La série “Literature in Context” de Cambridge University Press vient de publier son volume sur Marcel Proust, dirigé par Adam Watt. Un ouvrage de référence.

Après Virginia Woolf, George Eliot, James Joyce, et quelques autres, la série des écrivains “mis en contexte” par la maison d’édition Cambridge University Press vient finalement d’inclure un volume consacré à Marcel Proust. Dirigé par Adam Watt, l’ouvrage présente une trentaine de courts articles visant à remettre la vie et l’œuvre de Proust en situation.

Parfaitement organisé, le livre s’articule autour de trois chapitres distincts. Le premier s’occupe des données biographiques et matérielles de Proust et son œuvre : sa vie (William C. Carter), sa correspondance infinie (Luc Fraisse), l’écriture de la Recherche (Nathalie Aubert, Nathalie Mauriac Dyer), les influences d’autres auteurs, en particulier Ruskin (Cynthia Gamble).

La deuxième partie, intitulée “Historical and Cultural Contexts”, s’occupe de plusieurs thèmes ayant dominé la vie intellectuelle du début du XXe siècle : la psychanalyse (Céline Surprenant), l’affaire Dreyfus (Edward J. Hughes), la religion, le voyage (Margaret Topping), et tant d’autres. Une série de textes analyse également l’état des arts à l’époque de Proust et la relation que celui-ci entretenait avec eux : au premier chef, bien sûr, la littérature (Caroline Szylowicz, Marion Schmid, Hughes Azérad), mais également la musique (Julian Johnson), la peinture (Gabrielle Townsend), la philosophie (Thomas Baldwin), le théâtre et la danse (Áine Larkin).

Enfin, une troisième et dernière partie examine la réception critique de l’œuvre de Proust : quatre articles, particulièrement précieux, analysent chronologiquement les divers heurs critiques de À la recherche du temps perdu (Anna Magdalena Elsner, Vincent Ferré, Thomas Baldwin, Adam Watt) ; tandis que David Ellison se demande dans quelle mesure nous pouvons ranger Proust dans la catégorie du modernisme, Michael Wood nous présente une vue d’ensemble des traductions de Proust (principalement ses traductions anglaises, quoiqu’il fasse également quelques références à Pedro Salinas et à Walter Benjamin). Margaret E. Gray, de son côté, dans un bel article, questionne les notions de goût et d’art chez Proust afin de mieux comprendre la manière dont la “culture populaire” (popular culture) s’est emparée de À la recherche du temps perdu.

Le format du livre, composé de courts textes, tous rédigés par des universitaires au travail de qualité, fait de Marcel Proust in Context un volume à ranger parmi les ouvrages proustiens de référence, comme le Dictionnaire Marcel Proust (dirigé par Annick Bouillaguet et Brian G. Rogers), avec lequel il partage une visée panoramique. C’est en somme une prouesse d’avoir réussi à réunir tant de fils différents dans un seul ouvrage, donnant ainsi au lecteur non seulement un outil extrêmement utile (également pourvu d’une chronologie et d’une bibliographie thématique), mais aussi un beau miroir de la richesse presque infinie de l’œuvre de Proust.