Journaliste, ancien directeur de la rédaction du Monde, spécialiste des questions internationales, Daniel Vernet est l’auteur de nombreux ouvrages. Le dernier, La Théorie du complot. Histoire de la désinformation en Amérique", a paru, en janvier dernier, aux éditions Alphée. Daniel Vernet a lancé, en parallèle, un site, www.boulevard-exterieur.com, consacré "à la vie internationale" qui entend offrir "un regard distancié sur les faits ainsi qu’une expertise pointue sur les enjeux internationaux".

 

Nonfiction.fr- Entre expertise et journalisme, comment vous situez-vous ?

 

Daniel Vernet- Nous souhaitons mettre l’expertise au service d’une approche plus journalistique qu’académique. Nous avons constaté qu’il existait des sites généralistes et des sites très pointus sur les questions internationales animés par des think tanks notamment, mais qu’il n’existait pas de sites en langue française qui allient l’expertise à l’approche journalistique. Il nous semblait important de nourrir un débat assez pauvre en France jusqu'à présent sur la politique étrangère. Cela est peut-être en train de changer. Hubert Védrine parlait d’un "compromis gaullo-mitterrandien-chiraquien" en politique étrangère, Nicolas Sarkozy a introduit une certaine rupture en décidant, par exemple, le retour de la France dans le commandement intégré de l’OTAN. Les révoles populaires en Tunis et en Egypte montrent que ce débat est plus nécessaire que jamais. On dit que les Français ne s’intéressent pas à la politique étrangère mais ils ont pris conscience, avec la crise, de l’impact que peuvent avoir les relations économiques internationales. Pour une fois, je pense que les relations internationales pourront jouer un rôle dans la campagne pour l’élection présidentielle.

 

Nonfiction.fr- Quel est votre modèle économique ? 

Daniel Vernet- Nous sommes partis avec un petit capital et nous sommes plutôt à la recherche de partenaires que d’actionnaires même si nous ne fermons pas la porte à une ouverture du capital. L’équipe est composée de sept collaborateurs pour l’instant bénévoles, dont quatre journalistes, des anciens du Monde, comme Thomas Ferenczi et moi-même, et d’autres qui viennent d’autres médias. L’accès aux articles est gratuit. Faut-il passer à un accès payant ? La discussion n’est pas tranchée et le modèle économique des sites reste à définir. Nous ne rejetons pas l’idée de faire appel à la publicité.

 

Nonfiction.fr- Vous avez travaillé longtemps comme journaliste de presse écrite. Le passage au Web a-t-il été naturel ?

Daniel Vernet- Nous aurions pu créer une revue papier mais nous avons préféré le web. C’est un outil rapide, souple et moins coûteux. Je n’avais pas de culture web mais cela s’acquiert. L’exigence de qualité, d’exactitude, de pertinence doit être la même sur le web que dans la presse écrite. Je crois cependant encore aux journaux écrits, au plaisir du papier. Mais dans un paysage médiatique qui se transforme, il faudra que les journaux prouvent leur utilité et leur pertinence