La LICRA crée son think tank sous l'appellation : Cercle de la LICRA. Réfléchir les droits de l'homme. Le think tank sera présidé par l'actuelle vice-présidente de la LICRA, Martine Benayoun.

Son ambition est de créer des espaces de dialogue au carrefour du monde politique et institutionnel, du monde de l’économie et de celui des idées. Il entend aussi fertiliser les débats sur des problématiques stratégiques auxquelles la LICRA doit apporter des réponses.

Le think tank est structuré autour de pôles thématiques ("Responsabilité sociétale des Entreprises", "Diversité et Egalité des chances", "Nouveaux médias et Liberté d’expression"...) et géographiques (Moyen-Orient, Europe, Asie…). Voici un entretien croisé avec Martine Benayoun et Alain Jakubowicz, président de la LICRA.

Nonfiction.fr- Alain Jakubowicz, la création du think tank figurait dans le programme de campagne de Martine Benayoun à la présidence de la LICRA que vous avez remportée. Vous avez finalement considéré que c’était une bonne idée ?

Alain Jakubowicz- Oui, c’est même une très bonne idée même si lors de la campagne, la proposition a été mal comprise. L’idée était très novatrice. La LICRA est un peu campée dans son histoire, ses traditions. J’avais le sentiment d’une LICRA qui se sclérosait. La LICRA se trouve dans une période charnière. Nous avons parfois des difficultés à trancher sur certains débats, par exemple sur le droit de vote des étrangers ou le port du voile. En ce sens, le think tank rejoint mes préoccupations de campagne : l’impératif d’être une force de proposition, de prendre de la hauteur et le souci d’ouverture. Je veillerai à ce que les travaux du think tank soient complémentaires de notre action quotidienne à la LICRA tout en lui octroyant une indépendance totale. Les membres du think tank ne sont pas forcément membres de la LICRA. Ils apportent leurs parcours et des idées nouvelles.

Martine Benayoun- Au cours de la campagne, j’ai défendu l’idée de faire de la LICRA une organisation stratégique et d’influence. Nos programmes se sont finalement rejoints. Alain m’a donné la possibilité de réaliser ce projet. Le think tank me paraît incontournable pour la LICRA qui évolue dans un contexte en profonde mutation, une société mondialisée. Nous nous trouvons face à de nouveaux enjeux, de nouveaux défis. Pour y apporter des réponses et des propositions innovantes, il faut réinjecter de la réflexion, de l'analyse et une expertise.

Les membres du think tank vont apporter un souffle nouveau. Pour la plupart, ils ne sont pas membres de la LICRA mais ils adhèrent à ses valeurs et ses principes. Une charte éthique guidera nos travaux. Et le think tank sera chapeauté par un conseil d’orientation et un comité stratégique. La question du positionnement du think tank par rapport à la LICRA est aussi importante. Nous bénéficierons d’une indépendance totale.

Nonfiction.fr- Est-ce que le think tank entend peser dans le débat autour de l’élection présidentielle ?

Alain Jakubowicz- Pour ce qui concerne la LICRA, nous travaillons à un Livre blanc depuis fin 2010. Nous avons débattu de nos propositions "Pour une société plus fraternelle" au cours de l’université d’été. Le document sera rendu public au début de l’année prochaine. Nous espérons que les travaux du think tank alimenteront notre réflexion.

Martine Benayoun- Nos premiers débats commenceront à partir de janvier 2012. Ils porteront notamment sur "l''hôpital face aux pratiques religieuses", et les enjeux européens sur la question de l’intégration et de l'assimilation… Nous participons par ailleurs au prochain Forum des think tanks le 19 novembre sur la thématique "Faire société".

Alain Jakubowicz- La spécificité du think tank est d’être apolitique comme le reflète son comité d’orientation. La Ligue des droits de l’homme ou SOS racisme ont un ancrage politique fort. Ce n’est pas le cas du Cercle de la LICRA dont la spécificité est d’être animé par les valeurs républicaines. Il est parfois difficile de vivre avec cette indépendance, mais c’est notre ADN !

Martine Benayoun- Diverses personnalités de gauche comme de droite issues du monde politique, de la société civile et de la recherche ont accepté de siéger au Conseil d'orientation du Cercle de la LICRA : Elisabeth Guigou, Noëlle Lenoir, William Bourdon, Bruno Tertrais, Frédéric Encel… Le Conseil donnera les grandes tendances de la programmation des débats. Les responsables de pôle seront chargés de nourrir la réflexion en lien avec les experts. Le Cercle sera la plateforme d'échanges et de débats de l'association, faisant le lien entre l'analyse et l'action. Il sera la passerelle entre les experts et les militants qui souhaitent de plus en plus appuyer leur action sur une analyse argumentée

* Propos recueillis par Estelle Poidevin   .