Pandora, la nouvelle revue dessinée
[jeudi 28 avril 2016 - 09:00]

Tout le monde était là, auteurs, journalistes, éditeurs, spécialistes, critiques, professionnels, bon nombre de curieux, tous réunis autour d’un coquetèle dînatoire, venus assister à la présentation de la revue Pandora. Sous l’égide de la maison Casterman et de son directeur éditorial, Benoit Mouchart, maître de cérémonie d’un soir et rédacteur en chef de l’ouvrage, la boîte s’ouvrit. En référence à Pandora Groovesnore, l’héroïne amoureuse du marin ténébreux, Corto Maltese1, Pandora nous parle de nouveauté, de singularité, de dissemblance. Nous devons parler d’ambition.

Un format proche de celui aujourd’hui dévolu au roman graphique, ce pavé de presque 300 pages tente de juguler une large partie de la production contemporaine. La couverture entremêle primate et robot, au-delà du genre, quand la quatrième dévoile un sommaire à faire pâlir n’importe lequel des organisateurs de festival de bande dessinée. Orange, pour mieux attraper l’œil dans les librairies, Pandora ne sera pas vendue en kiosque. À l’intérieur, 36 auteurs, le mangaka Katsuhiro Otomo2 en ouverture et Bastien Vivés à la conclusion. Entre ces deux auteurs confirmés, une nuée de noms dont la réputation varie selon l’époque et le style. Ainsi, on croise Art Spiegelman, l’auteur de Maus (prix Pulitzer 1992), l’esthète Loustal ou encore « l’underground » Jean-Christophe Menu. Peut-être serait-il plus facile de citer le nom des absents. Ils participeront sans doute au prochain, on évoque Tardi ou Bilal.

 

Pandora impose une seule contrainte, fournir un récit complet, une nouvelle graphique, a short story. A priori ce format court convient aux auteurs. Certains mettent en avant l’intervalle à combler entre deux albums, entre une expo et un film d’animation. D’autres justifient une idée, un truc « sans en faire un album ». Hétéroclite, comme il sied aux collectifs, l’une des prouesses réside dans le panorama proposé. En plus des nommés ci-dessus, Blutch rend un hommage personnalisé aux grands noms de l’école Franco-belge, de Jean Graton à E. P. Jacobs. Denis Bajram s’attaque au mythe fondateur, dans une mise en abyme futuriste. Killoffer, fidèle à l’Oubapo et à son personnage d’auto-fiction, utilise deux styles de dessin différents. L’Antiquité et la poésie parsèment le récit d’Alfred. François Ravard chronique les vieilles amours. Ville Ranta dépeint l’homme postmoderne sur le mode fantasy, etc.

Depuis quelques années, différentes revues dessinées apparaissent. Avec Pandora, Casterman prend un risque, tant mieux, et renoue avec le magazine mensuel paru entre 1978 et 1997 (À suivre).

 



rédacteur : William FOIX, Critique à nonfiction.fr

Notes :
1 - La Ballade de la mer salée, Casterman, 1975
2 - Akira, l’œuvre d’Otomo ouvre la porte du Manga dans la France des années 1990.