement régulier, préférer le pdf qui permet de ne pas dénaturer le propos poétique (Secousses) ?

Commenter ou ne pas commenter, that is the question

La question des commentaires des internautes a également son importance : alors qu’un auditeur s’étonnait de la réticence des revues à créer une section "commentaires", d’autres ont affirmé le caractère arbitraire et ‘anti participatif’ inhérent à toute revue alors qu’une autre personne du public a reproché au débat de devenir "idéologique". La culture européenne serait-elle réfractaire à une certaine culture populaire ? Des invités ont affirmé qu’ils craignaient de ne pas avoir de commentaires ou que ceux-ci soient... inintéressants. Il a été conclu que la toile empêchait aux auteurs d’avoir une totale visibilité sur la réception de leur article, tout internaute pouvant diffuser sur sa page Facebook un article.

"Aucune noblesse à travailler gratuitement"

Les auteurs des revues présentes sont tous bénévoles. Le coût d’une revue numérique est bas, certes, mais "il n’y aucune noblesse à travailler gratuitement" a affirmé A. Mercuri. Ne pas être rémunéré, ou n’avoir pas de financements, peut empêcher de payer un informaticien, d’embaucher un stagiaire, d’avoir des locaux, de travailler plus sur la visibilité de la revue - surtout si l’on souhaite être indépendant. La question financière se porte moins sur l’entretien de la revue qui demande peu de moyens que sur le projet de celle-ci. Mais l’obligation de la gratuité s’impose si l’on veut toucher plus de public. Une complexe équation que les revues numériques n'ont, à ce jour, pas réussi à résoudre

 

* Lire aussi sur nonfiction.fr : 
- Les comptes-rendus des autres ateliers de la journée d'étude sur les revues, "Revues en stock", organisée au CNL
- Le compte-rendu de cette journée par Livres Hebdo