Deux décisions judiciaires imminentes pourraient ouvrir la voie à une légalisation du mariage homosexuel sur l’ensemble du territoire américain. En Californie, la 8e cour d’appel pourrait revenir sur la suspension de la proposition votée par les électeurs de l’Etat en faveur du mariage. Un autre litige qui oppose Gill   à l'Office of Personnel Management   doit statuer sur l’inconstitutionnalité du Defense of Marriage Act, une loi qui empêche l’Etat fédéral de reconnaître un mariage autorisé par un Etat particulier. D’après Richard Socarides, ancien conseiller du président Clinton sur les droits des personnes gays, ces deux cas pourraient basculer du côté des partisans du mariage homosexuel. Une telle éventualité, couplée à une évolution rapide de l’opinion américaine, pourrait pousser le président Obama à se déclarer à son tour favorable au mariage gay. En effet, si ce dernier était à nouveau légal en Californie, plus d’un quart de la population américaine y aurait accès dans sept Etats, dont celui de New York, et le District de Columbia. Barack Obama s’est déjà assuré la sympathie d’une grande partie des électeurs gays en supprimant la doctrine du "Don’t ask, don’t tell" dans l’armée. Pour Richard Socarides, le président américain ne prendrait pas un grand risque en soutenant une mesure à laquelle de nombreux électeurs indépendants et jeunes sont déjà favorables. Il redonnerait au contraire de l’enthousiasme à une partie de l’électorat de gauche déçue par sa frilosité politique sur les questions de société, d’environnement ou d’immigration, sans s’aliéner un électorat de droite dure qui lui est déjà très hostile. De surcroît, l’argument de Richard Socarides, lui-même avocat, est judiciaire : si les cours d’appel fédérales se prononcent pour les droits des gays et lesbiennes en affirmant que la Constitution doit permettre un accès plein et entier au mariage civil, Obama devra agir d’après ces jugements. Un président démocrate ne pourrait en effet se permettre de se situer dans le camp opposé aux décisions de la justice fédérale sur les questions de droits civiques. Surtout quand il est un ancien professeur de droit constitutionnel et qu’il croit que la démocratie repose sur la loi, le respect de la Constitution et le jugement des tribunaux. 2012 sera-t-elle une année majeure dans le combat pour les droits des personnes LGBT aux Etats-Unis comme ailleurs ? Ayons "l’audace d’espérer."

* Richard Socarides, "Obama, the courts and gay marriage", New Yorker, 19 décembre 2011.