La démocratie semble aujourd'hui bien installée en Europe occidentale. Elle ne cesse cependant de faire l'objet d'interrogations, à la fois quant à la possibilité et aux modalités de son extension, et quant à ses modes de légitimation et sa capacité à surmonter ses crises internes. Par essence, la démocratie est un objet problématique, en construction permanente, se faisant au fil des débats qui portent sur elle. Plusieurs auteurs, ces derniers mois, se sont efforcés de mettre en perspective ses fondements et ses développements :

Dans les deux premiers volumes d'une ambitieuse tétralogie, Marcel Gauchet, professeur à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (E.H.E.S.S.) entreprend d'explorer la construction historique de la démocratie.

Pierre Manent, directeur d'études à l'E.H.E.S.S. et professeur associé au Boston College, étudie les fondements théoriques de la politique moderne et de la notion de libéralisme.

Pierre Rosanvallon, qui enseigne au Collège de France, ne manque pas quant à lui de diagnostiquer l'existence d'une certaine "contre-démocratie". Dans Commentaire et Esprit, il affronte les analyses différentes de Jacques Chevallier et d'Olivier Beaud, tous deux professeurs à Paris-II-Assas.

Sur quelle pente la démocratie semble-t-elle être engagée ? La démocratie d'opinion, pense Jacques Julliard, éditorialiste au Nouvel Observateur et directeur d'études à l'E.H.E.S.S..


Sommaire du dossier :

- Une critique des deux premiers volumes de la tétralogie de Marcel Gauchet, L'Avènement de la démocratie (Gallimard), par Céline Spector.
Face aux crises de la démocratie, comment préserver la liberté collective des périls qui la font se retourner contre elle-même ?

- Une critique du livre de Pierre Manent, Enquête sur la démocratie (Gallimard), par Julien Jeanneney.
Dans un recueil d’articles publiés depuis une vingtaine d’années, Pierre Manent éclaire de grandes questions de la philosophie politique.

- Une critique de l'échange entre Pierre Rosanvallon d'une part, et Jacques Chevallier et Olivier Beaud paru dans la revue Commentaire (n°119, automne-hiver 2007 et n°120, hiver 2007-2008).
Faut-il voir dans les nouvelles pratiques de défiance un phénomène unifié, voire un tournant de notre démocratie, dans le sens d’une régression liberticide ?
 
- Une critique du livre de Jacques Julliard, La Reine du monde (Flammarion), par François Quinton.
La montée en puissance de l’opinion menace-t-elle la démocratie ? Non, répond ici J. Julliard : nous voici seulement parvenus à l’âge doxocratique.

- Une critique du livre de Pierre Manent, Naissances de la politique moderne (Gallimard), par Aurélien Bellanger.
Une étude consacrée à trois auteurs majeurs de la pensée politique : Machiavel, Hobbes et Rousseau, enfin rééditée.