Le journaliste Geoffrey Le Guilcher imagine la survie en Bretagne après un attentat contre l’usine nucléaire de La Hague, dont les conséquences dépasseraient très largement celles de Tchernobyl.

Selon des sources officielles, si un accident survenait dans l’usine de retraitement des déchets nucléaires de La Hague, les conséquences seraient presque sept fois supérieures à celles de la catastrophe de Tchernobyl en 1986, selon une hypothèse basse – 66,7 fois dans le scénario le plus noir. Ces chiffres font d’autant plus froid dans le dos que deux documents concernant le nucléaire français figuraient dans l’ordinateur d’Oussama Ben Laden à son domicile pakistanais.

C’est le point de départ de ce roman dystopique, que son auteur appellerait plutôt roman d’anticipation, car la question n’est plus pour lui de savoir si la catastrophe va arriver, mais quand, et donc comment s’y préparer, alors que les informations sur le sujet sont très rares et que la polémique l’emporte sur les discours rationnels.

« Nous sommes en guerre »

L’action de ce roman publié initialement en 2021 se situe en 2024, alors qu’Emmanuel Macron est toujours Président de la République. Il reprend, après l’attaque de deux avions contre cette usine nucléaire, des éléments de langage de son célèbre discours pendant l’épidémie de COVID 19, ce qui rend cette hypothèse catastrophiste encore plus vraisemblable.

Le héros du roman, Jack Banks, est un agent franco-anglais charger d’infiltrer les « Jauniens », une bande d’activistes située à Saint-Gildas-de-Rhuys, dans le Morbihan, au lieu-dit La Pierre jaune. Il doit y retrouver deux Anglais ultra-violents recherchés par son unité de policiers. Il va assister auprès d’eux à la catastrophe qui se produit à 300 kilomètres et entraîne un « black ghost », nuage noir suscité par l’explosion et l’incendie des piscines de l’usine, qui se répand sur tout le nord-ouest de la France.

« Des hommes, des femmes, des enfants pelés comme des clémentines » ne trouvent aucun secours dans les hôpitaux normands. La pluie devient mortelle. Un journaliste protégé par une combinaison témoigne : « Tout est recouvert de cendres et figé, alors que Cherbourg se trouve à 20 km de l’usine de La Hague. Ça me fait penser à Pompéi. »

Mécanismes de survie en milieu hostile

Les Jauniens décident de ne pas évacuer la zone, en dépit des ordres officiels, et d’organiser la survie. Dans les villes situées en zone saine, comme Lyon, Bordeaux, Marseille ou Toulouse, des émeutes éclatent, avec des pillages. La population y a quadruplé et la faim provoque des luttes sans merci. « Bref, là où l’air est censé être respirable, l’atmosphère ne l’est pas. »

Les activistes vont documenter leur résistance contre l’État, coupable d’avoir « créé la plus grande poubelle nucléaire au monde. » À l’occasion de leur happening sur la tombe de Pierre Messmer, le lecteur apprendra comment cet ancien résistant est à l’origine de l’exploitation civile du nucléaire, développé au départ à des fins militaires, pour doter la France de la bombe atomique.

Ce roman passionnant, qui est aussi une véritable enquête, mélange ainsi science-fiction et réalisme pour faire réfléchir ses lecteurs, les inciter à la vigilance et leur rappeler leur devoir d’information.