Une étude commandée par le gouvernement sud-africain et l’ambassade norvégienne en Afrique du Sud montre que cette Coupe du Monde de football engendrera des dégâts pour l’environnement huit fois plus importants qu’en 2006 en Allemagne. Elle prévoit que les transports, la construction des stades et la consommation d’énergie liée aux matchs eux-mêmes et au logement des supporters émettront au total 900 000 tonnes de CO². 1.9 million de tonnes de CO² supplémentaires seront émis par les avions empruntés par les fans pour rejoindre l’Afrique de Sud et rentrer chez eux.

Avec l’aide du Fonds pour l’Environnement Mondial (FEM) et du Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD), l’Afrique du Sud a élaboré deux projets destinés à déjouer ces prévisions. Depuis 2008, l’Etat sud-africain a investi 328 millions de dollars, contre 11 millions pour le FEM, dans l’amélioration des systèmes de transport de 7 des 9 villes où se tiendront les matchs. Un effort particulier a été consenti pour améliorer la circulation des lignes de bus, et restaurer les trottoirs et voies cyclables. La ville de Cape Town a par exemple pour objectif que la moitié des personnes se rendant au stade empruntent les transports en commun. Il est pour autant improbable que cela encourage les habitants des classes moyennes et supérieures à abandonner leurs habitudes d’automobilistes.

Le second projet écologique associé à la Coupe du monde vise à réduire la consommation de combustibles fossiles dans six grandes villes - Pretoria, Johannesburg, Cape Town, Polokwane, Rustenburg et la Métropole Nelson Mandela - par l’installation de panneaux solaires et de lampes à faible consommation dans les rues, et par une campagne de prévention auprès de la population. 10 millions de dollars ont été investis dans ce projet. Toutefois, la bonne volonté du gouvernement sud-africain et des instances internationales a été mise en question récemment lorsque la Banque mondiale a accordé un crédit de 3 milliards de dollars à l’Afrique du Sud pour la construction d’une centrale thermoélectrique au charbon. Certains pays européens, sensibles à l’argument de militants écologistes selon lequel cette centrale émettrait 25 millions de tonnes de CO² par an, se sont d’ailleurs abstenus de voter en faveur de cette décision. C’est Achim Steiner, directeur du Programme des Nations Unies pour l’Environnement (PNUE), qui a nuancé les critiques en rappelant qu’il fallait prendre en compte les besoins urgents en énergie de la population sud-africaine.

En parallèle, un autre grand pays émergent, le Brésil, se prépare à organiser une Coupe du Monde "verte" en 2014. Toute attribution de fonds servant à la rénovation de stades ou au lancement de travaux d’envergure sera examinée au préalable par les autorités environnementales du gouvernement brésilien. Des projets de rénovation des transports et de promotion de produits biologiques sont également annoncés. Mais quel est le poids de telles mesures face à la déforestation dévastatrice toujours en cours en Amazonie ? La question est essentielle pour un gouvernement brésilien qui se veut pionnier en matière de lutte contre le réchauffement climatique   . Le problème du Brésil sur ce sujet - comme de l’Afrique du Sud, l’Inde et la Chine - est l’écart entre les discours rassurants de ses dirigeants et le manque de sérieux avec lequel s’effectue la recension de données sur le changement climatique.

En attendant, de nombreuses initiatives estampillées "écolo" se multiplient à l’occasion de cette Coupe du monde. Nike a par exemple annoncé que les neuf équipes qui utilisent ses équipements porteront des maillots fabriqués à partir de bouteilles en plastique recyclées. Le premier jour des négociations de la conférence de Copenhague sur le climat, le 7 décembre 2009, les représentants des fédérations de football de dix-sept pays   avaient affiché leur détermination à compenser les émissions des vols de leurs équipes et des accompagnateurs pour la compétition. Espérons que l’échec de Copenhague n’ait pas rendues obsolètes ces déclarations de bonnes intentions

 

* Daniela Estrada, 'Fouls and Goals for Climate Change at World Cup', Inter Press Service News Agency.  

 

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