Pour son premier numéro, la revue "Participations" se penche sur l'état de la recherche en matière de démocratie participative, abordant ainsi des enjeux d'une grande actualité appelés à nourrir la reflexion en cours sur l'avenir des pratiques démocratiques.

La question de la participation citoyenne aux prises de décisions collective tend à s’affirmer depuis ces dernières décennies comme un des mouvements de fond appelés à modifier durablement la pratique démocratique. Remis directement en cause dans le débat public, le modèle strictement représentatif montre certains signes d’épuisement. Dans le même mouvement l’idéal démocratique tend à recouvrir de nouvelles attentes, de nouvelles revendications, de nouvelles pratiques allant dans le sens d’une participation accrue des citoyens aux prises de décision. Au-delà du seul domaine politique, l’empreinte de la logique participative est sensible dans l’ensemble des relations sociales, en milieu associatif, au sein de mouvements de contestation sociale comme dans le monde de la recherche ou de l’entreprise.

La naissance d'un champ de recherche spécifique

A l’extension d’une praxis et à "l’inflation" d’un thème correspond la naissance d’un champ de recherche spécifique et ce champ de recherche a désormais sa revue : Participations dont le premier numéro paraît en ce mois d’octobre. Soutenue par le Groupement d’intérêt scientifique "Participation du public, décision, démocratie participative" du CNRS, Participations, première revue francophone sur la question, a pour ambition de contribuer à "l’étude plurielle de la démocratie participative mais aussi de la participation politique et sociale au sens large".Son parti pris est celui de la transdisciplinarité. Il s’agit en effet de saisir les dynamiques de fond liées à une notion déjà étudiée dans des disciplines distinctes et diverses telles que la science politique, l’urbanisme, la sociologie, le droit, etc. où elle ne jouit d’ailleurs pas toujours du même degré de légitimité académique.

A la variété des approches scientifiques correspond la pluralité des angles de vue. Envisageant la notion de participation de manière globale, la revue prend acte de son ambivalence. Invoquée au sein de mouvements de contestation sociale, la participation est aussi un outil au service de pratiques managériales ou gestionnaires. Elle peut entrainer un repli sur l’individu comme être le ferment de nouvelles formes d’action collective, associer gouvernants et gouvernés ou délimiter leur latitude respective d’intervention dans la prise de décision publique, servir un objectif de consensus ou ouvrir un espace d’expression aux divergences de vue.

Rhizome

Pour son premier numéro, la revue Participations est consacrée à l’état de la recherche en matière de démocratie participative, reprenant les huit contributions présentées lors du Congrès du Groupement d’intérêt scientifique qui se tiendra du 18 au 21 octobre. La recherche sur la notion de participation démocratique y est présentée comme prenant la forme d’un rhizome, forme révélée par la constellation de références et de champs d’étude convergents. De l’urbanisme à la contestation sociale en passant par la protection de l’environnement, le numérique, l’évolution des politiques publiques et du droit, la question de la participation citoyenne est associée contribution après contribution à  l’ensemble des grands chantiers qui s’ouvrent à l’idéal démocratique.

On ne peut que saluer l’ambition d’une telle revue. L’opportunité de son lancement paraît manifeste, ses contributeurs rappelant que depuis les années 1970, les avancées scientifiques sur la question de la participation sont concomitantes des périodes de forte contestation sociale. Les mutations de la démocratie contemporaine mises en perspective par Pierre Rosanvallon dans un long entretien conclusif méritaient un traitement particulier, à même de prendre en compte des évolutions extérieures à la seule sphère politique. Transdisciplinaire, à vocation internationale Participations est susceptible de saisir dans sa globalité la puissance des changements en cours.

Allan Kaval