Invités à présenter les propositions de leurs candidats respectifs à l’élection présidentielle, Aurélie Filippetti (députée socialiste), Franck Riester (député de la majorité), Hervé Pérard (EELV), Alain Hayot ( Front de Gauche ) et Arnaud Dassier (Modem) ont participé hier soir à l’évènement " si j’étais président " organisé par l’ADAMI   dans la grande salle de la Gaîté Lyrique. Par le biais d’un petit dépliant distribué à l’entrée de la salle, les professionnels des secteurs concernés ont fait part de cinq propositions aux candidats à l’élection présidentielle visant à une réorganisation et à un redéploiement des droits des auteurs, des producteurs et des interprètes suite aux bouleversements qu’entraîne le numérique.

Dans son éditorial l’ADAMI précise : " à l’ère de la convergence des médias, il est urgent d’adapter à nouveau notre droit pour faciliter l’accès au contenus, réduire la piraterie et rééquilibrer le partage de la valeur : [en somme définir] une propriété intellectuelle 2.0 ". Les cinq intervenants ont pour consigne de répondre à des questions comme " la gestion collective sur internet " pour l’usage de la musique et l’audiovisuel en ligne, la " préserv[ation] [de] la rémunération pour copie privée ", la mise en place d’un " guichet de référencement des œuvres audiovisuelles ", une " optimisation des métadonnées " pour un meilleur référencement des œuvres musicales et audiovisuelles ou bien une " harmonisation dans la durée des droits voisins ".

Les poncifs se sont succédés : " la culture est un bien commun " ont rappelé Aurélie Filippetti et Alain Hayot, " la culture peut contribuer au bien-être de chacun " a déclaré Hervé Pérard, " le rôle de l’Etat, à l’ère du numérique, consiste à favoriser les mutations en cours " a soutenu Arnaud Dassier. Quant à Franck Riester il a affirmé que " [le président- candidat] souhaite faire de la culture le ciment de son projet ". Occupé à défendre le bilan du quinquennat en matière de politique culturelle et numérique, notamment l’Hadopi, Franck Riester s’est démarqué des pistes de réflexion lancées par les autres intervenants.

A l’issue du débat, la question de la culture à l’ère du numérique a effectivement été traité (pas complètement), le plus souvent avec de bonnes déclarations et non avec de long discours. La question du rôle de l’Etat en matière de défense de l'exception culturelle française et l’accompagnement des mutations numériques en cours ont notamment été abordés. Chacun a mis en avant l'idée d'innovation sans  apporter de réponse concrète sur la rémunération des artistes à l’heure du numérique. Aurélie Filippetti a défendu   le développement de l’offre légale et le soutien à des actions de lutte contre le piratage, ainsi qu’une refondation de la fiscalité visant les fournisseurs d’accès à internet. Pour Hervé Pérard,"on ne peut être complètement contre le peer-to-peer ", car l’échange suscite un intérêt pour l’œuvre, ce-ci  bénéficie ensuite à l’artiste. On ne peut donc pas interdire l’échange non marchand. Il faut légaliser ce qui à présent est appelé à tort ’piratage’. Il faut changer les mots, et leur connotation, puis mettre en place une contribution pour chaque internaute, d’environ 5 euros : " c’est une base de discussion avec les partenaires ". Arnaud Dassier représentant du Modem s’est associé à cette déclaration tout en ajoutant qu’" il ne faut pas taxer plus que maintenant, car si on le fait, on va freiner l’émergence d’acteurs numériques français dans le domaine des offres légales ". Le Front de Gauche suggère quant à lui d’aider à " l’émergence d’un service public de l’Internet ". Le souci de la concertation avec l’ensemble des acteurs de la chaine culture/numérique est resté central dans son développement. Quant à Franck Riester, il a conclu en annonçant que le " président de la République se déclarera très prochainement sur les questions du numérique et de la culture ".