L’acteur François Morel lit son propre récit, paru en 2018, et nous propose une plongée dans l’enfance et l’adolescence, à l’âge des premiers émois.

Le titre choisi est un vers de Plupart du temps de Pierre Reverdy. C’est la première et la dernière apparition de la première personne dans ce récit aussi émouvant que drôle sur une expérience à la fois intime et universelle : tomber amoureux pour la première fois. Le sujet, si ce n’est « je », sera donc « les hommes », dont la répétition confère une saveur absurde et délicieuse au texte. Isabelle Samain en est l’héroïne inaccessible. Répéter son prénom et son nom, c’est déjà écrire une chanson, avant de proposer un blason de… ses fesses ou de la regarder se couper les ongles, assise sous l’abribus.

Le talent du comédien au service de son propre texte

Avec la complicité d’Antoine Sahler (qui a composé la musique originale qui accompagne parfois cette lecture ponctuée de moments chantés ou joués comme dans un sketch), François Morel et sa voix aux multiples timbres font passer à l'auditeur deux heures très savoureuses. C’est ainsi qu’il raconte comment « les hommes » se font passer pour un enquêteur d’un institut de sondage afin d’obtenir des informations sur la vie sexuelle de la bouchère de la petite ville où il vit près d’une improbable rue Alexandre Vialatte. Plus tard, « les hommes » sont à Caen, tentés de recourir à une prostituée, mais préférant finalement, pour le même prix, acheter une tente et partir camper en Angleterre avec leurs copains.

Cette plongée dans la France de la fin des années 60 et des années 70 est un enchantement qui donne envie de retrouver les mots de l’auteur dans son livre, pour mieux profiter de ses listes facétieuses, de toutes les variations synonymiques qu’il propose pour décrire le désir des hommes en pleine puberté, de son art de faire rire et sourire sur des thèmes universels sans jamais se prendre au sérieux, ni s’appesantir.