Wan Yanhai est médecin et directeur de l’Institut Aizhixing de Pékin, la plus grande organisation indépendante de lutte contre le SIDA en Chine, créée en 2002. Il s’est formé aux problématiques de santé publique dans les années 1980. En 1994, il a créé à Pékin le Aizhi Action Project, une ONG pour la sensibilisation au virus du SIDA et aux droits de l’homme. De plus, il a joué un rôle essentiel dans la dénonciation du scandale du sang contaminé dans la province de Henan au milieu des années 1990, qui fit des dizaines de milliers de victimes du SIDA. Il créa alors un comité chargé des demandes d’indemnisations des personnes touchées suite à des transfusions sanguines, et monta un groupe de travail pour les droits à l’éducation des personnes malades. Il devint aussi un défenseur des droits des personnes gays et lesbiennes au début des années 1990, ce qui lui valut d’être licencié de l’administration de santé publique. Il a été un porte-parole majeur de la campagne pour faire déclasser l’homosexualité de la liste des "maladies mentales", qui s’est achevée avec succès en 2001. Wan Yanhai a été détenu par les autorités chinoises à plusieurs reprises pour ses activités militantes depuis le début des années 2000. En mars 2010, le gouvernement a mis en application des mesures qui imposent une surveillance très stricte sur les ONG qui acceptent des dons de l’étranger. Seules les ONG liées au gouvernement échappent à ces mesures. En mai 2010, sous les pressions répétées du régime, Wan Yanhai a été forcé de s’exiler avec sa famille pour s’installer sur la côte Est des Etats-Unis. Il poursuit désormais ses activités dans le monde entier. Il a aussi fait partie de la délégation qui a assisté à la cérémonie de remise du prix Nobel de la Paix à Liu Xiaobo en octobre 2010, alors que ce dernier était toujours privé de liberté en Chine. C’est à Paris que nonfiction.fr a pu le rencontrer en mai 2011.

 

Nonfiction.fr- Pouvez-vous nous décrire brièvement l’histoire de Aizhixing ?

Wan Yanhai- Aizhixing a été créé il y a dix-sept ans, d’abord pour financer des projets et créer un réseau informel. Ce n’était pas structuré initialement. A partir de 1998, j’ai lancé un site Web. En 2002, nous avons monté une équipe et ouvert un nouveau site aizhixing.net, avant de lancer aizhixing.com et aizhixing.cn. Aujourd’hui, nous formons une équipe de 15 personnes. Entre 2004 et 2009, nous étions capables de soutenir entre 30 et 40 autres organisations. Parmi les ONG chinoises, nous sommes une ONG importante.

Nonfiction.fr- A titre personnel, comment avez-vous été sensibilisé au problème social du SIDA ?

Wan Yanhai- J’ai une formation de médecin, j’ai étudié les problèmes de santé mentale et de santé publique à Shanghai, et j’ai beaucoup lu, des livres de philosophie, de psychologie, etc. Il y a deux ans, en allant à l’Ambassade de France à Pékin, je me suis rendu compte combien de philosophes français j’avais lu ! Le Deuxième Sexe de Simone de Beauvoir ou Auguste Comte, par exemple.

Nonfiction.fr- Votre intérêt pour le sujet est donc venu des livres et des idées, mais également d’une pratique du terrain ?

Wan Yanhai- A partir de 1986, on pouvait se procurer de nombreux nouveaux livres en Chine, et il y eut de nombreux débats dans le milieu étudiant. Je me suis intéressé aux questions de sexualité, de psychologie et de politique à cette époque.

Nonfiction.fr- Personne ne voulait alors parler du SIDA en Chine ?

Wan Yanhai- C’est vrai. Dans le champ médical, certains connaissaient le virus mais ne se rendaient pas compte de ce que cela impliquait en Chine. J’ai toujours eu une approche pragmatique de cette question. En 1987, le gouvernement chinois a lancé une campagne pour dire qu’il empêcherait le SIDA de venir jusqu’en Chine. Pour cela, il comptait arrêter l’importation de sang étranger dans le pays et faire des prises de sang aux étrangers. Je disais alors à mes patients : "C’est ridicule, les Chinois sont comme tout le monde ! Ils peuvent aussi avoir des problèmes liés au sang."

Nonfiction.fr- Le SIDA était donc rejeté comme un fléau étranger. Le nationalisme dictait cette vision, mais le SIDA n’était pas non plus perçu comme un enjeu de santé publique ?

Wan Yanhai- Dans les années 1980, les médecins chinois n’avaient aucune formation de santé publique, de sociologie ou d’épidémiologie. La formation médicale était inspirée du modèle soviétique, très top-down, et sans interdisciplinarité. C’était plus du bachotage qu’une formation à exercer son esprit critique. Au sein du ministère de la Santé, il n’y avait aucune communication entre les différents secteurs. Des spécialistes de maladies infectieuses pouvaient par exemple n’avoir aucune connaissance des addictions aux drogues. Ce qui donnait du crédit au discours qui affirmait qu’il n’y avait pas d’homosexuels ou de consommateurs de drogue en Chine, mais que de bonnes valeurs traditionnelles.

Nonfiction.fr- Ce qui est étonnant, c’est qu’on croirait qu’un régime communiste comme la Chine aurait pu cultiver l’idée de santé publique si ce n’est son application concrète auprès de la population ?

Wan Yanhai- Dans le système chinois, il y avait en effet certains enjeux de santé publique que le régime prenait en charge par de grandes campagnes de propagande. Ensuite, c’est le gouvernement qui a l’argent pour faire face à ce genre de problèmes. Sur les problèmes de MST, il a toujours eu une ligne très dure : dans les années 1960, le régime a annoncé publiquement qu’il allait éradiquer les MST. La prostitution comme l’usage de drogues étaient aussi des "maladies sociales", éradiquées par le parti. Voilà ce qu’était la santé publique !

Nonfiction.fr- Evidemment, le terme d’éradication est très fort, puisqu’il ne s’agit pas seulement d’une éradication au sens médical de la disparition de microbes nuisibles mais d’une pratique sociale. Pensez-vous que ce type d’idées a incité la population à ne pas réfléchir à ces enjeux ?

Wan Yanhai- Je crois que la société chinoise dans son ensemble est totalitaire au sens où les gens sont incités à penser la même chose, à porter les mêmes vêtements, à ne pas cultiver de fleurs dans leurs jardins et à vivre sous contrôle. Le communisme impose une vision des choses en noir et blanc. La santé publique et les questions de moralité qui y sont liées en pâtissent donc. Le régime ne peut accepter la mise en place de structures pour lutter contre le SIDA car reconnaître ce problème serait un aveu d’échec du socialisme.

Nonfiction.fr- Pensez-vous qu’il y ait tout de même eu une prise de conscience depuis vingt ans au sein de la société civile ?

Wan Yanhai- Dans les années 1980, les professionnels de la santé ont pris connaissance du problème mais il n’y avait aucun débat public. A la fin de la décennie, lorsque le régime a commencé à réprimer les revendications démocratiques à travers le pays, il mettait les problèmes de corruption, de prostitution, de crime, tout ce qui pose problème dans une société, sur le compte de l’intrusion du capitalisme. La sensibilisation à la lutte contre le SIDA est donc devenue une arme de lutte politique.

Nonfiction.fr- La rhétorique du régime a donc retardé la prise de conscience ?

Wan Yanhai- Oui, le gouvernement sait qu’il y a un problème, mais il n’admet pas sa portée épidémiologique.

Nonfiction.fr- Comment le régime mesure-t-il la diffusion du virus ?

Wan Yanhai- En fait, les tests médicaux les plus courants ne comprennent pas le test du SIDA. Seuls les fonctionnaires sont contrôlés, et il y a eu des cas de fonctionnaires qui n’ont pas pu travailler dans des écoles ou dans l’administration parce qu’ils étaient séropositifs. Il faut bien comprendre comment fonctionne la bureaucratie chinoise.

Nonfiction.fr- Comment cette bureaucratie voit-elle l’individu ?

Wan Yanhai- La compétence des fonctionnaires dépend de leur efficacité à servir le régime, l’être humain n’est jamais la fin du socialisme dans ce régime, mais toujours un outil. La Chine a créé une société dans laquelle la santé physique est un gage de vertu pour la cause du socialisme. Si vous avez des faiblesses, vous n’êtes pas utile au régime. Même dans une entreprise, vous êtes surtout un fardeau.

Dans le système de santé publique, il y a deux formes de dépistage : l’un est obligatoire, l’autre est facultatif. Le dépistage est obligatoire dans les camps de travail ou dans les cliniques pour des personnes atteintes de maladies sexuellement transmissibles (MST). Il est facultatif dans les hôpitaux où les gens peuvent se rendre volontairement. C’est un système très complexe.

Nonfiction.fr- Dans ce contexte, quel fut votre rôle ?

Wan Yanhai- Après mes études, j’ai travaillé pour l’administration de santé publique. Il y avait un débat pour savoir si on devait adopter des méthodes top-down ou bottom-up en santé publique. A l’époque, je militais beaucoup, je suis arrivé à Pékin en avril 1988 et j’ai manifesté à Tiananmen en1989. Avec des amis psychologues, nous avons monté une hotline d’assistance aux personnes aux penchants suicidaires, ce qui fut une bonne expérience. J’avais beaucoup lu mais je n’avais jamais eu l’occasion de confronter mes réflexions à celles des autres et d’en discuter ouvertement. Le fait de parler aux autres, de découvrir d’autres points de vue, et de pratiquer la psychologie concrètement fut très utile à ce moment-là.

Même après la Révolution culturelle, les gens croyaient que le Parti communiste ou l’armée faisaient partie du peuple, qu’il n’y avait aucune distinction. C’est en fait la répression de Tiananmen qui a conduit certains à exercer leur autonomie de pensée et leur sens critique, à partir de leurs expériences personnelles.

Nonfiction.fr- Vous pensez donc que la première décennie de réformes s’est faite dans le cadre de l’idéologie communiste. Il a fallu attendre Tiananmen pour libérer la pensée de cette idéologie ?

Wan Yanhai- Oui, il y avait plusieurs raisons à cela, le développement économique, les guerres, les mouvements migratoires dans et en dehors du pays. Tiananmen a créé une conscience individuelle. C’est à partir de ce moment-là que des émissions de débat ou des hotlines à caractère sexuel se sont développés. Le système a commencé à se libéraliser. Le gouvernement a toléré dans les années 1990 des initiatives individuelles non-politiques. Il se posait au moins des questions sur ce qu’il fallait tolérer. Ce qui nous a permis de développer un mouvement dans la société civile à partir de la notion d’intérêts. Si vous parlez de droits de l’homme en Chine, le gouvernement le percevra comme une menace, si vous parlez d’intérêts des gens, il est possible de se faire entendre.

Nonfiction.fr- Et comment a émergé Internet dans ce contexte ?

Wan Yanhai- Le jour où on m’a parlé d’emails et d’ordinateurs, je n’ai pas vraiment compris à quoi ça servait, et comme il était difficile de s’en procurer, j’ai préféré me contenter d’une machine à écrire. Un an plus tard, j’ai compris l’utilité d’un ordinateur ! Puis des étudiants que je fréquentais m’ont donné accès à des ordinateurs de leur université où je pouvais envoyer des emails. Auparavant, je pensais qu’un email n’apportait rien de plus qu’une lettre envoyée par la poste.

Nonfiction.fr- Dans son livre Internet et la Chine, Pierre Haski a très bien montré que le développement technique d’Internet en Chine s’est accompagné d’un contrôle politique accru du gouvernement. Ce paradoxe évolue-t-il aujourd’hui ?

Wan Yanhai- Oui, au départ, le gouvernement chinois contrôlait assez mal Internet. Il se concentrait sur des sites Web connus mais les gens, individuellement, pouvaient créer des petits sites. Jusqu’en 2002, Internet était plus ou moins toléré. Ensuite, le régime a compris qu’Internet pouvait jouer un rôle de critique sociale. Cependant, encore maintenant, des militants ne comprennent pas l’utilité de cet outil. Et de nombreux dissidents sont pauvres et n’ont pas les moyens de se connecter à Internet.

C’est vraiment à partir de 1997 que des sites importants de dissidents ont été lancés et ont pu diffuser des contenus critiques du régime en place. Dans les cercles auxquels j’appartenais, on a commencé à monter des groupes de contacts par emails, puis on a lancé un site en 1998. Cela nous a clairement permis de nous rendre visibles et d’être reconnus en Chine.

Nonfiction.fr- Aujourd’hui, quelle est l’utilité d’Internet en tant qu’outil politique ?

Wan Yanhai- Internet est un outil politique à la fois pour des gouvernements et pour la société civile. Ce qui compte aujourd’hui, c’est le timing. Un mois, un an peuvent changer le cours de l’histoire. De nombreux avocats ou activists sont très efficaces pour monter des réseaux politiques, ils ont plus de difficultés à créer des communautés et des liens avec le grand public. Certaines ONG sont aussi très bien organisées, sans avoir des objectifs politiques explicites. Elles servent au moins de plateformes pour réunir des personnes qui ont des intérêts communs et pour échanger des idées. En un sens, elles ont permis de faire émerger une communauté politique, et servent de base à l’action politique concrète. Ainsi, d’un côté, il y a les activists, très engagés et très courageux dans leur démarche, mais ils sont très loin des gens. De l’autre, il y a des organisations sociales, des travailleurs sociaux ou des volontaires qui travaillent avec la population. La plupart des activists suivent ce qui se passe sur Internet mais n’y concentrent pas leurs efforts. Toute notre problématique est de créer des liens entre les activists et les travailleurs sociaux.

Nonfiction.fr- Comment définiriez-vous vos propres activités ? Sont-elles politiques ou sociales ?

Wan Yanhai- Je crois qu’il y a trois enjeux majeurs : la vie quotidienne des gens, les droits de l’homme et la démocratie. Nous nous concentrons surtout sur le premier, en essayant de défendre les intérêts des gens et de les rattacher à leurs droits. Nous soutenons la démocratie mais ne formons pas un mouvement militant pour la démocratie. Par exemple, nous avons récemment décidé de faire de la pédagogie auprès des personnes que nous aidons au sujet de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme. Et nous encourageons les gens que nous aidons à participer à nos activités. Nous venons en aide aussi bien à des personnes séropositives qu’à des hémophiles, des malades de l’hépatite C, des gays et lesbiennes, des personnes issues de minorités ethniques, ou des toxicomanes. Nous proposons à toutes ces personnes de rejoindre notre mouvement. Il y a quinze ans, nous avons par exemple lancé un appel public pour que toutes les personnes concernées par ces problèmes nous rejoignent.

Nonfiction.fr- Depuis votre départ forcé de la Chine, il y a plus d’un an, comment faites-vous pour poursuivre vos activités ?

Wan Yanhai- Je travaille essentiellement sur Internet depuis les Etats-Unis, surtout pour lever des fonds. Tous les soirs, je parle avec mes collègues en Chine sur Skype. J’organise et j’anime des communautés sur le Web, et je dialogue avec de nombreux partis politiques à travers le monde. Mon objectif majeur est d’ailleurs de créer un parti en dehors de Chine. Je crois que je peux trouver les moyens d’y parvenir. Je fais ce travail de grassroots activism depuis plus de vingt ans. J’ai toujours entretenu ce dialogue avec des militants dans et en dehors du régime. Mon activité devient surtout politique lorsque je dois me défendre de la répression du régime. Lorsqu’il nous attaque, je n’hésite pas à lui répondre. Mon souci depuis que je suis en exil est évidemment la sécurité de mes collègues restés en Chine.

Nonfiction.fr- Vous vous êtes donc politisé depuis que vous êtes en exil ?

Wan Yanhai- Non, j’ai toujours été en contact avec des partis démocratiques à l’étranger, des diplomates étrangers ou des ONG, comme Human Rights Watch ou Amnesty en Chine. A partir de 2004, le mouvement des droits de l’homme a commencé à se structurer en Chine. Et je l’ai aidé à se former et à lever des fonds. J’ai aussi mis en contact des activists qui sont en Chine et d’autres qui sont à l’étranger. J’agis comme un consultant et un intermédiaire parfois. Je défends aussi l’idée que tant que la Chine n’aura pas plusieurs partis, le travail des ONG sera menacé, car le gouvernement le percevra comme une menace. C’est assez simple en fait : le multipartisme est la condition du développement de la société civile.
En 2009, le gouvernement a fait passer une loi destinée à faire des ONG un outil de soft power pour la diplomatie chinoise. J’ai toujours expliqué que si le gouvernement veut que les ONG soient un élément de leur soft power, il faut accepter leur indépendance. Deuxièmement, ils doivent tolérer leur regard critique.

Nonfiction.fr- Depuis dix ans, le gouvernement n’a-t-il été plus tolérant envers les ONG ?

Wan Yanhai- Je dirais que de 2001 à 2006, il y a eu une forme d’ouverture et de tolérance. Mais depuis 2006, le gouvernement surveille et réprime régulièrement des ONG. Il tente vraiment d’éradiquer toute forme d’action sociale indépendante. C’était très frappant au moment des Jeux Olympiques de Pékin.

Finalement, nous passons beaucoup de temps à défendre ou protéger des personnes ou des groupes menacés par le gouvernement quand nous devrions consacrer notre temps à développer notre mouvement social. C’est un enjeu clé. Un jour, un avocat me disait que chaque bataille que nous remportions nous renforce et affaiblit le Parti communiste. Je lui ai dit : "Oui, mais attention : à chaque fois que nous perdons une bataille face au Parti communiste, nous ne sommes plus rien. A chaque fois que le parti perd une bataille, il est toujours le parti." A chaque fois qu’un militant des droits de l’homme est emprisonné, nous pouvons nous mobiliser pour le défendre, mais cela ne fait pas avancer notre mouvement en lui-même. Liu Xiaobo ou Ai Weiwei suscitent des mobilisations mais cela tient à leur statut. Nous devons développer nos forces, quasiment comme une armée, même si nous sommes un mouvement pacifique. Nous devons nous organiser avant qu’Internet ne soit coupé.

Nonfiction.fr- Vous pensez que le gouvernement va couper Internet rapidement ?

Wan Yanhai- Je pense qu’Internet sera coupé avant la fin de l’année. Cette année, le gouvernement s’attaque en particulier aux blogueurs et twittos populaires, comme Ai Weiwei.

Nonfiction.fr- Sans jouer les devins, comment voyez-vous la situation politique évoluer en Chine, d’ici cinq à dix ans ?

Wan Yanhai- Je ne sais pas, la Chine présente un visage très composite, plein de paradoxes. Elle pourrait devenir un Etat complètement militarisé si certains extrémistes du Parti communiste prenaient le pouvoir. Dans ce cas, la Chine ressemblerait à l’Allemagne des années 1930, militarisée et très nationaliste. Ce serait le pire scénario. Il y a deux lignes politiques au sommet du Parti communiste, l’une est dure, nationaliste, belliciste, l’autre est plus réaliste et ouverte au dialogue. Le conflit entre ces deux courants est très clair. Même si le deuxième courant prend plus de pouvoir et met en place des ouvertures démocratiques, il sera freiné par le premier. Et l’inverse est également vrai

 

* Propos recueillis par Joël Ruet et Pierre Testard.