Nous voilà dans une campagne de défis. Tout d’abord, parce ce que les sortants sont sortis : ni le président Bush (qui a déjà effectué deux mandats) ni le vice-président Cheney ne sont en course pour la Maison-Blanche. C’est relativement inhabituel, et, presque mécaniquement, cela donne à l’élection américaine de 2008 un vrai souffle de renouveau, notamment chez les Républicains, qui doivent composer avec l’héritage Bush.

Toutefois, le changement (certainement le mot qu’on aura le plus entendu depuis le début des débats) est aussi au centre de la réflexion des Démocrates, qui, pour la première fois, ne désigneront pas un "homme blanc" au vote de la nation. Des Démocrates qui doivent maintenant faire le choix de l’expérience avec Hillary Clinton ou du charisme avec Barack Obama ; voilà du moins ce qui est visible depuis la France.

Pourtant, il ne s’agit pas de se tromper. Non seulement le candidat désigné devra être en mesure de battre les Républicains, qui n’ont pas l’intention de partir avec Bush, mais il devra en plus faire face aux angoisses des américains sur l'économie, réaffirmer les valeurs de l'Amérique et sa place dans le monde, se positionner sur les grands sujets internationaux comme l'Irak, l'Iran, le développement durable, etc. Et ce en utilisant à la fois les legs de l'administration Clinton et de la campagne ratée de 2004, notamment en termes de communication.

Quoi qu'il en soit, et même si ce scrutin nous donnera évidemment une idée du chemin qu'a parcouru l'Amérique sur la question raciale depuis le Mouvement des droits civiques, il ne faut pas dire que la nomination d'Hillary Clinton serait obligatoirement une défaite pour ceux qui ont porté ces droits. D'abord parce que l'on connaît les faiblesses du système des primaires, et les disparités de représentation qu'il engendre. Ensuite, parce qu'au-delà des origines ethniques, c'est aussi pour un programme et pour une personnalité que l'on se positionne en votant. Aussi, parce que l'on sait l'attachement des minorités à la personne de Bill Clinton, forcément plus ou moins en embuscade derrière sa femme candidate. Enfin, parce qu'attendre les Etats-Unis au tournant dans cette nomination, c'est aussi montrer combien l'on redoute, quelque part, que les Démocrates américains ne fassent le pas d'une candidature sans "homme blanc". Tant le symbole est fort, tant ce serait beau pour ce pays.

Le 5 Février, les Démocrates désignent 54% de leurs représentants pour la convention de 2008. Le vainqueur du jour devra, selon toute vraisemblance, porter le "changement" démocrate jusqu'en Novembre. Nous espérons pour eux que les Démocrates feront le bon choix, celui qui mènera à nouveau les libéraux à la Maison-Blanche.