Une synthèse pratique pour mieux comprendre la France révolutionnaire.


L’Atlas de la Révolution française (1770-1804) publié aux éditions Autrement permet de regrouper, de façon très commode, des cartes qui montrent autant de moments clés des bouleversements auxquels la France fut confrontée au XVIIIe siècle. Ses auteurs, Pierre-Yves Beaurepaire et Silvia Marzagalli, professeurs d’histoire moderne à l’université de Nice Sophia-Antipolis, sont du reste tous deux spécialistes de la période.

Une perspective élargie qui tient compte des tendances récentes de l’historiographie

Divisé en quatre parties de longueur égale et qui représentent une progression dans le temps, l’ouvrage adopte une perspective large non seulement chronologiquement comme l’indique son sous-titre – il ne se limite pas à la traditionnelle décennie révolutionnaire française (1789-1799) – mais aussi géographiquement en présentant plusieurs cartes de l’espace atlantique notamment. Ce dernier point est justifié tant par les rebondissements propres à la Révolution française – échos dans tous les territoires ultra-marins de la France, débordements de la Révolution sur les pays limitrophes avec constitution de Républiques sœurs, mais aussi conquêtes de territoires grâce aux campagnes napoléoniennes – que par ses possibles influences – Révolution américaine entre autres.

Le point de vue adopté pour mener cette étude reprend donc des tendances historiographiques assez récentes consistant à penser la Révolution française dans un temps moyen et non plus court et à battre en brèche l’idée d’une " exception française "   , en s’appuyant notamment sur cette citation de J. Godechot : " L’expression " Révolution française " donne à penser qu’il s’est développé en France (…) une révolution absolument isolée, sans aucun rapport avec les événements qui se sont produits dans le monde à la même époque "   . Les auteurs ont aussi choisi de mettre en avant le rôle de la circulation des hommes et des idées ce qui renforce évidemment ce qu’on pourrait appeler le désenclavement de la France révolutionnaire. Le choix de tels axes directeurs n’est pas sans nous faire penser à deux questions récentes du programme de l’agrégation d’histoire…   .

De l’utilité des cartes

Pour mener à bien cette étude, et comme le choix de l’atlas le suppose, la part belle a bien évidemment été faite aux cartes et autres représentations graphiques. Chaque double-page est organisée selon un thème qui est brièvement expliqué dans un premier paragraphe en gras puis exposé plus en profondeur par les cartes, diagrammes et deux ou trois paragraphes supplémentaires. Elles sont toutes accompagnées d’une citation laissant la parole soit à un personnage contemporain des événements, soit à des historiens spécialistes de la Révolution.

Une contextualisation plus ou moins réussie

L’atlas s’ouvre par quelques pages destinées à contextualiser la Révolution française dans le temps et l’espace. Le premier chapitre intitulé " Le vent de la liberté ", présente à la fois les échanges et circulations dans l’Atlantique Nord au XVIIIe siècle, les événements révolutionnaires à l’étranger, mais aussi la situation de la France d’un point de vue démographique, culturel et économique. Si l’on apprécie la première carte qui est une sorte de synthèse, la première partie n’a en revanche pas vraiment de cohérence, sinon chronologique, et souffre ainsi d’un manque de clarté. De même, quelques cartes font entorse aux cadres de l’étude puisqu’elles présentent des situations postérieures à 1804 ou n’illustrent guère le concept de circulation des hommes et des idées.

Les deuxième et troisième parties sont consacrées à la décennie révolutionnaire, elles montrent notamment la prise de contrôle progressive du territoire français par le pouvoir : départementalisation, amélioration des moyens de circulation, mouvements de troupes lors de la guerre de Vendée, etc. Dans la quatrième et dernière partie, les auteurs se demandent si la France de Bonaparte permet une consolidation de la Révolution ou non. L’ouvrage se termine sur des outils bien pratiques : tableau de correspondance entre calendrier révolutionnaire et grégorien, chronologie des événements principaux de 1773 à 1804 ainsi qu’une sélection bibliographique pour ceux qui voudraient compléter la lecture de cet atlas.

L’Atlas de la Révolution française pourra donc rendre de grands services aux étudiants en histoire et compléter le savoir de ceux qui s’intéressent à cette période " mouvementée " de notre passé.