Portrait du sociologue en héros
[lundi 24 juillet 2017 - 14:00]
Société
Couverture ouvrage
Pierre Bourdieu : Un structuralisme héroïque
Éditeur : Seuil
310 pages
Une histoire critique de l’élaboration et de la réception de la théorie de Pierre Bourdieu.

L’histoire tourmentée, peu cumulative, des sciences sociales semble condamner les chercheurs à se positionner relativement à de grands « pères fondateurs », « héros » scientifiques auxquels on voue ou non allégeance. Randall Collins, qui développa cette théorie dans un article traduit par Jean-Louis Fabiani1 en 1995, prédisait l’effacement progressif des héros et des traditions « loyalistes » qu’ils fondent au bénéfice d’autres types de traditions. À l’heure où la réception internationale de l’œuvre de Bourdieu voit son rythme s’emballer, la tradition « bourdieusienne » fait office de contre-exemple incontournable. C’est pourquoi lorsque Fabiani demande, en commençant son livre : « Peut-on aujourd'hui parler sereinement de Pierre Bourdieu ? »2, la réponse la plus évidente est non : comment en effet dénier le pouvoir clivant, entre prêtres et hérétiques, d’une tradition loyaliste ? Dans un geste de conquête scientifique rappelant celui de Maximilien Rubel se faisant « marxien » et non plus « marxiste », Fabiani propose au lecteur d’opérer cette difficile conversion du regard sur la tradition bourdieusienne, ou plutôt, corrige-il « en souriant », « bourdelienne »3.

 

Un portrait, non une introduction

Le portrait de Bourdieu en héros qui en résulte et qui s’étale sur plus de trois cent pages suit un objectif « double : sortir de la confrontation stérile entre amis et ennemis de Bourdieu ; inscrire le commentaire dans une perspective de sociologie de la vie intellectuelle »4. L’exposition suit une structure classique : trois parties, trois sous-parties : 1) « concepts de base », exposant et critiquant successivement sa théorie des champs, de l’habitus et du capital ; 2) « innovations méthodologiques et narratives », avec comme clés les articulations problématiques entre événement et structure dans sa sociologie historique d’une part, et entre les réceptions savantes et profanes de son œuvre d’autre part ; 3) « figure du sociologue, au travers de la politique, de la souffrance et de l’amour », qui revient notamment sur son rapport à l’État et à la réflexivité5.

Cette démarche, qui s’emploie à restituer une histoire critique de l’élaboration et de la réception de la théorie de Bourdieu, se démarque du récent ouvrage du philosophe Claude Gautier6. Notons tout de même que des travaux antérieurs publiés en langue française, d’ambition analogue, ne sont pas cités : celui de Louis Pinto, d’une génération postérieure à Fabiani et qui étudie comme lui les rapports entre sociologie et philosophie6 ou, centré sur le rapport de Bourdieu à l’Algérie, le travail d’Enrique Martin-Criado8. Sans doute Fabiani les classerait-il parmi les travaux « bourdieusiens », loyalistes, qui n’ont pas su, à son instar, prendre suffisamment de distance avec leur héros. Le livre de Fabiani, quant à lui, est peut-être plus difficile d’accès que ces prédécesseurs : malgré l’effort de formalisation qu’il opère, les nombreux rapprochements théoriques et thématiques entre les différents chapitres, leur absence de structuration interne, ainsi que le style très dense et parfois elliptique dérouteront sans doute certains lecteurs. Qu’ils ne cherchent pas dans ce livre une introduction à l’œuvre de Bourdieu.

 

Une synthèse très personnelle des « bourdieusian studies »

Cependant, Fabiani comble un manque dans la bibliographie française des « Bourdieusian studies ». Le lecteur ressentira peut-être cette sorte de soulagement dont nous avons nous-même fait l’expérience à maintes reprises en cours de lecture : enfin une analyse de l’ensemble de l’œuvre de Bourdieu qui ne fait pas un usage hagiographique de l’érudition, mais qui la met au service de l’analyse de ses présupposés théoriques ; enfin une formulation de critiques prenant le risque, quinze ans après la mort du sociologue, du bilan. Car le travail de Fabiani est peut-être avant tout celui de le la synthèse. Des sources intellectuelles, reconnues ou parfois occultées par Bourdieu, y sont détaillées au milieu de l’héritage des classiques Marx, Weber et Durkheim, que Fabiani, discute parfois en détails9, d’autres auteurs classiques sont passés en revue : Pascal et Montaigne sur les demi-habiles10, Leibniz sur ses horloges11, Cournot sur le hasard12, Tocqueville sur la frustration relative 13, Comte sur les crises14 ou Freud et Parsons sur la socialisation15. Mais, de manière plus inattendue, il insiste aussi sur certaines inspirations méconnues, comme celles des concepts d’« oversocialization » et de « status crystallization » des américains de Dennis Wrong16 et Gerhard Lenski17 sur la théorie de l’habitus. On aurait pu ajouter des sources psychanalytiques, comme sa lecture de Freud ou de Didier Anzieu : Bourdieu s'en inspirait, même s’il n’en faisait pas facilement étalage18.

À ce sujet, une analyse plus approfondie de la citation, très contrôlée chez Bourdieu, aurait été bienvenue. On trouvera, pour s’en consoler, une belle analyse du rapport de Bourdieu à ses maîtres Aron et Canguilhem dans ce « monde d’hommes » qu’est l’Esquisse pour une autoanalyse19, où Fabiani, se risque à « voir dans les quelques lignes consacrées à Aron l’esquisse d’un autoportrait auquel Bourdieu se refusait catégoriquement : il ne partageait pas seulement avec lui un intérêt pour Max Weber, mais aussi une sentimentalité et une tendresse qu’une grande pudeur leur interdisait de manifester en public »20. Rappelons qu’en effet Bourdieu avait le sentiment d’avoir « déçu » Aron21. Il aurait été cependant plus intéressant de ne pas en rester à ces considérations psychologiques et de prendre au sérieux la théorie du renouvellement savant par le déclassement social que Bourdieu, en introduction du numéro inaugural de sa revue Actes de la recherche en sciences sociales, reprenait à son compte, en citant Joseph Ben David et... Randall Collins22.

À ce bilan des sources théoriques de Bourdieu s’ajoute la synthèse des travaux que d’éminents sociologues, historiens ou philosophes ont mené sur Bourdieu et qui sont résumés, discutés et articulés pour la première fois ici23. D’autres travaux critiques, là encore, brillent par leur absence : ainsi, celui de Luc Boltanski est seulement cité de manière allusive à deux reprises ; la somme sur La Distinction, dirigée par Philippe Coulangeon et Julien Duval 24, est reléguée en note ; Luc Boltanski est quasi-absent ; le travail actuel de Pierre-Michel Menger sur la sociologie du travail créateur au Collège de France ou d’Éric Brian sur l’incertitude25, qui prétendent, chacun différemment, renouveler la théorie de l’action de Bourdieu, n’y sont pas cités.

Notons que deux travaux cités par Fabiani sortent du lot : celui, en langue anglaise, dirigé par Philip S. Gorski26, sur le rapport de Bourdieu à l’histoire, cité à de très nombreuses reprises ; et celui de Jean-Claude Passeron27. Chacun témoigne à sa manière de la spécificité de la position de Fabiani et de son ancrage « wébérien ». En effet, comme Passeron avant lui, dont les positions sont reprises par Fabiani28, qui n’hésite pas à l’appeler publiquement « Maître »29, c’est sur le rapport à l’Histoire que Fabiani concentre sa lecture : une sociologie historique, inaugurée par Max Weber, promue en France par Durkheim et Simiand, et à laquelle Bourdieu a travaillé dans ses ouvrages des années 1980 et 1990, est-elle vraiment possible ?

Cette perspective, à laquelle Fabiani consacre son chapitre central « L’événement, la structure et l’histoire », mais qui s’égrène également dans la plupart des autres chapitres, représente sans doute l’apport le plus original de son travail30, qui devient l’occasion de pointer, à de multiples reprises, l’incomplétude du projet historique de Bourdieu. Prenons l’exemple de la théorie du champ : d’un côté, en effet, elle s’appuie sur des processus de genèses de longue durée mais, de l’autre, elle privilégie dans l’analyse les « coups de forces symboliques » où c’est « la temporalité courte qui prévaut » : « ce choix donne à penser que Bourdieu est moins intéressé qu’il ne prétend, ou qu’il ne le croit, à la mise au jour des processus de genèse ». Fabiani en déduit, un peu durement sans doute, un « refus de penser l’articulation possible de ces deux temporalités »31. On ne peut, ici comme ailleurs32, que tomber d’accord face à la finesse et la précision argumentative mise en œuvre par Fabiani.

 

Les contradictions de la politique scientifique de Bourdieu

Nous ne nous prononcerons pas ici sur l’exactitude du portrait politique, intentionnellement à rebrousse-poil des portraits usuels, que Fabiani dresse de Bourdieu en « réformiste », voire en « social-démocrate ». Cette polémique, semble-t-il, n’a pu avoir d’intérêt que parce que la vocation critique de la sociologie pouvait en dépendre. Il serait d’ailleurs dommage que le livre de Fabiani ne soit reçu qu’à travers ce prisme – il est vrai qu’il en aura pris le risque.

Cependant, la description de l’attachement de Bourdieu pour le service public et l’absence corrélative de la classe ouvrière dans son discours militant, que Fabiani met en lien, trop rapidement peut-être, avec sa lignée paternelle, reste particulièrement convaincante. Partant d’elle, Fabiani démonte une à une des contradictions, qu’on peut effectivement qualifier d’ordre politique, chez Bourdieu : contradiction à laquelle Bourdieu se heurte au Collège de France entre « deux audiences », irréconciliables, savantes et profanes, le conduisant à diriger La Misère du monde ; contradiction dans son rapport à l’État, duquel il propose une critique magistrale tout en en épousant, comme Durkheim avant lui, la perspective ; contradiction dans son usage de la psychanalyse qui laisse irrésolu le rapport de la souffrance avec l’amour ; contradiction enfin dans son rapport à la réflexivité, qui met la sociologie de plain-pied dans un réseau de pratiques scientifiques générales, mais qui témoigne également du « fantasme de maîtrise parfaite d’un champ de connaissance, promesse d’un savoir absolu »33, distinguant radicalement le « vrai » scientifique des profanes ou pire, des demi-habiles. Bourdieu aurait alors été pris de la tentation de pouvoir, seul, en héros, résoudre ses contradictions, et de faire de cette prouesse une « expérience toute personnelle ». Bourdieu, malgré ses Méditations pascaliennes, serait finalement resté le philosophe scolastique qu’il y dénonce.

Renchérissons ici sur Fabiani : l’idée même de science n’implique-t-elle pas l’impossibilité de prévoir toute critique ? C’est une évidence dont la tentation auto-analytique, ou même l’écriture verrouillée de Bourdieu, touché d’« hybris » épistémologique, ne semble pas avoir pris acte. « Le personnage de Bourdieu, conclut Fabiani, est l’incarnation, toujours grave et souvent pathétique, de la contradiction qui habite les sciences sociales : parler de ce que les gens croient connaître en des termes que les gens ne connaissent pas, et en arriver, dans un mouvement contradictoire au sein duquel on ne reconnaît plus les forces opposés, à suspendre l’adhésion préréflexive au monde tout en finissant par leur faire dire : le monde était bien comme je pensais qu’il était, ma propre souffrance le prouve. »34

Ces éléments apportent ensemble un tableau riche et cohérent de la politique de la sociologie de Bourdieu. On peut cependant regretter que Fabiani ne revienne pas davantage sur les implications méthodologiques de ces contradictions 35. Il y aurait pourtant beaucoup à dire. À deux reprises par exemple, Fabiani souligne que Bourdieu « a privilégié les dimensions purement reproductives » des pratiques33, tendance qui apparaît notamment lorsqu’il s’agit de faire une place à l’expérience amoureuse37. Comment expliquer une telle primauté des stratégies de reproduction dans une théorie de l’action ? Rappelons que Bourdieu alla jusqu’à en faire un « conatus », soit le moteur de l’action humaine et qu’elle engage toute sa théorie du rapport triadique entre « sujet collectif » de la reproduction (la famille) et son objet (la reproduction du capital), liés par un « instrument de reproduction » auquel on attribue une fonction (certaines institutions comme l’École).

Or de ce « privilège » et de cette théorie instrumentale de l’action, qui totalise son sens et rend par principe déviant le déclassement social, rien ne sera dit ici : elle suppose pourtant un point de vue panoptique qui reproduit la norme de l'ascension sociale, qu'affectionnait tant la société française des Trente Glorieuses38.

 

Portrait ou autoportrait du sociologue en héros ?

Revenons enfin, puisque Fabiani, en conclusion, y invite le lecteur, sur les objectifs qu’il s’était donnés en introduction. Avons-nous réellement affaire ici à une sociologie historique des concepts de Bourdieu, autrement dit, à une sociologie de leur production et de leur réception ? Si la genèse intellectuelle des concepts proposée est très éclairante, nous sommes encore loin d’avoir fait le tour de leur production et de leur réception. Fabiani pourrait ici (ce qu’il ne fait pas) plaider les difficultés d’accès aux archives personnelles de Bourdieu, qui commencent à s’ouvrir mais restent encore aujourd’hui largement inexploitées39. En réalité, il se contente de s’appuyer sur des travaux empiriques antérieurs, qui ne reposent eux-mêmes, la plupart du temps, que sur une analyse strictement interne à l’œuvre de Bourdieu. Il est vrai que l’histoire des sociologues français du second XXe siècle est encore quasi-intégralement à faire. Citons tout de même Johan Heilbron qui se risque à un excursus jusqu’aux années 1960 dans son récent ouvrage40. Aucun ouvrage historique sur la période étudiée n’est en fait mobilisé. Plus profondément peut-être, c’est le rapport de Fabiani à l’enquête empirique qui nous semble problématique41.

En effet, Fabiani se contente souvent du témoignage allusif42 sans clairement expliciter sa position au sein de « bourdieusiens » qui restent presque toujours anonymes. Fabiani est-il un de ces normaliens déçus, voire « humiliés », dont il parle43 mais qui n’auraient pas su, comme lui, dépasser leur souffrance et la transformer en travail scientifique ? De même, alors qu’il critique l’usage de l’analogie religieuse chez Bourdieu44, nous le lisons ironiser sur la « piété des disciples »45.

Le portrait de Bourdieu en héros en appelle donc, pourrions-nous dire « en riant » comme lui, un autre : celui de Fabiani, héros échappant à l’histoire des structures, réalisant, nostalgique, un dialogue posthume avec son héros intellectuel. Le résultat, pourrions-nous dire en forçant le trait, est en adéquation avec sa propre vision de Bourdieu, puisqu’il échappe lui-même largement aux structures et à l’histoire. En l’abstrayant ainsi, Fabiani tombe dans le piège d’entretenir l’image d’un Bourdieu comme horizon indépassable. Il en fait lui-même l’aveu lorsque, loin de poser en problème les conditions de son travail dans le champ intellectuel, Fabiani écrit : « J’ai eu l’occasion, peut-être avant d’autre, d’analyser les limites ou les contradictions de l’œuvre de Bourdieu. Je n’ai jamais pour autant considéré qu’elle était frappée d’obsolescence ? Le cap est difficile à tenir, dans un monde de ‘‘marques’’ intellectuelles où un positionnement franc est plus payant que la reconnaissance de la complexité d’une pensée. »46 Comment ne pas reconnaître également dans cette déclaration la mise en scène que Bourdieu faisait de lui-même et que Fabiani critique précisément à la fin de son livre47 ?

À l’heure où Bourdieu fonctionne à la fois comme totem et tabou dans l’enseignement et la recherche, le travail de clarification de Fabiani, qu’il soit ou non lu comme héroïque, apporte sans nul doute une contribution importante à la discussion de la théorie sociologique... à condition de la lire muni du même sourire ironique que Fabiani appose à son héros « bourdelien ».

 

A lire aussi sur Nonfiction : les précédents articles consacrés à Pierre Bourdieu.



rédacteur : Martin CHABERT

Notes :
1 - « Les traditions sociologiques », Enquête, n°2, 1995, p.11-38
2 - p.13
3 - p.100
4 - p.299
5 - p.25
6 - La force du social. Enquête philosophique sur la sociologie des pratiques de Pierre Bourdieu, Paris, Cerf, 2012
7 - La force du social. Enquête philosophique sur la sociologie des pratiques de Pierre Bourdieu, Paris, Cerf, 2012
8 - Les deux Algérie de Pierre Bourdieu, Éditions du Croquant, coll. « Champ social », 2008
9 - notamment p.122-124 pour Marx sur le concept de capital ; p.239-243 pour Durkheim sur la sociologie d’État
10 - p.222-223
11 - p.86-88
12 - p.170
13 - p.169-170
14 - p.132, 167
15 - p.84-85
16 - p.84
17 - p.93
18 - Cf. le témoignage de Bernard Vernier, « Sociologie, ethnologie, un même combat scientifique » in Gérard Mauger (dir.), Rencontres avec Pierre Bourdieu, Éditions du Croquant, 2005, p.507-546
19 - p.248
20 - p. 246
21 - Cf. Raymond Aron, Mémoires, Robert Laffont, 1983, p.457
22 - « Les disciplines scientifiques elles-mêmes n'ignorent pas les effets de ces dispositions hiérarchiques qui détournent des genres, des objets, des méthodes ou des théories les moins prestigieux à un moment donné du temps : et l'on a pu montrer que certaines révolutions scientifiques étaient le produit de l'importation dans des domaines socialement dévalorisés des dispositions qui ont cours dans les domaines les plus consacrés. » (Pierre Bourdieu, « Méthodes scientifiques et hiérarchie sociale des objets », Actes de la recherche en sciences sociales, n°1, 1975, p.4). L’article cité est : Joseph Ben David, Randall Collins, “Social Factors in the Origins of a New Science : The Case of Psychology”, American Sociological Review, 31 (4), 1966, p.451-465
23 - L’ouvrage étant malheureusement dépourvu de bibliographie, prenons le temps ici de citer ces auteurs : Erwan Dianteil (p.46), Paul Costey (p.48), Jean-Louis Déotte (p.75), Hervé Touboul (p.86), Alain Dewerpe (p.90, 185), François Héran (p.96), Hans Joas et Wolfgang Knöbl (p.116), Mathieu Hikaru Desan (p.117), Jacques Dubois, Pascal Durand et Yves Winkin (p.127), Alain Dérosières (p.139), Frédéric Lebaron (p.142), Nona Mayer (p.209) et enfin Bruno Karsenti (p.184, 270).
24 - Trente ans après La Distinction, Paris, La Découverte, 2013
25 - « Où en est la Sociologie Générale ? (Seconde Partie) », Revue de synthèse, n°133, 2012, p.401–444
26 - Bourdieu and historical analysis, Durham, Duke University Press, 2013
27 - Le Raisonnement sociologique. L’espace non-popperien du raisonnement naturel, Paris, Nathan, 1991 ; et avec Claude Grignon, Le Savant et le populaire. Misérabilisme et populisme en sociologie et en littérature, Paris, EHESS-Gallimard, 1989
28 - En témoignent notamment la récurrence des formules du type : « comme l’a clairement montré Jean-Claude Passeron en approfondissant l’épistémologie de Max Weber » (p.203). Passeron est d’ailleurs le deuxième nom, après Durkheim mais devant Weber, à être le plus cité dans l’ouvrage, avec trente références à l’index.
29 - Dans l’émission de France culture « A voix nue » consacrée à Passeron sous le titre « Jean-Claude Passeron, un sociologue sur son métier » et diffusée la semaine du 31 octobre 2016
30 - Rappelons que Fabiani est lui-même un promoteur de la « sociologie historique ».
31 - p.47
32 - A propos des problèmes soulevés par l’existence de différentes espèces de capitaux, ou de l’inconséquence de certains aspects de la méthodologie de Bourdieu.
33 - p.297
34 - p.226
35 - Cet aspect est surtout envisagé à travers la critique que Nona Mayer a proposé de La Misère du monde.
36 - p.297
37 - p.258
38 - Cette remarque, qui engage le rapport de Bourdieu à la méritocratie et à l’État, n’est pas réductible à la critique du misérabilisme théorique de Bourdieu, que Fabiani, en bon passeronien, ne manque pas de faire. À ce sujet, voir Rémi Sinthon, « Reconversions extrascolaires du capital culturel. Une révision de la mobilité sociale depuis ses marges », thèse de sociologie, ENS-EHESS, 2014 ; Martin Chabert, « ‘‘Offrir une éducation intégrale de qualité.’’ Enquête sociologique sur la fonction d’un collège privé catholique des Hauts-de-Seine », mémoire de master 2 de sciences sociales, ENS-EHESS, 2014. Une enquête reste à mener sur les emprunts de Bourdieu à l’anthropologie des techniques, dont le champ lexical devient central dans ses formulations théoriques de la maturité.
39 - « Stratégies de reproduction et modes de domination », Actes de la recherche en sciences sociales, n°104, 1994, p.3-12
40 - French Sociology, Ithaca & London, Cornell University Press, 2015
41 - Nous rejoignons ici la critique d’Anton Perdoncin recensant le précédent ouvrage de Fabiani qui évoquait « l’effet d'éloignement avec la sociologie telle qu'elle se fait empiriquement » ne lui faisant envisager « l'enquête que comme un horizon indéfini ». Cf. Anton Perdoncin, « Compte-rendu de Jean-Louis Fabiani, La sociologie comme elle s’écrit », Annales HSS, n°71, 2016, p.556.
42 - par exemple p.190, 249, 260, 301
43 - p.190 ; nous pouvons également renvoyer à la description, encore pleine d’amertume, que dresse récemment Florence Weber du mépris de Bourdieu à l’égard des normaliens, dans sa « Préface » de Jean-Claude Chamboredon, Jeunesse et classes sociales, Paris, Éditions Rue d'Ulm, 2015
44 - p.61
45 - p.22 – sachant que référence n'est pas faite ici à la sociologie de Collins, qui n’arrive qu’au chapitre final
46 - p.24
47 - « Je vais maintenant faire quelque chose de très difficile », p.280
Titre du livre : Pierre Bourdieu : Un structuralisme héroïque
Auteur : Jean-Louis Fabiani
Éditeur : Seuil
Collection : La couleur des idées
Date de publication : 07/04/16
N° ISBN : 978-2021290325