Arts et Sciences : Planétarium et art contemporain
[mardi 06 mai 2014 - 13:00]

Le planétarium de Vaulx-en-Velin (Place de la nation, 69 120, Vaulx-en-Velin) sort de 2 ans de travaux, et 9 mois de fermeture. Mais rénové, agrandi et vivifié. Il offre la possibilité de visites, d’expositions, de séances d’astronomie, d’ateliers, accompagnant le public grâce à des médiateurs scientifiques. L’élan donné par la direction lui permet de participer à la Nuit des étoiles, à la fête de la science et autres manifestations scientifiques.

Mais ce n’est pas tout. Et voilà ce qui intéresse notre Brève Arts et Sciences. Le planétarium associe les arts à ses propositions scientifiques, et de deux manières.

Tout d’abord, dans l’exposition permanente elle-même, il a fait appel à toute une série d’artistes contemporains ayant déployé des travaux à la confluence des arts et des sciences. Des artistes, notamment, dont nous avons déjà parlé dans le cadre de cette rubrique, lesquels produisent des œuvres qui se frottent à la question des surfaces d’échange entre arts et sciences. Là où il est important de ne pas se contenter de copier des démarches scientifiques, de ne pas se contenter « d’imager » banalement des travaux scientifiques, ces artistes justement s’attachent à travailler le rapport entre arts et sciences. Ainsi en va-t-il de Kitsou Dubois, présente au sein de l’exposition scientifique par une vidéo. On sait que la danseuse et chorégraphe a été fascinée, en 1990, par une expérience d’apesanteur. Elle a cherché à partir de cette expérience à construire un lien entre son art de danseuse et la connaissance des forces de la gravité, sous sa version contraire. En y échappant, les corps retrouvent des forces et des attitudes différentes qu’il est possible d’organiser. Il en va de même pour Adrien Mondot, lui aussi présent dans l’exposition par une série de vues renvoyant à ses spectacles dont on sait aussi qu’ils se situent souvent au point d’intersection entre l’art du jonglage et l’innovation scientifique et technique. On lui doit un propos marquant, relativement à nos Brèves Arts et Sciences : « si l’on considère que les mathématiques, la physique et l’ensemble des sciences sont des outils/langages développés à l’origine pour décrire notre monde il est séduisant de se dire que l’on peut s’en servir, […] pour décrire d’autres mondes, des mondes artistiques ».

Ensuite, et c’est plus innovant, le planétarium a engagé une résidence d’artiste avec Laurent Mulot, autour d’un projet de ce dernier intitulé : l’Incubateur. L’incubateur est un espace d’imaginaire où se rencontrent les astrophysiciens, les artistes et le public pour participer à une création collective. L’œuvre, qui sera donnée au public sous la forme d’une exposition en octobre 2014, s’intitule : Rayon cosmique à tous les étages.

On reconnaît ici une allusion à Marcel Duchamp (1924, Eaux et gaz à tous les étages !). Ce sont donc les arts qui s’emparent d’un lieu et milieu scientifique. L’artiste présente son projet de la manière suivante : Entre février et mai 2014, 10 familles de Vaulx-en-velin construisent une expérience pour traquer les particules de l’infiniment petit. Elles participent à l’œuvre que l’artiste Laurent Mulot exposera à l’automne 2014 au Planétarium, avec la complicité des physiciens Thierry Stolarczyk (CEA) et Jean-Paul Martin (IPNL/CNRS/Université Lyon1), ainsi que de l’équipe scientifique du Planétarium.

Ainsi en va-t-il de ce trajet au long cours, inspiré de l’expérimentation de Viktor Hess (1912), portant sur le rayon cosmique, à partir de la construction d’un électroscope : durant les mois de déroulement de cette expérience, les habitants construisent leur propre électroscope. Ces appareils sont installés à leur domicile. Chaque jour, des relevés précis sont organisés en fonction de variation des paramètres initiaux : changement de température, humidité, heure de la journée… D’autres conditions peuvent également être testées en dehors du domicile : altitude, localisation géographique… La variation des conditions est définie par les habitants eux-mêmes, une concertation avec le scientifique permet de définir les protocoles de mesures associés afin de pouvoir comparer scientifiquement les mesures et les rendre reproductibles et donc vérifiables. Les habitants participent ainsi à une véritable expérience scientifique dans sa démarche. Les résultats seront analysés avec le scientifique pour pouvoir détecter la présence de rayons cosmiques.

Nous reviendrons donc sur les résultats de ces travaux en temps utile.

 



rédacteur : Christian RUBY
Illustration : wikimedia