Le compte-rendu d’un voyage en Patagonie qui, parce que les conversations y sont brèves, superficielles et vieilles de quatre ans, n’apprend rien sur Houellebecq ni ne traite de la singulière “bifurcation” qu’a récemment connue la pensée de l’écrivain.

Michel Houellebecq n’a pas réclamé de dépaysements ni rêvé de pays inconnus. Le narrateur de Plateforme observait dans un sourire : “Comme tous les habitants d’Europe occidentale, je souhaite voyager.” Après la mauvaise réception critique de La Possibilité d’une île et en pleine adaptation cinématographique du livre, Houellebecq accepte l’invitation de l’écrivain, journaliste et professeur brésilien Juremir Machado da Silva, traducteur en portugais de deux de ses œuvres. Sa femme, Cláudia, les accompagne. Ce solitaire qu’on suppose avoir une peur affreuse de la solitude a trouvé ses compagnons de tourisme pour un séjour d’une semaine en Patagonie. “Presque tous les Français qui aiment voyager rêvent de la Patagonie. […] Cela fait partie de notre imagination, de nos mythes, de nos fables modernes, enfin. Je ne sais pas comment cela a commencé, ni quand, mais c’est comme si nous étions à l’extrême, à la limite, à la fin de tout, n’ayant rien à atteindre de plus après”   . La Terre de Feu, c’est un peu l’équivalent du Cap Cod pour Thoreau, de l’Irlande pour Michel Djerzinski, personnage des Particules élémentaires, la “pointe extrême du monde occidental […] où le ciel, la lumière et l’eau se confondent”. Lieu des confusions, la “fin de tout” indique la dissolution dans le grand Tout, le principe d’Harmonie fantasmé des personnages de Houellebecq à quoi l’amour, l’“amour partagé”, semble la seule voie d’accès…

Vers la fin de tout, on s’y précipite inévitablement, dans l’indifférence ou l’euphorie générale. C’est l’idée de quelques penseurs et, pour le roman, de Houellebecq en particulier. Quelque chose s’éteint, ou meurt, dans les sociétés occidentales. Là-dessus, les tenants de l’optimisme con – comme dirait l’écrivain – s’indignent, insultent : “pornographe”, sans voir que le sexe dans l’œuvre de Houellebecq est rarement négatif ; ou encore : “prophète de malheur, réactionnaire” ! Passons sur l’oxymore qui, tout de suite, annihile complètement l’injure. Houellebecq tire la morale du roman non pas de l’inscription de son œuvre contre le progrès du monde mais au-devant de celui-ci : il l’anticipe, ce progrès du monde. L’écrivain, qui se tient à “distance critique” de l’humanité, l’a déduit de l’observation sociologique et d’une lecture, entre autres, fondamentale : celle d’Auguste Comte. L’œuvre entière de Houellebecq reprend les principes positivistes mais contient, dans le même temps, leur critique. Pour lui, le progrès prend le caractère d’un long et pénible délitement…

Le projet de Juremir Machado da Silva est d’écrire “l’histoire d’un voyage à l’intérieur d’un homme”   . Soyons immédiatement clairs : on n’apprendra strictement rien ici qu’une lecture superficielle de l’œuvre de Houellebecq ne nous ait déjà enseigné. C’était bien la peine de voyager si loin pour en savoir si peu. De l’homme, on aura aussi le portrait attendu : mutisme, banalités, rares fulgurances… Évidemment, le moindre borborygme, la plus petite sécrétion dans le mouchoir continûment placé sur le nez, la fréquente gêne qu’entraîne le dysfonctionnement de la fermeture Éclair d’une parka, tout manifeste le génie du grand enfant, sorte de nerd à sac à dos et Macintosh, autiste visionnaire. Tout cela est sans intérêt, vraiment. On comprend que Houellebecq n’y ait rien trouvé à redire (sauf sur un point : “Tu me prêtes des projets sexuels que je n’avais pas”).

Comme Louis XV dont Tocqueville nous dit qu’il descendit “lui-même avec sa cour dans la poussière”, l’esprit supérieur de l’écrivain ravalé dans l’être le moins pittoresque, l’homme le plus banal, celui qui a fondé son œuvre romanesque sur le caractère extraordinaire de la banalité du monde… Qu’il s’arrête quelques secondes devant leur chambre d’hôtel, marmonnant, hésitant, il n’en faudra pas plus à Juremir et sa femme pour se figurer qu’il désire dormir avec eux, entre eux, lové comme un tout petit enfant, un chien “triste et maigre”. Le génie au milieu d’eux, dans la poussière des acariens du matelas… Ils sont si réjouis qu’ils en font l’amour ! “comme […] des personnages de Michel Houellebecq. Enfin, deux particules élémentaires” !   . Il est “attendrissant”, prenons-le sur nos genoux ! “Quelle chose extravagante de passer ainsi, du rien au tout, sans cesser d’être rien après avoir atteint tout ce que, quasiment tous, nous recherchons”, résume plus loin Machado da Silva en une formule inutilement complexe   .

C’est donc au Houellebecq médiatique que nous avons ici affaire. Au “moi social” qui cache le “moi profond” dont il était question dans Ennemis publics, la correspondance avec Bernard-Henri Lévy   ; enfin, surtout, qui immerge l’œuvre de l’écrivain, sa pensée, c’est-à-dire ce qui nous intéresse vraiment. L’ami brésilien s’interroge sur la part biographique des romans de Houellebecq comme, il y a deux cents ans, on cherchait déjà Constant dans Adolphe. “On ne sait jamais, remarque-t-il en vain, si ses personnages reflètent ses pensées et racontent sa vie, ou s’ils nous induisent en erreur, nous déconcertent et nous choquent à partir d’un inextricable mélange de vrai et de faux, d’autobiographie et de fiction…”   . Quelle importance ?

Entre autres activités touristiques, Michel Houellebecq boit un vin argentin baptisé Fin del Mondo, se soûle, imite quelques personnalités publiques, parle de loups marins et de pingouins en des pages qui fascinent étrangement une partie de la critique littéraire. Mais de littérature, il en est peu question et toujours de façon laconique. De toute façon, la conversation se prête peu à l’appréhension de la pensée d’un auteur, dans sa profondeur et sa complexité. Au reste, l’ami brésilien n’est sans doute pas l’interlocuteur idéal et Houellebecq a, de son côté, déjà reconnu qu’il n’était pas très brillant pour la conversation. Cette appréhension ne se prête, en vérité, qu’à la littérature elle-même. Retournons donc aux textes à partir d’un échange superficiel et bref d’En Patagonie avec Michel Houellebecq   :

“ – Tu crois vraiment au positivisme de Comte, à toute cette histoire de stades, enfin, ce truc que l’humanité va surmonter le stade théologique, tout comme la métaphysique, et atteindre le stade positif, scientifique ?
– Bien sûr. Les faits le montrent.”

Nous y voilà. La matrice de la pensée de Houellebecq, le “troisième état” à venir. C’est par une étrange coïncidence que l’ami brésilien, dont la question à Houellebecq en plein ciel, en pleine nuée, entre Buenos Aires et Ushuaïa, suscite notre réflexion, soit un ressortissant du pays qui a pris pour devise le principe de Comte : “Ordre et Progrès” – en ayant soin de “guillotiner” le terme “amour” qui complétait la Sainte Trinité dans la devise originelle du philosophe, comme nous le rappelle Machado da Silva. Auguste Comte, donc, d’abord jeune secrétaire et disciple du comte de Saint-Simon, jusqu’au jour où il estime que la philosophie de son maître n’est qu’une “misérable parodie du christianisme”… Il s’évertue ensuite à en chasser les chimères avant de sombrer, à la fin, dans le théophilanthropisme qu’il lui reprochait.

Auguste Comte, théoricien de la loi des “trois états” : le théologique, le métaphysique et le positif, duquel il se pensait contemporain au premier tiers du XIXe siècle. Telle est sa “gigantesque erreur d’appréciation historique”, selon Houellebecq   . Si Dieu était effectivement moribond, Comte avait un peu trop vite enterré les préoccupations métaphysiques de l’être humain. En somme, ses écrits sur l’ère positiviste furent moins des observations factuelles que des visions. Comte prédisait l’avenir : aujourd’hui, les ultimes résidus métaphysiques sont en voie de liquidation, la question du sens est morte. Nous sommes en chemin vers le troisième état de l’humanité, l’état scientifique, et tout l’effort des romans de Houellebecq, notamment des Particules élémentaires et de La Possibilité d’une île, est de faire les présentations. C’est pourquoi le monde dans lequel évoluent les personnages de Houellebecq n’est pas immédiatement contemporain. Sans être toujours explicitement futuriste, il n’est pas même un monde réaliste. Il est une sorte d’extrapolation, de loupe portée sur un point extrême de la réalité étendue à l’univers infini du roman – on pourrait aussi l’écrire des œuvres de Sade et Kafka.

En chemin vers le nouveau stade de l’humanité, c’est d’abord, comme corollaire de l’abandon de la quête du sens, la fin de la recherche des causes par l’homme du futur : l’état positif de l’humanité se borne à l’étude des phénomènes et de leurs relations. Sans aller jusqu’à le relier au positivisme de Comte comme ici, Muray écrivait : “À l’intérieur même du récit, comme d’une façon plus générale à la surface de la terre, les liaisons causales se sont évanouies”   . C’était aussi une belle explication de l’utilité du point-virgule, bourreau des corrélations, en direction des imbéciles qui disent encore que Houellebecq n’a pas de style. Aujourd’hui que l’objet du roman est la poésie, il faut être “povoîte” ou rien du tout…

L’homme du futur, dont quelques exemples se retrouvent dans les livres de Houellebecq et, probablement, ici ou là dans le monde concret, individus discrets mais en voie de généralisation, l’homme du futur se désagrège lentement, seul, dans l’horrible conscience de sa lente désagrégation. Les moments bienheureux où cette conscience s’oublie elle-même sont ceux de l’extrême tension provoquée par le plaisir sexuel, qui entraîne sa rupture. Lorsque Daniel, dans La Possibilité d’une île, perd sa virginité avec une jolie brune qu’il a fait rire, il décide de sa vocation d’humoriste. Mais dans un monde régi par d’impitoyables lois biologiques, le moment où rompt la conscience est réservé : comme au “bal des gamètes”, progestérone, œstradiol, sécrétions des ovaires vont déterminer les attraits de la jeune Annabelle des Particules élémentaires, déterminer son positionnement sur le marché très compétitif de la séduction. Enfin, ça n’est pas joué pour autant : bien que génétiquement programmée pour plaire, les choses “ont merdé” tout de même pour la belle Annabelle. La faute aux hommes sans amour, infidèles, obsédés parce que pétris de “la sensation […] flasque du vieillissement”. Auguste Comte aussi était un adepte du culte de la femme ; ce principe est essentiel chez Houellebecq, même s’il lui arrive d’ironiser là-dessus. La femme, que sa faiblesse constitutive rend plus encline au sacrifice, reste “la seule trace de dévouement et d’altruisme” au milieu du “carnage permanent”, de la “répugnante saloperie” de la Nature et de ses lois.

L’avènement de la science – notamment la confirmation du sentiment d’Aldous Huxley que la biologie supplanterait la physique dans l’évolution des sociétés occidentales –, la fin de l’étiologie, le culte de la femme, à quoi on peut ajouter la tendresse envers les animaux… Autant de thèmes positivistes présents chez Houellebecq. Mais s’il est un écrivain à l’esprit positif, ce caractère, sans doute fondamental, reste loin de définir entièrement sa pensée. Y a-t-il lieu de se réjouir de la venue de l’âge positif ? On a beaucoup écrit que le misanthrope Houellebecq croyait en l’avènement d’un monde meilleur par les sciences ; un monde débarrassé de l’espèce humaine : c’est quand l’homme aura dissolu ce qui fait de lui un homme – la conscience de sa mort et son érotisme – dans l’immortalité qu’il sera véritablement heureux. Tel est le sens des travaux de Michel Djerzinski, le chercheur en biologie moléculaire des Particules élémentaires, artisan de la “troisième mutation métaphysique” après le christianisme et la science moderne ; le sens de ses calculs pour la création d’un être asexué dont les cellules se répliqueraient indéfiniment, le garantissant de la mort.

L’humanité devait disparaître ; l’humanité devait donner naissance à une nouvelle espèce, asexuée et immortelle, ayant dépassée l’individualité, la séparation et le devenir. De cette pensée, En Patagonie avec Michel Houellebecq ne nous permet pas de sonder la profondeur. À l’image de ces glaciers patagoniens à la dérive que contemplent l’écrivain, l’ami brésilien et sa femme, seule une infime partie, à peine un indice, émerge… “La science remplacera Dieu avec un meilleur résultat, je veux dire, sans les effets pervers de la religion”, dit Houellebecq en Patagonie   ; et plus loin : “Dans le futur, comme je l’ai déjà expliqué, une religion compatible avec la science et la physique quantique, basée sur l’altruisme et la morale, organisera la vie des hommes. Il y aura une nouvelle ontologie.” C’est-à-dire l’établissement d’un positivisme religieux. Les Particules élémentaires, La Possibilité d’une île allaient, bien sûr, dans ce sens, avec une évolution quant à la place de l’élément religieux : introduit dans l’épilogue du premier de ces deux livres, sous la forme de l’intégration de certains éléments du New Age, il sert de base au succès de l’Église élohimite dans le second, avant d’être peu à peu évacué par la nouvelle humanité. Subsiste, pourtant, un regret. Le regret de l’amour, le mythe du “tout complet” d’Aristophane dans Le Banquet… Nous voilà revenus à l’idéal d’Harmonie après un long détour par la biologie, le déterminisme, le rationalisme. Là est la contradiction qui noue l’œuvre romanesque de Houellebecq, qui fait une grande partie de son intérêt.

Cependant, il s’est produit un changement notable dans la pensée de l’écrivain depuis ce voyage en Patagonie, qui date d’il y a quatre ans. Si brefs et superficiels soient-ils, les échanges entre Machado da Silva et Houellebecq sur les idées de l’écrivain sont donc sujettes à caution, car elles ont, en partie, été reconsidérées depuis. Déjà, l’année suivante, en 2008, vers la fin de sa correspondance avec Lévy, Houellebecq constatait que sa soumission sans réserves à la raison ne lui avait pas apporté de grandes joies : “Il serait peut-être temps, moi aussi, que je prononce mes adieux à la raison. Raison qui ne m’a servi à rien, qui ne m’a jamais permis de produire une ligne, qui n’aura fait toute ma vie que me tourmenter par le caractère désespérant de ses conclusions.”

Auguste Comte achevait le positivisme dans une folle explosion spiritualiste, la “mission finale pour le service fondamental de la grande régénération humaine”. Au milieu de tout ça, l’internement à Charenton, les étranges pseudonymes “Docteur Medicus”, “Brutus Bonaparte Comte”, le plongeon dans la Seine en 1827… Houellebecq ne prend pas ce chemin. La raison peut bien déboucher sur l’“aporie constitutive”   , l’expérience et la preuve restent les seuls principes auxquels se soumettre puisqu’ils n’ont “jamais trahi l’homme”   .
La question de la conversion au catholicisme est cependant évoquée dans la correspondance avec Lévy, pour être finalement rejetée – si Houellebecq a bien une certitude, c’est que Dieu n’existe pas. Mais elle est tout de même posée ; de même que l’écrivain est conscient qu’en se coupant de toute religion, la société se suicide. L’échec de Comte est, à ce titre, d’avoir négligé l’idée de vie éternelle dans la nouvelle religion qu’il voulait établir, à quoi il substituait une “survie théorique dans la mémoire des hommes”. De toute évidence, c’était insuffisant. L’Église élohimite répare cet oubli en fondant sa doctrine, comme l’ont fait toutes les religions monothéistes avant elle, sur la victoire contre la mort. Car l’homme a eu beau se débarrasser du “dogme flétri” – comme dirait Comte – des vieilles religions, il a gardé au fond de lui la nostalgie de la vie éternelle… “Il était prêt, moyennant n’importe quelle explication un tant soit peu convaincante, à se laisser guider par une nouvelle foi”, est-il écrit dans La Possibilité d’une île. À la fin du récit, Daniel25, le néo-humain, “regrette” l’absence de Dieu.

Le dernier roman de Houellebecq, La Carte et le Territoire, poursuit la réflexion sur le retour du religieux. Houellebecq, personnage du roman, s’y convertit au catholicisme. Bien entendu, cette conversion opérée dans le cadre fictionnel du roman interdit de penser qu’elle sera un jour effective pour l’écrivain   ; mais elle indique un regret. Regret qui confine à la régression : Houellebecq personnage passe son temps au lit à regarder des dessins animés sur Fox TV. Il prononce des mots étranges, inconnus… babillages, glossolalies à la Artaud… Puis il finit par racheter sa maison d’enfance dans le Loiret pour y dormir dans son lit d’enfance.

Dans La Carte et le Territoire, Houellebecq revient également sur quelques-unes des idées fortes de son œuvre. La conviction, par exemple, qu’il existe une forme de bonheur possible dans la société de consommation. À la suite de Georges Perec et Les Choses, le personnage de Djerzinski, dans Les Particules élémentaires, accueillait “avec joie le retour des quinzaines italiennes dans son Monoprix de quartier […]. Dans tout cela, il pouvait y avoir un bonheur…” Ce n’est plus le cas dans La Carte et le Territoire, où la production des “trois produits parfaits”, qui apportaient un peu de joie dans la vie de Houellebecq personnage a été brutalement interrompue suite à la décision unilatérale d’une industrie autoritaire. Considérant l’humain comme un “produit culturel”, Houellebecq semble mettre en doute ce qui avait été jusqu’ici une autre idée forte : nous serons, à l’image de ses produits préférés disparus, “frappés d’obsolescence” à ceci près que, dans notre cas, “il n’y a pas, en général, d’amélioration technique ou fonctionnelle évidente”. Autrement dit, pour Houellebecq personnage l’hypothèse d’un Michel Djerzinski ou d’un Slotan Miskiewicz inventant le clonage humain est devenue inconcevable au sein même de la fiction. Voilà qui indique un changement notable, une “bifurcation” singulière dans l’œuvre de l’écrivain jusqu’ici marquée par la tension entre progrès et regret. “Je ne connaissais pas la peur, et si j’étais accessible à la souffrance je n’éprouvais pas toutes les dimensions de ce que les humains appelaient le regret. Ce sentiment existait en moi, mais il ne s’accompagnait d’aucune projection mentale […]”, constatait le néo-humain de La Possibilité d’une île. Le regret était déjà là, pur de toute motivation, de tout objet ; comme viscéral. À la fin, le regret, peut-être, aurait-il fini par l’emporter sur l’homme du futur au cœur harmonieux, affranchi du sexe et de la mort ?