Recueil d’opinions d’acteurs français du système alimentaire qui balayent les interrogations et les contradictions qui agitent la planète de l'agriculture biologique. 

Sacré univers que celui de l’agriculture biologique ! Avant d’être un signe officiel d’identification de la qualité encadré par un cahier des charges détaillé, avant d’être un marché en pleine croissance, l’agriculture biologique est une idée, un concept construit en réaction à la "modernisation" de l’agriculture, à sa révolution chimique et énergétique. Ainsi, l’univers de l’agriculture biologique est aujourd’hui composé d’une kyrielle d’acteurs institutionnels, professionnels, associatifs, syndicaux d’avis et de préoccupations très différents.

Les essais sont le plus souvent des ouvrages qui défendent ou dénoncent une thèse. Là, au contraire, François Desnoyers et Elise Moreau choisissent de mettre en perspective, sous la forme de citations d’acteurs, les positions, les interrogations et les coups de gueules de chacun. Surprenant !

Pour cela, ils structurent le livre autour de pierres d’achoppement.

L’agriculture biologique est, comme son nom l’indique, un mode de production agricole. L’ouvrage aborde dans ses deux premiers tiers les enjeux autour de la production : comment le bio est accueilli dans les organisations agricoles et l’ostracisme dont sont (seraient ?) victimes ses représentants dans certaines grandes organisations professionnelles ; les motivations diverses des agriculteurs (pécuniaire, éthique, sanitaire, environnementale) à faire le choix de la conversion ; l’opportunité que représentent ces marchés dans le contexte du marasme économique dans lequel se trouvent nombre de filières agricoles ; les difficultés techniques de la conversion et les politiques qui visent l’accompagnement de cette étape ; les limitent écologiques et sanitaires des pratiques actuellement développées.

Mais l’agriculture biologique est aussi un marché dans lequel interviennent producteurs, transformateurs, distributeurs, consommateurs. Et ce marché est de plus en plus mondialisé. L’ouvrage aborde dans son dernier tiers les enjeux liés à cette deuxième dimension. Les approches différentes des distributeurs sur ce marché, en particulier celle de la grande distribution qui domine désormais la commercialisation des produits bio ; les motivations des consommateurs plus ou moins altruistes, plus ou moins égoïstes ; le respect des valeurs à l’origine du mode de production biologique dans le cadre d’importations qui parcourent plusieurs milliers de kilomètres pour satisfaire un marché français en déficit structurel ; les risques quant à la qualité des importations.

Ainsi, Tout beau, tout bio ? est un livre dont la forme interrogative du titre est à l’image de son contenu : un livre qui pose plus de questions qu’il ne donne de réponses et qui laisse ainsi toute latitude au lecteur de creuser les différentes questions pour se faire sa propre opinion