Guy "Baby Thatcher" Verhofstadt, ancien Premier ministre belge et potentiel opposant à Barroso, nous livre sa recette européenne pour sortir de la crise.

 

Premier ministre de la Belgique pour neuf ans (1999-2008), Guy Verhofstadt est aussi un euro-enthousiaste qui avait déjà publié en 2005 Les États-Unis d’Europe (Éditions Luc Pire), livre traduit en 19 langues. De manière très courageuse, le livre avance l’idée d'une Europe à deux vitesses formée par un centre fédéral, les États-Unis d’Europe, et un second cercle, l’Organisation des États européens, accueillant les pays qui ne souhaiteront pas adhérer au noyau dur. Dans son nouveau livre, Sortir de la crise. Comment l’Europe peut sauver le monde (Actes Sud), Guy Verhofstadt ne se désiste pas de son engagement fermement pro-européen, engagement qui lui a coûté le poste de président de la Commission européenne en 2004   .

 

Selon les prévisions du FMI pour l’année 2012, l’Europe sera la seule zone géographique où la croissance ne sera pas au rendez-vous. Pourquoi ? Verhofstadt blâme la division de l’Europe sur les réactions à la crise, qui se traduit dans les 27 plans de relance nationaux, et critique la Commission européenne pour sa faible réaction face à la crise. Seule une approche commune pourrait aider le marché commun européen regagner la croissance et la confiance mutuelle nécessaire aux investissements transfrontaliers.

 

Quel visage pour ce plan commun ? Celui qui avait été surnommé à une époque "Baby Thatcher" propose trois étapes consécutives qui peuvent être résumées en trois mots : nettoyage, redressement, investissement. D’abord, nous dit-il, le rapport Larosière n’est pas assez audacieux. La création d’un régulateur européen unique s’impose. La première mission de ce régulateur sera le nettoyage de 750 milliards d’euros de produits bancaires toxiques existant encore en Europe.

 

 

Dans un deuxième temps, Guy Verhofstadt fait le constat qu’alors que le plan de redressement des États-Unis suppose la dépense d’environ 2000 euros par habitant, les plans européens n'accordent qu'environ 450 euros par habitant. Tout en soulignant la différence du modèle européen, qui englobe des stabilisateurs automatiques beaucoup plus forts qu'aux États-Unis, l'ancien Premier ministre belge souligne l’importance de l’investissement dans des domaines tels que l’IT pour pouvoir sortir de la crise. En bon libéral, "Baby Thatcher" ajoute qu’il ne faut pas, cependant, fausser l’économie. Par ailleurs, il avait déjà souligné dans un essai publié sur le site du think tank Notre Europe que l’injection massive de participations publiques dans les banques en difficulté doit être, tout comme la morphine, injectée pour des courtes durées à fin d’éviter une dépendance qui étoufferait une gouvernance économique efficace de ces mêmes institutions.

 

Questionné, lors de la conférence de presse du 29 mai 2009 à Paris, sur la faisabilité de son plan, Guy Verhofstadt donne l’exemple du plan adopté par la Communauté européenne pour sauver l’industrie sidérurgique européenne dans les années soixante-dix. Il cite également l’exemple du marché unique ou de l’euro comme des projets politiques ambitieux que les sceptiques de l’époque considéraient comme mort-nés. Ce n’est pas l’ambition politique que Verhofstadt manque. Tête de liste pour les élections européennes, "Baby Thatcher" serrait le deuxième homme politique national préféré des Belges. En effet, le libéral démocrate, déclare avoir l’intention de batailler ferme au Parlement européen pour former une majorité capable de contester une Commission en manque chronique d’ambition. Ayant bien en vue le fait que le groupe ALDE (l’Alliance des démocrates et des libéraux) représente la troisième force politique du Parlement européen, avec seulement 83 sièges (soit 11% du total), la tâche risque, néanmoins, d’être difficile