Un rappel efficace des principales connaissances concernant le logement et l’habiter.

 

Une synthèse complète

 

La Sociologie du logement proposée par Y. Fijalkow est, avant tout, un ouvrage efficace. Publié par les éditions La Découverte, il répond parfaitement aux enjeux éditoriaux de la collection "Repères" : réaliser une synthèse, à jour, sur un sujet précis. Ainsi, l’ouvrage présente, de façon succincte et très didactique, les bases théoriques nécessaires à une réflexion sociologique sur le logement.

Le livre est découpé en plusieurs grands chapitres, dont la progression est linéaire. Les deux premiers montrent comment le logement peut et a pu être l’objet d’une sociologie. Les trois suivants abordent le logement du point de vue de ses différents acteurs, aux premiers rangs desquels les institutions, les entreprises et les ménages. La dernière, enfin, articule le logement et la question de l’habitat. Chacun de ces chapitres est découpé en sous-parties aux titres clairs, qui permettent de trouver facilement une information. L’ouvrage peut ainsi aussi bien être lu linéairement qu’utilisé de façon plus sélective. 

Les éléments présentés par Y. Fijalkow y sont de plus nombreux : l’auteur questionne aussi bien les choix de localisation des ménages que l’impact social des aides publiques. Ce travail repose sur une excellente connaissance de la littérature scientifique. L’ouvrage fait ainsi référence à de très nombreux travaux, à la fois des classiques de la sociologie et des articles très récents, soulevant des questions de recherche neuves ou proposant de nouvelles approches sur des phénomènes connus. Cette précision ouvre au lecteur un champ bibliographique large, lui permettant de poursuivre ses recherches.

 

Un objet complexe

 

L’ouvrage, cependant, traite d’un objet très complexe, que l’auteur choisit, par souci d’exhaustivité, de ne pas restreindre. Bien que Y. Fijalkow se concentre sur l’Europe contemporaine, il ne pose pas de borne spatiale ou temporelle à son étude, évoquant par exemple aussi bien la campagne française que l’habitat kabyle. De même, chaque chapitre de l’ouvrage introduit ses propres problématiques, voire ses propres disciplines : la sociologie des institutions succède à une microsociologie des espaces domestiques, puis s’ouvre sur une anthropologie de l’habiter. La philosophie est abordée, ainsi que l’urbanisme. Chacun de ces éléments est traité avec attention par l’auteur, mais ils ne peuvent bien sûr, du fait de la taille de l’ouvrage, l’être de façon étendue. Certains éléments restent donc esquissés : la quantité d’information, sans nuire à la qualité générale de l’ouvrage, en complexifie cependant l’appréhension. 

Pour l’auteur, ce choix d’exhaustivité se justifie scientifiquement. Il explique en effet que le logement est "un tout indissociable", dont la compréhension nécessite de dépasser " les mécanismes collectifs " et "la posture individualiste"   tout autant que "le processus séparant les métiers et les fonctions"   . Le problème est donc épistémologique : l’analyse exige que l’on puisse séparer différents champs pour les étudier, mais le croisement des approches et la discursivité sont nécessaires pour rendre compte de l’objet. L’auteur parvient, ce faisant, à montrer comment des connaissances pouvant sembler éparses se concentrent, par exemple dans la prise de décision politique, lorsqu’on les analyse à l’aide de l’appareil méthodologique de la sociologie. Ainsi, l’ouvrage présente des savoirs, mais parvient aussi à leur donner un sens.

Cependant, ce livre souffre de certains travers inhérents aux approches des manuels : certaines de ses sous-parties, par souci de clarté, sont peu problématisées, ce qui peut en rendre la lecture peu dynamique. Les passages d’une échelle d’analyse à l’autre sont parfois brusques. La spécificité de l’approche sociologique au regard des différents objets étudiés, enfin, n’est pas toujours explicitée.

 

Des pistes stimulantes

 

Malgré ces aspects, inhérents à une approche très synthétique, cette Sociologie du logement ne se contente pas de récapituler des connaissances. Elle ouvre aussi des pistes de réflexion enrichissantes, qui vont au-delà des grands thèmes généralement abordés dans la littérature. En traitant de ces points parfois très précis ou marginaux, Y. Fijalkow montre non seulement la variété du champ, mais il souligne aussi l’intérêt scientifique que peuvent avoir ces éléments plus marginaux, et comment ils peuvent s’articuler dans un discours global sur le logement.

L’auteur traite, par exemple, du rôle du secteur associatif dans le logement, notamment des personnes les plus fragiles. Ce sujet apparaît comme marginal dans la littérature scientifique, qui n’approche souvent la société civile que du point de vue de ses besoins. De la même façon, l’ouvrage aborde la problématique d’une étude des espaces intérieurs : l’auteur explique par exemple le rôle qu’ont joué le genre et l’individualisation dans l’organisation des pièces et dans leur fréquentation. Ces éléments font de l’ouvrage plus qu’un simple manuel : il apparaît, dans sa diversité tout autant que dans sa cohérence, comme un ensemble de pistes à suivre. L’auteur parvient ainsi à réaliser une synthèse, mais ouverte