Les bon mots, les petites phrases : les politiques ne se distinguent pas toujours pour ce que l’on croit. Jean-Luc Mano, le communicant des politiques, publie un ouvrage sur Les perles des politiques et recense les 300 perles d’anthologie. Alors comme dirait Raymond Barre, "quand le moment est venu, l’heure est arrivée." Interview.

 

Nonfiction.fr- A l’heure où la plupart des communicants politiques aborde la montée de l’extrême droite ou l’affaire DSK, vous publiez un ouvrage sur les bourdes des politiques. Vous pensez que vos collègues en font trop ?

Jean Luc Mano- Non, je ne le pense pas. Il y a un temps pour entendre les choses très sérieuses. L’affaire DSK est une chose sérieuse, la montée de Marine Le Pen encore plus. Décrypter ces phénomènes est naturel et souhaitable. En même temps, la perception de l’actualité peut être souriante. L’été approche, j’ai voulu traiter une actualité plus souriante que les autres.

 

Nonfiction.fr- D’après vous, une perle rend-elle son auteur plus sympathique ou moins crédible aux yeux de l’opinion ?

Jean Luc Mano- J’en parle justement dans l’introduction. Il y a deux types d’humour, d’un côté l’humour malgré soi, involontaire et de l’autre la saillie drôle et travaillée. En règle générale et dans les deux cas, les Français sont plutôt bienveillants. Ils considèrent l’humour comme une forme de talent. Le constat est simple : un homme politique drôle, c’est un homme politique proche d’eux. Il rentre dans leurs codes.

 

Nonfiction.fr- En 2002, beaucoup ont reproché à Lionel Jospin de ne pas avoir assez "fondu l’armure". Ce genre de tirade, de bourde aurait-elle pu changer la donne ?

Jean Luc Mano- La capacité à faire rire, par une formule volontaire ou involontaire d’ailleurs, dénote évidemment une forme d’humanité. Dans le cas de Jospin, elle aurait pu l’aider à gagner en proximité avec les Français. Ce gain d’humanité aurait pu le servir. Cependant, entre vous et moi, si une formule aurait pu lui permettre de fondre l’acier, les raisons de la défaite sont ailleurs.

 

Nonfiction.fr- Vous avez recensé toutes les perles des politiques de Jacques Chirac à Nicolas Sarkozy, en passant par Eva Joly. Si vous ne deviez en garder qu’une, vous conserveriez laquelle ?

Jean Luc Mano- Ecoutez, dans mon livre, il y a une double page sur les présidents de la Ve république. Ce sont mes préférées. Du Général De Gaulle, qui avait répondu à quelqu'un qui l'apostrophait en public en criant "Mort aux cons", "Vaste programme" à Nicolas Sarkozy et son fameux "Casse-toi pov’con !", on voit bien que l’humour dénote quelques chose, un trait de caractère, une assurance pour l’un, une impulsivité pour l’autre. La comparaison entre les présidents est frappante car elle traduit le style, la culture, le parcours de chacun. L’humour "gagesque" de Chirac aussi, lorsque au cours d’un déplacement dans le Gers, il avait été insulté de "connard". Il avait répondu en tendant la main vers la personne "enchanté, moi c'est Jacques Chirac".

Si on sort des présidents, il y en a une qui me plaît particulièrement. Celle de Dominique Strauss-Kahn lorsqu’on lui parlait de l’alliance entre Besancenot et Laguiller. Il répondait alors : "C’est l’alliance entre un facteur et une timbrée"

Propos receuillis par Julien Miro