Alain Robbe-Grillet est décédé dans la nuit de dimanche à lundi, au centre hospitalier de Caen, des suites d'un problème cardiaque, à l'âge de 85 ans.
Chef de file du Nouveau roman, qui a rassemblé, avec le soutien de l'éditeur des Editions de Minuit, Jérôme Lindon, entre autres, Nathalie Sarraute, Robert Pinget, Michel Butor ou Claude Simon, ses romans les plus célèbres sont Les gommes et Le voyeur, ou encore, malgré son succès modeste, La jalousie. Selon Michel Contat, dans l'article qui lui est dédié dans Le Monde, il pensait "qu'en art comme en science, il y a progrès, et que les vérités neuves s'imposent en rendant caduques les anciennes" : la vérité neuve qu'il aura cherché à introduire en littérature, dans le sillage d'auteurs comme Proust, Kafka ou Blanchot (qui fait partie des premières personnes à l'avoir soutenu), c'est l'idée d'un roman en quelque sorte conscient de son statut de roman, "aventure d'une écriture" plutôt qu'"écriture d'une aventure", pour reprendre ici les mots de Jean Ricardou, où l'instance énionciatrice se met elle-même en scène, en relatant ses difficultés, multipliant les lieux et même les voix d'où elle prend la parole, s'efforçant de scruter au plus près chacun des moindres détails qui composent un récit désormais éclaté.
Dans cette démarche collective de remise en cause de l'écriture romanesque telle que léguée en héritage par le XIXe siècle, Alain Robbe-Grillet s'est fait remarquer par des thèmes plus spécifiques et par un certain goût de la provocation, dont ce qui restera donc comme son dernier ouvrage, Un roman sentimental témoigne plus particulièrement, par sa reprise des obsessions en lien avec la perversion.
Il a également été associé à des projets cinématographiques (écriture du scénario de L'année dernière à Marienbad d'Alain Resnais) et réalisé lui-même un certain nombre de films, notamment Glissements progressifs du plaisir ou La belle captive.
* À lire également : le dossier de Bibliobs à propos d'Alain Robbe-Grillet
