Quelques idées reçues sur Céline, solidement battues en brèche.

Le Céline de David Alliot ne prétend livrer aucune information inédite sur le sulfureux écrivain, mais il constitue une belle somme sur la vie de l’auteur et, surtout, il est un portrait assez juste d’un homme qui a flirté avec le génie artistique, et parfois aussi, avec la pire des médiocrités.

Fidèle au concept de cette collection du Cavalier bleu, David Alliot reprend, et démonte – ou plutôt nuance – toutes les “idées reçues” qui circulent au sujet de Lucien Destouches. De l’enfance de l’écrivain au “scandale du Goncourt 1932”, ce sont toutes les périodes et les dimensions de la vie de l’auteur qui sont finement analysées.

Peu à peu se dessinent les contours d’un homme fait de paradoxes, dont on a même envie de dire qu’il était l’ambiguïté incarnée : soignant gratuitement les pauvres dans son dispensaire de Clichy et antisémite notoire et assumé, homme de charme, grand séducteur, mais capable de diatribes haineuses et grossières envers certains de ses congénères, acquiesçant à certains des pires aspects de l’idéologie nazie mais refusant tout contact avec les Allemands durant l’Occupation.

Ce sont autant d’antithèses que David Alliot tente d’éclairer sans en atténuer les contrastes. L’œuvre de Céline n’est parcourue que superficiellement mais, dans un chapitre intéressant, l’auteur s’attarde un moment sur l’histoire des pamphlets, peu connus du grand public puisque interdits de publication, après 1945, à l’exception de Mea Culpa, par l’auteur lui-même, puis pas sa veuve Lucette Destouches, comme le rappelle l’essayiste, après 1945. On trouvera en prime un extrait de Bagatelles pour un massacre.

Ce Céline est un bon condensé de ce qui peut se dire sur un des auteurs les plus polémiques de la littérature française, et une belle introduction à l’homme, pour mieux entrer dans l’œuvre.

 

Critique extraite du dossier sur Céline, coordonné par Alexandre Maujean.