Même s'il faudra attendre le 16 mars pour voir éclore la vraie plateforme mediapart.fr, qui ne nous propose pour l'instant qu'un pré-site, Edwy Plenel et ses camarades n'attendent pas le printemps pour faire parler d'eux. Partout sur le web, et même au-delà, mediapart.fr bourgeonne à vive allure.

Un certain nombre de journalistes ont déjà été séduits par le projet, puisque l'équipe compte déjà 20 membres, et que les soutiens (vidéos, en ligne sur le site) abondent. On trouve par exemple les témoignages de Malek Boutih et de Gérard Noiriel.

Les dernières recrues en date sont assez remarquables - et remarquées : un ex-Le Monde, un ex-Télérama, un ex-La Croix (Vincent Truffy, Antoine Perraud, Pierre Puchot), mais aussi Jade Lindgaard et Sylvain Bourmeau qui quittent les Inrocks pour rejoindre Plenel.

Rappelons-le, mediapart.fr, placé sous le signe du journalisme collaboratif, à pour objet de répondre à une triple crise, économique, journalistique et démocratique. Dans les pages déjà en ligne, on insiste lourdement sur ce dernier point, faisant valoir que la République tente aujourd’hui de "démoraliser le journalisme" dans une tradition toute "bonapartiste". Le ton est donné : il s’agira alors de faires des fidèles de mediapart.fr des "citoyens libres et maitres de leur avenir", et de promouvoir "la liberté et le risque".

Les règles de fonctionnement sont claires : comme chez le psy, il faudra payer – le site sera accessible moyennant un tarif de 9 euros par mois   . Comme au musée, des réductions sont prévues notamment pour les jeunes et les chômeurs. Si l’idée est d’assurer l’indépendance du site, qui veut trouver un public "fidélisé et investi", le choix d’un accès payant est aussi politique : "MediaPart s’avance à contre-courant de la vulgate dominante selon laquelle il n’y aurait qu’un modèle viable sur le Net, celui de l’audience et de la gratuité. D’abord, cette pensée unique repose sur un mensonge : le gratuit ne l’est pas, non seulement parce qu’il est financé par la publicité, mais surtout parce que vous ne cessez de payer, souvent trop cher, les équipements, les abonnements, bref les tuyaux qui donnent accès à ces contenus prétendument gratuits. Ensuite, elle véhicule l’illusion que tout se vaut puisque tout serait gratuit, le meilleur comme le pire, l’information pertinente comme la rumeur infondée. Enfin, dans sa course au plus grand nombre, elle tire vers le bas l’information, l’uniformise et la banalise, la malmène et la dévalorise." Il s’agit donc de créer une véritable référence en termes information, de documents, et de débats – tout cela avec des outils coopératifs en ligne !

Les vidéos aujourd’hui en ligne veulent affirmer une filiation claire avec le journalisme participatif de qualité découvert hors de nos frontières. On parle souvent de ohmynews.com, ce site coréen né en 2000 et dont la devise est "chaque citoyen est un reporter", mais de Wikipedia à Désirsdavenirs, on revendique un héritage web très large. Benoît Thieulin   et sa jeune agence Internet La Netscouade sont d’ailleurs associés au projet.


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Crédit photo : nfotxn /flickr