Aux Etats-Unis, un article du chroniqueur Martin Peretz n'est pas passé inaperçu. Publié sur son blog hébergé par The New Republic (TNR)   , sa conclusion provoque un véritable tollé médiatique, en passe de se propager au monde universitaire : "But, frankly, Muslim life is cheap, most notably to Muslims. […] So, yes, I wonder whether I need honor these people and pretend that they are worthy of the privileges of the First Amendment which I have in my gut the sense that they will abuse."   . C'est un chroniqueur du New York Times (NYT), Nicholas D. Kristof, qui lance l'attaque avec un article sobrement intitulé Is This America ?.

Très vite, la presse d'opinion s'empare de ce début de polémique, accentuée par une pétition - lettre ouverte d'étudiants et d'alumni de son université d'origine, Brandeis, qui a récolté près de 500 signatures. Face à cette levée de boucliers, Martin Peretz s'excuse publiquement dans une nouvelle note, An Apology, en affirmant qu'il "n'y a aucune haine dans mon coeur ; il y a une profonde anxiété sur les dangers de l'islamisme, et de la colère devant le refus de certains politiciens et commentateurs de bien saisir ces dangers, mais il n'y a aucune haine, aucune. En ces jours particulièrement enflammés, je suis heureux de le dire clairement." 

Cette polémique relance une nouvelle fois les critiques portées à l'encontre de Martin Peretz et du changement de politique éditoriale de TNR, taxé d'être de plus en plus pro-israélien dans son traitement de l'actualité et porteur d'amalgames entre musulmans et terroristes. De plus, elle risque de porter préjudice à la notoriété universitaire de Martin Peretz. Ancien enseignant à Harvard, où une chaire de littérature yiddish porte son nom, il devrait une nouvelle fois être honoré par la prestigieuse université vendredi 24 septembre. En sa présence, un fonds de recherche de premier cycle, qui porterait une fois de plus son nom, doit être inauguré. Alors qu'Abdelnasser Rashid, président de la Harvard Islamic Society, exhorte le Département des Etudes Sociales à annuler cet honneur, Harvard a répondu par un communiqué qu'il "est au cœur de la mission d'une université de protéger et d'affirmer la liberté d'expression, y compris les droits de M. Peretz et de ceux qui sont en désaccord avec lui d'exprimer leurs opinions"   

Aussi symbolique que cela puisse paraître, cette affaire est on ne peut plus représentative des divers débats d'idées qui divisent la société américaine, comme la controverse sur le projet d'implantation d'une mosquée à Ground Zero, ou encore sur l'intégration des citoyens musulmans. Son évolution et ses retombées sont donc à suivre attentivement