Une tranche de vie de l'auteur de BD Joe Matt.

Ayant vécu clandestinement au Canada de 1988 à 2002, Joe Matt nous raconte dans cet ouvrage quelques bribes de cette période de sa vie, et ce d’une façon qui nous le rend assez peu sympathique . Ainsi, si l’on en croit cette BD, durant des mois il n’aurait pas dessiné une planche, s’adonnant à ses uniques passions: le montage de vidéos pornos, la masturbation et l’épargne à l’excès (son but suprême dans l’existence étant de pouvoir un jour vivre de ses rentes). Se dépeignant lui-même comme un pervers, un pingre et un égoïste, Joe Matt nous relate un quotidien complètement vide.

L’auto flagellation est de mise. Tantôt l’auteur s’accuse-t-il de tous les vices ("Si seulement je n’était pas si faible et paresseux. Je sais même plus si je peux me considérer comme un dessinateur. Depuis des années ma créativité ne cesse de baisser. […] Autant crever. Je serais plus productif que vivant"), tantôt donne-t-il la parole à ses rares amis, non moins cruels, mais qui eux, au moins, ont une vie.

Ses relations désastreuses avec les femmes, son hygiène douteuse et ses scènes de masturbations ne revêtent, malheureusement, que très peu d’intérêt. Si encore la situation évoluait au cours du récit, le lecteur aurait une chance de sortir de sa torpeur. Mais non, plates et ennuyeuses, les scènes se succèdent, démontrant chacune à quelle point la vie de notre dessinateur est complètement inintéressante. Certes, on peut cependant y voir, en cherchant bien, une tentative de l’auteur de trouver un certain esthétisme dans le pathétique ou encore une réflexion sur le processus créatif. Ainsi, Joe Matt justifie-t-il la création de cette BD par le vide qui l’habite: il n’avait rien d’autre à raconter que ses mornes activités. Bref, de la "lose trash" à l’état brut.

Un ouvrage, en définitive, aisément dispensable.



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Crédit photo: www;flickr.com/ "banlon1964"