Christine Albanel, Ministre de la culture, déplore "les prises de position récentes appelant à ne pas participer à la 28e édition du Salon du livre de Paris, au motif que la littérature d’Israël en sera l’invité d’honneur". C'est ce que nous dit Livres Hebdo, reprenant en ceci un communiqué de presse paru le 2 mars. Le salon du livre doit pour elle être un lieu d'échange et de débat libre, "propice au dialogue le plus ouvert entre les cultures". Le Syndicat national du livre (SNE) s'aligne sur cette position, soulignant que "l'invitation d'une littérature étrangère au Salon du livre de Paris n'est pas un acte politique, mais la proposition d'un dialogue entre les cultures. Boycotter des écrivains ne fera rien avancer, bien au contraire".

Le Monde publiait récemment un article critique de Tariq Ramadan, professeur islamologue à l'université d'Oxford, qui appelait au boycott de la Foire du livre de Turin, mais à une présence critique au Salon de Paris. La différence serait l'approche, car c'est l'État d'Israël qui est célébré à Turin, alors que c(e n)'est (que) la littérature israélienne qui est à l'honneur à Paris. Israélienne ? Pas tout à fait, comme le remarque l'auteur / éditeur Mikaël Parienté dans un point de vue publié dans Libération le 29 février, intitulé "Littérature hébraïque ou israélienne ?".

Il faut reconnaître que pour être cohérents, créer les conditions de débats libres, de rencontres fructueuses, cette mise à l'honneur d'Israël à travers ses seules écritures en hébreu n'était pas du plus judicieux, et constitue quoi qu'on en dise un acte politique, malgré soi et maladroit peut-être. Par ailleurs, comme le remarque le SNE, "l'invitation d'Israël en 2008 a été annoncée il y a plus d'un an : les pays qui viennent d'annuler leur stand l'avaient réservé en connaissance de cause. Cela n'empêche pas certains éditeurs de ces pays de vouloir venir quand même à titre individuel".


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