Dans son livre Le Hamas et le monde   , d’une grande érudition, Leila Seurat, docteur en science politique et chercheur associée au CERI (Centre de recherches internationales) investit un angle mort de la recherche universitaire : celui des rapports diplomatiques du Hamas avec le monde. Vaste sujet qui balaie aussi bien l’émergence diplomatique d’un mouvement théologico-politique considéré comme terroriste, ses rapports conflictuels avec ses partenaires palestiniens et arabes, que la force de l’idéologie qui gouverne cette diplomatie. Leila Seurat revient aux sources de ce mouvement et explore avec rigueur ses différentes stratégies de sortie de l’isolement, conditions de son émergence et de sa légitimation face aux acteurs de la Région. En décryptant la construction de l’autonomie diplomatique du Hamas, l’auteure abat plusieurs lieux communs et nous montre son pragmatisme et sa capacité d’adaptation à un environnement en évolution permanente.


Revenons quelques instants sur la pré-histoire du Hamas. Fondé en 1987 dans la bande de Gaza, le Hamas est un mouvement politico-religieux récent, qui puise ses racines dans la deuxième moitié du XXe. Deux approches se font face quant à ses origines: une vision officielle portée par la Hamas lui même qui le présente comme une construction des frères musulmans indépendante des régimes arabes de la Région. Vision à laquelle s’oppose à une seconde approche qui présente le Hamas comme un « Golem » crée par les services israéliens pour diviser le nationalisme palestinien. Un Golem qui, comme l’indique la tradition juive, s’est retourné contre son maitre et est devenu incontrôlable. Au-delà de ces visions historiographiques divergentes, quelles sont les origines intellectuelles et politiques du Hamas? 


Le Hamas puise en réalité ses racines du début du XXeme siècle puisqu’il constitue la branche palestinienne des Frères musulmans, mouvement fondé en 1928 par Hassan al-Banna en Égypte. On retient souvent la date de 1947 pour souligner l’implication des Frères musulmans dans la première guerre israélo-arabe mais les relations entre les Frères et la Palestine lui préexistent. Dès le milieu des années 1930, Abd al-Rahman al-Sa’ati, frère de Hassan al-Banna s’était rendu à Jérusalem pour rencontrer le Grand Mufti de Jérusalem Amin al-Husseini. En 1945 s’ouvre la première antenne des Frères dans le quartier de Cheikh Jarrah à Jérusalem et dès 1947, ils disposent d’au moins vingt-cinq branches en Palestine. Lors de la première guerre israélo-arabe, les Frères envoient des volontaires pour combattre les organisations sionistes aux côtés des factions nationalistes. Ils se retireront par la suite provisoirement de la lutte armée pour se concentrer, autour du cheikh Yassine et de son organisation la Société Islamique, sur un programme d’islamisation de la société, préalable selon eux à la libération de la Palestine.

Au moment de l’irruption de la première intifada en décembre 1987, les Frères décident de quitter cette posture attentiste pour participer au soulèvement. La Société Islamique se transforme et prend le nom de « Hamas », acronyme de Mouvement de la Résistance Islamique. La charte, rédigée au mois d’août 1988, précise la filiation du Hamas avec l’association des Frères musulmans.

L’image selon laquelle le Hamas serait une pure création israélienne est évidemment fausse. Israël, qui occupe la Cisjordanie et la bande de Gaza depuis la guerre de 1967, a en effet favorisé les activités caritatives des Frères notamment à travers l’octroi de licences, considérant que leur développement pourrait constituer un contrepoids efficace face à l’OLP. Mais cet état de fait ne doit pas se lire autrement que comme une simple tactique politique qui, selon le vieil adage, consiste à « diviser pour mieux régner ».


Malgré l’annulation par le tribunal de l’Union Européenne de son inscription sur  la liste des organisations terroristes en décembre 2014, le Hamas ne parvient pas à se départir d’une image violente. On ramène souvent le Hamas à sa charte fondatrice d’août 1988. Quelle est la nature du Hamas aujourd’hui ? Et pour aller plus loin, le Hamas est-il réductible à sa charte? 


Les détracteurs du Hamas s’appuient souvent sur la Charte du Hamas pour lui contester toute légitimité. Le recours à ce texte est utile : la Charte offre une lecture idéologique du conflit avec Israël au sein duquel la Palestine doit être défendue contre toute usurpation étrangère et contient des références antisémites, proches de celles du protocole des sages de Sion. Mais le Hamas n’est bien évidemment pas réductible à sa Charte. Dès le milieu des années 1990, certains documents s’articulent autour des principales normes internationales, présentent le conflit avec Israël comme un combat légitime contre une force d’occupation et insistent sur la légalité de certaines résolutions onusiennes.

Au sein même du mouvement la question de la pertinence de ce manifeste se pose. Certains considèrent que, écrit en quelques heures dans l’urgence par un jeune désorienté poussé par un élan lyrique incontrôlable, il ne devrait plus constituer une référence. Signé en juin 2006, c’est le document des prisonniers reconnaissant la validité des frontières de 1967 qui ferait désormais office de référence. D’autres au contraire refusent tout abandon de la Charte, de peur que le Hamas ne soit assimilé à l’OLP qui, en 1989 par la voix de Yasser Arafat, avait déclaré sa Charte « caduque ».


Venons en au rapport avec l’Etat d’Israël qui, comme vous le montrez, est en mouvement permanent. Qu’est ce qu’a changé la victoire du Hamas aux élections de janvier 2006 dans sa relation à Israël ?


Les relations entre le Hamas et Israël évoluent en fonction du contexte et des intérêts de chacun. Si 2006 constitue indéniablement une rupture, il faut néanmoins rappeler l’importance de 2005, année qui précède la participation du mouvement au système politique palestinien. Au mois de mars, le Hamas signe l’accord du Caire reconnaissant la validité des frontières de juin 1967 et limitant la lutte armée à l’intérieur des territoires de 1948. Au mois d’août, les Israéliens décident de se retirer de la bande de Gaza, évacuation présentée par le Hamas comme une victoire de la « résistance ».

À la suite de sa victoire aux élections législatives de janvier 2006, le Hamas prétend que sa participation aux institutions de l’Autorité Palestinienne ne va pas le conduire à mettre à l’écart la lutte armée. Au contraire, la gestion du gouvernement peut selon lui être le moyen de protéger la « résistance ». Pourtant, les contradictions entre l’exercice du pouvoir et la poursuite de la lutte armée apparaissent d’emblée : deux jours après la signature du document des prisonniers, lequel amenait le Hamas à accepter que le président de l’Autorité Palestinienne mène des négociations avec l'État hébreu, le soldat israélien Gilad Shalit est enlevé.

La période qui s’ouvre à la suite de la prise par la force de Gaza par le Hamas en juin 2007 inaugure une nouvelle étape dans les relations entre Israël et le Hamas qui, cherchant à conforter son autorité sur ce territoire, entreprend une série de réformes intérieures qui le pousse à signer une trêve avec Israël. En état de conflit permanent au moins au niveau du discours, les intérêts d’Israël et ceux du Hamas peuvent toutefois converger. La conclusion d’un accord d’échange de prisonniers en octobre 2011 dans un contexte où Mahmoud Abbas cherchait à obtenir la reconnaissance de l’État de Palestine aux Nations unies en est une bonne illustration.


Vous décrivez des relations interpalestiniennes sous haute tension qui oscillent constamment entre rapprochement et concurrence au gré des situations géopolitiques et de l’évolution des rapports de force du moment. Quel est l’objectif du Hamas dans ces luttes intestines ?


L’un des points principaux de mon travail a été de démontrer que la politique étrangère du Hamas était un espace de prédilection pour concurrencer le Fatah et l’OLP. Le leadership extérieur du mouvement joue un rôle de premier plan dans cette entreprise, octroyant une visibilité aux dirigeants du mouvement.  Jusqu’en 2012, Damas constituait la capitale diplomatique du Hamas, permettant à Khaled Mechaal et à ses collègues de rencontrer de nombreux représentants politiques étrangers à l’occasion de leurs passages en Syrie. Parallèlement au mouvement, le Hamas mobilise également les institutions de l’Autorité Palestinienne, plus consensuelles pour contester à l’OLP le monopole de la représentation des Palestiniens. Majoritaire au sein de cette autorité, le Hamas devient en mars 2006 en partie responsable de la définition et de l’exercice de la politique étrangère palestinienne, privant ainsi l’OLP du monopole qu’elle exerçait jusqu’alors dans ce domaine. Des acteurs régionaux peuvent également aider le Hamas de cette entreprise. C’est le cas notamment du Qatar qui, en janvier 2009, avait invité Khaled Mechaal à représenter la Palestine au sommet de la Ligue arabe à Doha. Ce sommet a fourni au Hamas une tribune importante pour concurrencer l’OLP.


Vous insistez également sur le rôle du Qatar dans la reprise du dialogue entre le Hamas et le Fatah. Quel est-il ? Dans quel but ?  


Face aux victoires électorales des Frères musulmans en Tunisie et en Égypte en 2011 et 2012, le Hamas a cru à son tour pourvoir accéder à la reconnaissance. Cette tentative passait par un rapprochement avec le Fatah et la signature d’un accord de réconciliation ouvrant la voie à un gouvernement d’union nationale. Dans cette entreprise les Frères musulmans ont joué un rôle majeur, qu’il s’agisse de l’Égypte ou du Qatar qui fait pression sur le Hamas afin que ce denier signe l’accord de Doha de février 2012. L’objectif du Qatar était de « déhamassiser » le Hamas, le rendre plus conforme à la ligne classique des Frères musulmans qui ne figure pas sur la liste des organisations terroristes. Ces tentatives n’ont jamais abouti. Aujourd’hui Doha accueille une partie des dirigeants du leadership extérieur du Hamas notamment Khaled Mechaal et Mousa Abu Marzouq.


Quelle est la position du Hamas sur la reconnaissance d’un Etat palestinien ? Quels sont les rapports qu’entretient le Hamas avec l’Organisation des Nations Unies? 


Le Hamas a adopté deux positions différentes sur la question de la reconnaissance de l’État Palestinien aux Nations unies. Lors de la première tentative du Président Abbas de demander l’adhésion de la Palestine auprès du Conseil de sécurité en novembre 2011, le Hamas critique l’initiative qui, selon ses dirigeants, n’a aucune légitimité, ne se faisant pas au nom d’un gouvernement d’unité nationale mais au nom de la seule OLP. La dénonciation de l’unilatéralisme va être très vite diluée au sein d’une série d’autres accusations : renonciation à plus de 80% de la Palestine, exclusion définitive de Jérusalem et des réfugiés des dossiers de négociations, attachement au principe de la négociation à tout prix, renoncement de l’Autorité aux droits légitimes du peuple palestinien. À l’époque, seul l’ancien conseiller du Premier ministre Ismaël Haniyeh, Ahmad Youssef, avait déclaré que son mouvement avait tort de s’opposer à la demande de reconnaissance à l’ONU, déplorant l’opposition du Hamas alors que l’Organisation de la conférence islamique, la Turquie et de nombreux États à travers le monde soutenaient l’initiative.

La seconde initiative du Président Abbas en novembre 2012 qui avait pour but d’obtenir la reconnaissance de l’État de Palestine comme État non-membre ne rencontre pas la même opposition. Contrairement à la première, cette seconde démarche avait de nombreuses chances d’obtenir satisfaction. C’est notamment pour cette raison que les dirigeants du Hamas n’ont pas condamné l’initiative, Khaled Mechaal l’ayant considérée comme un « petit pas » et Oussama Hamdan comme un moyen utile pour briser les prétentions juridiques des Israéliens, notamment au sujet des réfugiés. Dans les deux cas, rappelons que le Hamas a cherché à limiter la portée symbolique de ces initiatives onusiennes : la première en signant un accord d’échange de prisonniers avec Israël, la seconde, à travers la réactivation de la lutte armée au cours de la guerre de novembre. C’est ici que convergent les intérêts du Hamas et d’Israël.


Dans votre ouvrage vous revenez longuement sur le dialogue entre le Hamas et la République islamique d’Iran. Une alliance entre chiites et sunnites qui peut, à première vue, paraitre contre-nature. Quels sont les soubassements qui motivent ce rapprochement  diplomatique?


L’alliance entre le Hamas et l’Iran remonte au début des années 1990. Elle s’explique par un double contexte : d’une part celui de la Première guerre du Golfe au cours de laquelle Yasser Arafat avait soutenu le Président irakien Saddam Hussein, d’autre part celui de l’ouverture de pourparlers de paix entre Palestiniens et Israéliens. La République islamique considère dès lors que ses relations avec l’OLP doivent cesser et que le Hamas constitue un meilleur candidat pour réaliser ses ambitions régionales : se présenter comme le défenseur de la cause palestinienne et renforcer son statut et son rôle parmi les « masses arabes ». L’alliance stratégique entre l’Iran et le Hamas se noue au moment de l’expulsion des membres du Hamas au Liban Sud à Marj al-Zouhour en 1992. C’est aussi l’occasion pour le Hamas de renforcer ses liens avec le Hezbollah libanais lui aussi chiite.

Mais cette alliance a posé un problème d’ordre idéologique au Hamas, branche palestinienne des Frères musulmans : Dès 1989, le cheikh Yassine avait déclaré « les musulmans sont sunnites et pas chiites ». En 1992, le Hamas nomme le camp de Marj al-Zouhour le camp « Ibn Taymiyya », théologien du XIIIème siècle à l’origine du salafisme. En choisissant cette figure religieuse, le mouvement faisait donc le choix de mettre en avant sa spécificité doctrinale. Toutefois, dès lors que le Hamas prend conscience des avantages que comporte l’alliance avec l’Iran, celle-ci est présentée comme une alliance islamique. C’est l’islam qui permet de redéfinir l’alliance avec la République islamique chiite sous une forme islamique.


En quoi la guerre civile syrienne affecte l’équilibre du Moyen-Orient et apparaît comme un facteur de déstabilisation pour le Hamas ?


Après son départ de Jordanie en 2000, le leadership extérieur du Hamas s’était installé à Damas, entretenant d’excellentes relations avec le régime syrien, l’Iran et le Hezbollah réunis atour d’un axe communément appelé le « front du refus ». Le déclenchement du soulèvement populaire en Syrie met le mouvement face à un dilemme crucial : il pouvait soit se taire en prenant le risque d’être accusé de soutenir Bachar al-Assad, soit exprimer des espoirs de liberté et de justice, mais en se faisant l’adversaire du régime. Après quelques mois de tergiversations, il décide finalement de quitter Damas.

Cette rupture avec le régime syrien ouvre pour le mouvement une période de grandes difficultés d’abord parce que le Hamas doit trouver un nouveau pays d’accueil susceptible de l’accueillir. Le Hamas pense pouvoir compter sur l’Égypte mais le renversement de Mohamed Morsi à l’été 2013 éloigne tout espoir côté égyptien. Par ailleurs, le Qatar, qui accueille désormais Khaled Mechaal, pousse le Hamas à intervenir militairement en Syrie aux côtés des insurgés. Enfin, le principal problème qu’implique la rupture avec Assad est celui de la diminution du soutien financier iranien qui intervient à deux reprises.


Suite aux attentats de Charlie Hebdo en janvier 2015, des islamistes radicaux ont défilé devant l’institut culturel français de Gaza en brandissant des drapeaux de l’Etat islamique. Le Hamas a réprimé cette manifestation. Comment interprétez-vous cette condamnation ?

 

Les groupes salafistes sont les principaux concurrents du Hamas dans la bande de Gaza. Ils reprochent au mouvement la contraction d’une trêve avec Israël et l’alliance avec les « Perses chiites ». À plusieurs reprises le Hamas s’est violement opposés à ces groupes, l’épisode le plus significatif étant celui de 2009, lorsque les forces du Hamas écrasent le l’ « armée de l’Islam » réunit autour de l’imam Abd al-Latif Moussa dans une mosquée à Rafah. En 2010, une vaste campagne d’arrestation a été menée contre ces groupes qui menacent le Hamas à la fois sur la plan doctrinal mais également sur le plan organisationnel, de nombreux membres de la branche armée des brigades al-Qassam (la branche armée du Hamas) s’étant ralliés aux salafistes à la suite de la conclusion de la trêve avec Israël en 2008. Le conflit est déjà donc ancien lorsque deux cent salafistes défilent devant l'enceinte de l'Institut français le 19 janvier 2015. En réprimant violemment cette mobilisation, le Hamas a cherché à afficher sa différence avec l'idéologie salafiste. Il entendait aussi se présenter comme le seul garant de l'ordre à Gaza en montrant à ceux qui souhaiteraient remplacer son autorité - qu'il s'agisse de l'Autorité palestinienne ou de l'Égypte - qu'il constitue l'unique rempart contre l'État Islamique.

 

Comme le rappelle Bertrand Badie dans la préface de votre livre, « nul besoin de tous les sacrements étatiques pour mener une véritable politique étrangère ». On imagine la difficulté de travailler sur un tel sujet. Quels ont été vos grands axes méthodologiques pour parvenir à constituer une base de données solide ?

 

Ma méthodologie relève d’une méthodologie classique de sciences politiques : croisement des sources primaires et des entretiens avec des sources secondaires (articles de presse et des articles académiques). Cette double approche permet de saisir l’objet dans sa perspective générale en prenant en compte les contraintes institutionnelles et conjonctures politiques.

Les conditions de mon enquête ont été contraignantes en termes d’accessibilité du terrain puisque, tout ressortissant français est contraint, lorsqu’il se rend à Gaza, de se livrer à de subtiles contorsions administratives. Astreint par le Consulat de France à Jérusalem à demeurer dans les locaux du Centre Culturel Français de Gaza en théorie inaccessibles aux dirigeants du Hamas, le chercheur se frotte aux contradictions d’une présence française en territoire palestinien sous autorité islamiste, autrement dit en territoire islamiste sous autorité palestinienne. Malgré tout, j’ai pu lors de mon séjour à Gaza rencontrer de hautes autorités palestiniennes sous le regard voilé des autorités françaises. Paradoxalement, le fait d’être une femme a pu représenter un atout pour approcher des acteurs réputés rigides à l’égard des femmes, et plus encore à l’égard des femmes occidentales. Impliquant à leurs yeux une forme de vulnérabilité, ma condition de femme a en réalité permis de contourner l’obstacle d’un rigorisme dont ils auraient pu faire montre à l’égard d’un homme.

 

Pourquoi avoir choisi cet objet d’étude ?

 

Mon intérêt pour le Hamas est le produit d’un désir de continuité avec mes précédents travaux qui tous portaient d’une manière ou d’une autre sur la question israélo-palestinienne : Raymond Aron et la Palestine ; la Palestine dans les mobilisations des acteurs islamistes et altermondialistes en France. À cette implication intellectuelle s’ajoute un héritage culturel et linguistique à la région du Moyen-Orient, héritage auquel je me suis efforcée d’associer une exigence de distance qui, je l’espère, m’aura préservée des écueils de la passion