Renaud Camus assume enfin pleinement ses idées. Il vient d’annoncer son soutien à la candidature de Marine Le Pen à l’élection présidentielle au nom du "désir de résistance au multiculturalisme sans frontière et à la contre-colonisation." Cette déclaration fait suite à l’échec de sa propre candidature pour le parti de l’Innocence, créé il y a dix ans autour "des valeurs de civisme, de civilité, de civilisation, d'urbanité, de respect de la parole et d'innocence"  

Qu’importe, l’influence politique de Renaud Camus est absolument nulle, serait-on tenté de commenter ? Sauf que l’auteur de Tricks, militant gay respecté dans les années 1980, jouit toujours d’une réputation prestigieuse dans le monde littéraire. Régulièrement invité par Alain Finkielkraut dans son émission Répliques sur France Culture pour des séances prolongées de lamentations sur la décadence contemporaine, il a encore récemment été qualifié comme un ami par Emmanuel Carrère, l’auteur de Limonov. Et ses deux éditeurs privilégiés, POL et Fayard, ne se sont jamais désolidarisés de ses dérives politiques. Douze ans après ses saillies jugées antisémites contre "les collaborateurs juifs" de France Culture, Camus est aujourd'hui obsédé par la "sinistre novlangue qui pour ne pas blesser la sensibilité à fleur de peau des antiracistes organiques nomme la société arabo-noire "les milieux populaires", les territoires africano-musulmans "les cités"..."

Le parcours de Renaud Camus est significatif de l’évolution d’une partie de l’intelligentsia française qui oppose une conception élitiste et littéraire de l’identité française au métissage culturel. La stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen pour rendre son parti respectable progresse aussi quand les digues idéologiques sautent dans le milieu intellectuel. On ne s’étonnera donc pas de voir Renaud Camus au meeting de la candidate du FN dimanche à Nantes

* Article actualisé le 23 mars à 17h50.  

 

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