Croissance démographique, vieillissement, migrations : autant de sujet d'inquiétude, mais que cet atlas remet en perspective.
 

 

Rédigé par Gilles Pison, démographe à l’INED, cet Atlas de la population mondiale (éditions Autrement), étudie deux phénomènes souvent perçus comme inquiétants par les sociétés : l’accroissement démographique et le vieillissement. A travers sept thématiques – sept milliards d’hommes, naissances, durée de vie, populations et développement, vieillissement, migrations, contrastes continentaux – cet atlas constitue une bonne introduction pour le lecteur qui cherche à comprendre les dynamiques d’évolution de la population mondiale.

La première partie est assez classique en présentant l’inégale répartition de la population mondiale. Le principal foyer est l’Asie qui rassemble près de deux hommes sur trois. On y retrouve les deux pays les plus peuplés du monde : la Chine (1,3 milliards d’habitants) et l’Inde (1,2 milliards d’habitants). Une carte par figurés ponctuels représente cette inégale répartition. Cette première partie dresse aussi un historique de l’évolution de la population mondiale qui a presque été multipliée par 7 en deux siècles, passant de près d’un milliard d’hommes en 1800 à 6,8 milliards en 2009.
Les contrastes de peuplement à l’échelle mondiale s’expliquent notamment par des stades différents d’avancée dans la transition démographique. La transition démographique est le passage de forts taux de natalité et de mortalité à des taux de natalité et de mortalité faibles. La phase de transition en elle-même se caractérise par un excédent des naissances sur les décès, et donc par un fort accroissement. C’est la situation que connaissent actuellement les pays du Sud. Le modèle graphique de la transition démographique est présenté à côté d’exemples de pays, permettant au lecteur de mieux saisir les différences d’avancée dans la transition démographique.


L’auteur précise l’importance des naissances dans le monde, indicateur précieux pour établir des projections de la population future de la planète. En gagnant 500 millions d’habitants, l’Inde devrait ainsi devenir en 2050 le pays le plus peuplé du monde (1,65 milliard d’habitants), devant la Chine (1,4) et les Etats-Unis (402 millions). Ces chiffres ne doivent cependant pas nous faire oublier que la fécondité diminue, en lien avec la limitation des naissances. Même s’il y a des disparités régionales, la fécondité médiane est ainsi passée de 5,4 à 2,1 enfants par femme. De grandes disparités s’observent également au niveau de l’espérance de vie, indicateur démographique assez répandu et connu : elle varie en effet du simple au double, de 40 ans dans des pays frappés par le sida ou les conflits (Zimbabwe, Sierra Leone) à plus de 80 (Japon, Islande, Suisse). L’espérance de vie à la naissance augmente depuis le XVIIIè siècle grâce aux progrès socio-économiques, sanitaires (vaccinations) et s’établit aujourd’hui dans le monde à 67 ans.


Dans la partie sur la population et le développement, l’auteur présente une géographie des pays riches et précise les vraies raisons des famines (conflits).Il rappelle que, désormais, un homme sur deux vit dans les villes tout en insistant sur les contrastes de l’urbanisation dans le monde : si 81% des Nord-Américains vivent dans des villes, ils ne sont que 38% en Afrique. Dès lors, les villes s’accroissent et se développent : en 2005, on dénombrait ainsi 412 villes millionnaires ! Il n’est pas rare de trouver des villes du Sud qui dépassent 10 millions d’habitants ; Mexico, Sao Paulo, Bombay ou encore New Dehli regroupent même plus de 15 millions d’habitants.


Toute une partie est consacrée au vieillissement démographique, phénomène qui touche et touchera le monde entier. Plusieurs pyramides des âges permettent de saisir les évolutions selon les pays, pyramides ou plutôt « toupies » désormais : le vocable démographique évolue aussi pour s’adapter aux nouvelles situations !
La sixième partie, consacrée aux migrations, s’ouvre sur un rappel des temporalités migratoires et présente les foyers d’émission et d’accueil des migrants. L’immigration ne concerne qu’une faible part de la population mondiale (3%) : l’ONU évalue le nombre de migrants internationaux à 191 millions d’individus (2005).Un migrant international est une personne qui change de pays de résidence pour au moins un an (ONU).Parmi les pays accueillant le plus d’immigrés en 2000, on peut citer les Etats-Unis (34,6 millions), l’Allemagne (9,1), la France (6,3) ou encore l’Inde (6,3). Des migrations contraintes amènent des réfugiés à fuir leur pays pour s’installer dans un autre ou des déplacés à fuir leur région pour une autre, tout en restant dans leur pays.


La dernière partie met en lumière, à l’échelle continentale, les différences démographiques entre différents pays (la fécondité dans l’Union européenne, par exemple), et à l’échelle nationale, les variations entre les régions d’un même pays (la fécondité en Chine, par exemple).

 

Synthétique et clairement illustré par des cartes, des graphiques ou des diagrammes, cet atlas est facilement compréhensible par un public non-spécialiste. Chiffres à l’appui, cet atlas constitue une bonne entrée en matière pour le lecteur cherchant à mieux connaître la démographie du monde ; il peut aussi servir d’introduction aux cours de Géographie humaine de L1.