Dans son supplément littéraire du 18 novembre, le New York Times rend compte de l’actualité éditoriale chargée de Woody Allen aux États-Unis   . Sortent en effet un important livre d’entretiens, constitués au fil des rencontres du cinéaste avec le journaliste Eric Lax (Conversations with Woody Allen. His Films, the Movies, and Moviemaking, Alfred A. Knopf, 2007), un nouveau volume de textes humoristiques (Mere Anarchy, Random House, 2007), ainsi qu’un recueil des précédents livres dans la même veine publiés au cours des années soixante-dix (The Insanity Defense, Random House, 2007).

Dans sa recension, David Kamp ironise notamment sur les rapports complexes (et eux-mêmes toujours ironiques) du cinéaste avec sa postérité, ses conversations avec Lax renvoyant peut-être à celles d’Orson Welles avec Bogdanovich, mais tenues par un cinéaste qui a toujours estimé qu’avoir une rue baptisée à votre nom n’aidait en rien votre métabolisme. Par ailleurs, Kamp regrette que le journaliste, du fait de la relation de confiance qu’il a su nouer avec Allen depuis 1971, ne l’interroge pas davantage sur le statut qui fut le sien au sein de la culture américaine (et notamment de la culture juive-américaine), au temps de ses plus grands succès (de Annie Hall en 1977 à Hannah et ses soeurs en 1986), ni sur le relatif désamour du public américain à son égard.

Cela étant, Kamp se réjouit de voir Allen renouer avec le genre du texte bref, humoristique et teinté d’absurde, qui fut longtemps l’une de ses spécialités. Il y a quelques annnées, dans un court essai intitulé Défense du roman, une fois de plus…, Salman Rushdie estimait que parmi les rares cinéastes qui auraient aussi pu être de grands romanciers, on pouvait compter Jean Renoir, Ingmar Bergman, et Woody Allen. À défaut de pouvoir se procurer les hilarants Side Effects et Without Feathers, le lecteur francophone pourra toujours vérifier la chose avec L’Erreur est humaine, récemment paru aux éditions Flammarion.


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