C’est une splash page intelligente qui accueille le visiteur de mediapart.fr. C’est même un pré-site. Edwy Plenel et la trentaine de journalistes qui l’entoure ont soigneusement préparé leur argumentaire pour séduire l’internaute : "Pourquoi adhérer", "Comment participer", les rubriques sont claires. La charte graphique aussi – un brin rétro, toute en tons de beige sur lesquels tranchent quelques encarts pourpres, elle met en valeur un petit personnage dont l’écharpe vole au vent et qui nous propose Mediapart comme la dernière édition d’un journal dissident.


Mais pour présenter le site dont le lancement officiel n’aura lieu qu’en début d’année prochaine, on a aussi misé sur des articles de fond, accessibles gratuitement, alors qu’une fois le site en ligne, l’essentiel du contenu sera payant. "Le prix de la liberté", nous dit l’ex-directeur de la rédaction du Monde.


Il faut dire que Mediapart était attendu. Depuis des semaines, on sait qu’Edwy Plenel prépare un site de journalisme collaboratif. On en sait désormais un peu plus.

        

Sur ses objectifs : répondre à une triple crise, économique, journalistique et démocratique. On insiste lourdement sur ce dernier point, faisant valoir que la République tente aujourd’hui de "démoraliser le journalisme" dans une tradition toute "bonapartiste". Le ton est donné : il s’agira alors de faires des fidèles de Mediapart des "citoyens libres et maitres de leur avenir", et de promouvoir (Edwy Plenel jette un coup d’œil sur ses notes) "la liberté et le risque".

     

Sur ses modèles : les vidéos aujourd’hui en ligne veulent affirmer une filiation claire avec le journalisme participatif de qualité découvert hors de nos frontières. On parle souvent de ohmynews.com, ce site coréen né en 2000 et dont la devise est "chaque citoyen est un reporter", mais de Wikipedia à Désirsdavenirs, on revendique un héritage web très large. Benoît Thieulin et sa jeune agence Internet La Netscouade sont d’ailleurs associés au projet.

               

Sur son fonctionnement : comme chez le psy, il faudra payer – le site sera accessible moyennant un tarif de 9 euros par mois. Comme au musée, des réductions sont prévues notamment pour les jeunes et les chômeurs. Si l’idée est d’assurer l’indépendance du site, qui veut trouver un public "fidélisé et investi", le choix d’un accès payant est aussi politique : "MediaPart s’avance à contre-courant de la vulgate dominante selon laquelle il n’y aurait qu’un modèle viable sur le Net, celui de l’audience et de la gratuité. D’abord, cette pensée unique repose sur un mensonge : le gratuit ne l’est pas, non seulement parce qu’il est financé par la publicité, mais surtout parce que vous ne cessez de payer, souvent trop cher, les équipements, les abonnements, bref les tuyaux qui donnent accès à ces contenus prétendument gratuits. Ensuite, elle véhicule l’illusion que tout se vaut puisque tout serait gratuit, le meilleur comme le pire, l’information pertinente comme la rumeur infondée. Enfin, dans sa course au plus grand nombre, elle tire vers le bas l’information, l’uniformise et la banalise, la malmène et la dévalorise."


Il s’agit donc de créer une véritable référence en termes information, de documents, et de débats – tout cela avec des outils coopératifs en ligne !


Rendez-vous en janvier pour juger Mediapart sur son contenu. D’ici là, nonfiction.fr tient à témoigner son soutien à toute l’équipe de Mediapart.fr.


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Crédits photos:  Miss Magnolia T. / flickr.