Une fois élu, Le Président de la République doit composer un Gouvernement. Celui de François Hollande peut-il se prédire à l’avance ?  

François Hollande est élu président de la République. C’est fait ! C’était annoncé depuis longtemps. Les sondeurs ne sont pas trompés cette fois-ci. Un " François" succède à un autre dix-sept ans plus tard. Nous sommes au lendemain du 6 mai et le nouveau président doit prendre le gouvernail d’un pays malmené. Le plus urgent est de composer un gouvernement avec le premier ministre qu’il a choisi de longue date : Jean-Marc Ayrault ! Voilà l’option prise par Stéphane Bugat travers une œuvre de fiction " Génération Hollande, ses hommes, ses équipes, ses réseaux " aux éditions l’Archipel. L’ouvrage est sorti depuis quelques jours et ils sont déjà nombreux dans les états majors à feuilleter ce qui pourrait sembler une prévision en cas de victoire socialiste. Car cette fiction n’est pas totalement improbable. Stéphane Bugat a, semble-t-il, passé du temps à écouter les avis des proches du candidat socialiste. Le tri entre les espoirs et les convictions n’a pas du être simple. L’auteur brosse le portrait d’un nouveau gouvernement de gauche pour lequel il y a tant à faire. Il laisse ici et là quelques options mais justifie ses choix en inventant des rencontres ou imaginant les discussions d’arrière boutique, tout cela à l’aulne du programme socialiste.

Faire des choix

Deux ministres d’Etat, vingt-et-un ministres et dix-huit secrétaires d’Etat. On y trouve plus de femmes, sans atteindre la parité, mais aussi plus de postes, que dans le gouvernement actuel. Il est certain que l’exercice est difficile. Il s’agit d’abord de reprendre en main une technostructure inféodée au sarkozysme et en particulier le ministère de l’Intérieur. C’est aussi un savant dosage entre les anciens et les modernes, entre les amis, les piliers, les fidèles, les incontournables, les obligés, les inévitables… et tous les autres appartenant à différentes générations, différents courants : Ceux qui n’ont pas connu Mitterrand, ceux qui en sont sortis, ceux qui ont connu Jospin, ceux qui ne connaissent pas la victoire, ceux qui attendent, qui espèrent, qui n’y pensent pas, mais un peu quand même. Il faut choisir ! On sait bien les raisons de ces choix. Selon les territoires, les sexes, l’expérience, les compromis, il faut faire une sélection en gardant à l’esprit les contraintes existantes, les propositions faites, ainsi que l’échéance du prochain congrès du Parti.

Qui en sera ?

Il ne sert à rien ici de dévoiler l’ensemble des propositions de Stéphane Bugat, d’autant que certaines relèvent de l’évidence. Les ministères de la Défense, de l’Education, de l’Intérieur sont presque officiellement acquis. Pour le reste, les déductions sont certes imaginaires mais s’appuient aussi sur une certaine logique. Trois éléments sont intéressants à bien des égards. D’abord la création d’un grand ministère de la Production Durable démontrant la volonté de relancer intelligemment une véritable politique industrielle. Ensuite, sur les deux ministères d’Etat, si le premier est logiquement en charge de l’Economie, des Finances et du Budget, le second est dédié culture et on retrouve sa tête Martine Aubry. Ce choix traduit une ambition que le candidat n’avait pas su mettre en avant au moment des primaires. Enfin le cas Mélenchon est lui aussi clair. Il ne sera pas ministre et, d’ailleurs, ne le voudra pas. Par contre le gouvernement comptera tous les représentants de l’ancienne gauche plurielle notamment le Parti Communiste. Une stratégie qui peut sonner le glas de la démarcation engagée par l’ancien socialiste.

Une génération Hollande

Stéphane Bugat ne prend donc pas de risque tout en imaginant des possibles. On retient surtout que le Parti Socialiste est à la croisée des chemins de nombreuses générations. C’est peu dire que François Hollande revient de loin et que le temps ne jouait pas en sa faveur. Y-a-t-il pour autant une génération Hollande ? Difficile à dire aujourd’hui parce qu’elle n’a rien de spontanée. La mitterrandie est encore présente, la génération Jospin est nécessaire parce qu’elle connaît de l’intérieur les rouages complexes de la haute fonction publique. Il faut forcément compter avec ceux qui se sont présentés aux primaires mais aussi avec les élus locaux sur lesquels le parti et François Hollande en particulier se sont appuyés ces dernières années. Ces élus sont enthousiastes au lendemain de l’élection mais rapidement inquiets pour l’avenir. Les Français aiment l’équilibre. A un vote aux élections nationales succède souvent le revers de la médaille d’un vote de l’autre côté aux élections locales. Les prochaines élections locales sont prévues en 2014. Les barons locaux le savent et si certains sont sans doute appelés à un destin ministériel, ils ne peuvent négliger, durant ce temps, leurs ancrages locaux dans lesquels ils se sont investis et ont appris la valeur de l’engagement au service du citoyen