"Nous tenons, tout d’abord, à exprimer notre compassion et notre soutien aux mouvements indépendantistes d’Afrique du Nord." Le ministre des Affaires étrangères allemand, Guido Westerwelle, et la Chancelière, Angela Merkel, ont dû plusieurs fois se justifier sur leur abstention lors du vote au Conseil de sécurité des Nations unies pour une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Libye, le 17 mars 2011. Les voix politiques sont bouleversées : la critique au sein de leur propre parti, le CDU, ainsi qu’au sein du SPD et parmi les Verts (die Grünen) n’a pas tardé à se faire entendre. Seule la gauche (die Linke), a applaudi cette décision.

Par ailleurs, il s'agit d'un tout autre cas que celui de l'Iraq. Si à l'époque, la politique allemande avait alors connu un temps fort, elle est aujourd’hui dans le creux de la vague. L'ONU a autorisé, pour la première fois, le recours à la force pour protéger les civils en Libye et mettre fin aux atrocités qui sévissent depuis l'expulsion des Talibans en 2001. Le dictateur Kadhafi viole le droit international humanitaire et la communauté mondiale doit agir. On dit que l'Allemagne aurait donné un essor politique à Kadhafi. Or, après l'adoption de la résolution, Khaled Kaim, vice-ministre des affaires étrangères de M. Kadhafi, a remercié l'Allemagne pour son abstention : une claque pour l'Allemagne !

L’Allemagne partagerait tous les objectifs de cette résolution mais n'aurait pas voulu un engagement militaire allemand, se justifie Guido Westerwelle. Il aurait apparemment mal compris, en croyant que voter pour une zone d'exclusion aérienne impliquerait automatiquement un engagement militaire. Mais ce n'est pas le cas. Comme l'Allemagne soutient les grandes lignes de la résolution de toute façon, on aurait pu adopter la proposition du Conseil de sécurité en précisant que l'engagement de son armée n’était pas envisageable, explique Wolfgang Ischinger, expert en droit international.

Quelle image ce comportement donne-t-il sur la fiabilité de l'Allemagne ? Quelles conséquences a ce comportement sur sa relation avec la France, qui a passé la vitesse supérieure en matière d'engagement militaire ? Alors, encore faut-il savoir que l'Allemagne soutient la résolution mais n’était pas au courant qu'elle aurait pu l'approuver sans être obligée d’envoyer ses forces armées.

 

Sources:
http://www.sueddeutsche.de
http://www.dw-world.de
http://www.welt.de
http://www.lagazettedeberlin.de