Dans la nuit du 22 au 23 mai 2011, le Pakistan, désormais coutumier d’attentats récurrents   , était secoué par une nouvelle attaque dont la base aéronavale de Mehran à Karachi, quartier général de l’aviation navale, était le théâtre. Située sur une importante artère de Karachi, la Shahrah-e-Faisal, elle se trouvait à 24 kilomètres de la base aérienne de Masroor qui accueillait probablement le plus grand dépôt d’armes nucléaires du pays.

L’armée et l’Inter-Services Intelligence (ISI   ) ont une nouvelle fois été l’objet de critiques, alors que le pays tentait de resserrer les rangs après l’épisode Ben Laden   . Au demeurant, l’heure était à l’inquiétude : en plus de voir sa souveraineté menacée par un "impérialisme" américain jugé résurgent, la population assistait aux répliques successives des alliés d’Al Qaeda en territoire pakistanais.

Le 13 mai, le Mouvement des Talibans du Pakistan   s’était livré à une première "opération". Il avait pris pour cible le centre de formation de forces paramilitaires de Shabqadar (ville située à une trentaine de kilomètres de Peshawar   , faisant 98 victimes.


Des retombées de la politique étrangère afghane du Pakistan

Au lendemain des événements de Karachi de mai 2011, les observateurs rappelèrent que dix-neuf mois auparavant (le 10 octobre 2009), le Quartier Général de l’Armée à Rawalpindi avait été la cible d’un attentat également spectaculaire   . Depuis lors, la capacité revendiquée par l’armée à assurer pleinement la sécurité du pays face à une classe politique préoccupée d’intérêts particuliers laissait davantage perplexe.

Si les "militants"   parvenaient aisément à pénétrer à l’intérieur du périmètre où les militaires (et leurs familles) vivaient, à quel avenir le pays devrait-il bientôt faire face ? Les Pakistanais, au regard des attentats qui rythmaient leur vie quotidienne, ne pouvaient pas se féliciter des dividendes désormais perceptibles de la politique étrangère afghane que l’armée et l’ISI (ou en tout cas, certains de ses courants   ) avaient peu à peu esquissée suite à l’intervention américaine en Afghanistan (octobre 2001).

Appuyant bon gré mal gré la "guerre contre la terreur" états-unienne (septembre 2001), le Pakistan n’avait pas renoncé pour autant à la "profondeur stratégique" dont il avait joui – durant l’administration talibane – en territoire afghan. Ses stratèges avaient inauguré une "politique de deux fers au feu". L’"arrière-cour" afghane demeurait indispensable à toute défense à l’encontre d’un "ennemi" indien qui s’attachait désormais à nouer des liens durables avec Kaboul. Selon l’analyse communément admise que la scène afghano-pakistanaise tend de plus en plus à appuyer, Islamabad et Rawalpindi auraient choisi de procéder au réarmement des talibans afghans. "Dommage collatéral" : le Pakistan amorçait voire donnait de l’élan à un phénomène taliban en son territoire qui en viendrait rapidement à mettre en danger sa population civile.

Le pays obtenait des résultats non négligeables. Ainsi les Etats-Unis, soucieux de se dégager au moins partiellement du bourbier afghan, annonçaient le 22 juin 2011 au lendemain de la disparition d’Osama Ben Laden (le 2 mai précédent) le retrait progressif d’ici septembre 2012 de quelques 33 000 hommes, soit le tiers des forces stationnées en Afghanistan.

Deux épisodes marquants

La mégalopole de Karachi   avait longtemps été épargnée par les attentats de la mouvance talibane. Ce que l’on nommait aussi le "poumon économique" du pays était, il est vrai, le théâtre régulier de "meurtres ciblés" (target killings). Ceux-ci, à la veille du retrait du Mouvement National Uni (Muttahida Qaumi Movement, MQM,) de la coalition gouvernementale centrale   , s’étaient d’ailleurs intensifiés   . Ils opposaient tout particulièrement le MQM, représentant par excellence des mohajirs   , au Mouvement National Uni   dont le Sindh était, au demeurant, le bastion, mais surtout à un second allié d’importance : le Parti National Démocratique (l’Awami National Party, ANP), porte-parole de l’ethnie pachtoune, laquelle compte 7 millions de membres à Karachi. Et ils réveillèrent les frayeurs qui avaient rythmé la ville, en particulier durant la décennie 1990.

Deux autres épisodes avaient tout particulièrement marqué les esprits : les circonstances qui avaient entouré la visite, le 12 mai 2007, d’Iftikhar Muhammad Chaudhry, et l’attentat qui, le 18 octobre suivant, avait marqué le retour de l’ancienne Premier ministre, Benazir Bhutto, après un long exil.

Le Président Pervez Musharraf, soucieux d’assurer sa pérennité politique à la tête du pays, avait suspendu au début du mois de mars 2007 Chaudhry de ses fonctions de président de la Cour Suprême   , suscitant le réveil inattendu de la société civile, mais également de barreau pakistanais qui n’avait guère dédaigné la collaboration avec les gouvernements militaires successifs. Chaudhry, qui souhaitait le 12 mai s’adresser aux membres de l’association du barreau de Karachi à l’occasion du cinquantième anniversaire de la création de la Cour Suprême pakistanaise, n’avait pas pu quitter l’aéroport. Dès son arrivée, des violences avaient opposé ses partisans (notamment des membres ou sympathisants du PPP et de l’ANP) au MQM   . Les observateurs soulignèrent ce qui semblait s’imposer comme une évidence : le Mouvement National Uni (MQM) qui régnait sur les destinées de Karachi était responsable du déclenchement des troubles   . Il était ainsi venu au secours de son allié d’alors au Centre, la Ligue Musulmane Pakistanaise-Q   que Musharraf avait créé peu après son coup d’Etat d’octobre 1999.

Le 18 octobre 2007, c’était au tour de Benazir Bhutto, chef du PPP, d’être la cible d’un attentat, alors que revenue d’un long exil, elle présidait à un meeting ; l’importante déflagration fit plus de 150 victimes   .

Karachi, longtemps épargnée par les attentats meurtriers de la mouvance talibane ?

A Karachi, l’harmonie intercommunautaire constituait un second enjeu. La fin de l’année 2009 avait été marquée par un attentat suicide qui avait visé la communauté chiite au moment où quelques 60 000 pèlerins commémoraient l’Achoura   : 43 personnes avaient péri. On avait immédiatement songé à une "opération" talibane, alors que la cité portuaire de Karachi, pourtant importante à l’effort de guerre de l’OTAN, en était venue à penser qu’elle constituait une exception au Pakistan.

A la mi-octobre 2009 une offensive aérienne et terrestre d’envergure qui portait le nom symbolique du Rah-e-Nijat – Chemin du Salut – avait été inaugurée dans la zone tribale du Waziristan du Sud. La mouvance talibane envisageait-elle de déstabiliser Karachi en instrumentalisant une inimitié entre sunnites et chiites qui participait de l’héritage malheureux de l’ère Zia ul-Haq (juillet 1977-août 1988) et de sa tentative d’imposer un islam rigoriste   ? Après le drame, nombre d’échoppes avaient brûlé jusqu’au petit matin ; les émeutiers avaient également mis le feu à des stations de police. De telles scènes s’expliquaient-elles par la seule colère des pèlerins ? Fallait-il y déceler, comme certains l’avaient murmuré, une implication du MQM qui aurait saisi l’opportunité de s’en prendre à des commerçants qui refusaient son autorité ? Ou la responsabilité était-elle indienne ? Le journaliste Ahmed Quraishi, pour sa part, retenait cette dernière hypothèse, soulignant que l’attentat suicide jamais n’avait fait partie de la panoplie des moyens dont usait le "sectarianisme"   .

Le 5 février 2010, la commémoration de la disparition de l’imam Hussain et des victimes du 29 décembre 2009 (au quarantième jour, conformément au culte musulman) avait suscité une réplique terroriste, comme l’avaient craint les autorités   . Une charge d’explosifs avait explosé au passage de l’autobus transportant veuves et orphelins. A peine les victimes arrivées à l’hôpital Jinnah, une seconde charge avait explosé. La police avait retenu le nom d’un mouvement proche des talibans et d’Al-Qaeda, le Jundollah (ou Jundallah, l'Armée de Dieu) qui d’après elle était également responsable de l’attentat de l’Achoura.

Deux autres attentats avaient eu lieu, l’un à Lahore, l’autre à Karachi, alors que la communauté chiite commémorait de nouveau le "martyr de l’imam Hussain" au mois de janvier 2011. Cette fois-ci, un groupe proche d’Al-Qaeda et du Tehrik-e-Taliban Pakistan, le Fedayeen-e-Islam   , en avait revendiqué la responsabilité.

L’attentat de Mehran

Ilot de "stabilité", Karachi offrait-elle un havre aux talibans qui y auraient – en toute impunité – établi des filières ? Ceux-ci pouvaient-ils, dans ses méandres également y trouver des soins lorsqu’ils étaient blessés ? Ou la situation géographique de Karachi, ville portuaire à la frontière du Baloutchistan   , était-elle un atout qu’ils se devaient de ménager   ? Certains observateurs basés à Karachi n’excluaient pas qu’un accord secret ou une simple entente tacite aient été conclus entre ce parti politique qui dominait les destinées de Karachi et les talibans. Mais c’était oublier l’influence que l’ISI exerçait sur l’ensemble du territoire pakistanais. D’autres analystes insistaient sur le renforcement de la présence de la CIA dans la ville, soutenu par le MQM.

Suite à l’enlèvement puis à l’assassinat, en 2008, de Shaukat Afridi, directeur de la principale compagnie de transport qui collaborait avec l’OTAN, le rythme quotidien des convois avait nettement décru   . En 2010, seize attaques qui visaient des convois de l’OTAN se dirigeant vers le col de Khyber ont eu lieu dans les environs de Karachi   . La tranquillité dans la ville portuaire n’était donc qu’apparente.

Vers la fin d’avril 2011, trois autobus transportant du personnel des forces navales ont été pris pour cible par les talibans pakistanais. Constatant que le Tehrik-e-Taliban Pakistan n’avait pu agir sans connaître l’itinéraire que la marine pakistanaise avait choisi, les observateurs s’interrogèrent une nouvelle fois sur la problématique d’une complicité certaine. Bénéficiant désormais du soutien de la police, la marine se devait d’être d’autant plus prudente que la densité de population dans la mégalopole était importante.

Le 22 mai 2011 marqua-t-il un tournant ? Un commando pénétra de nuit dans l'une des plus importantes bases militaires du pays - la PNS de Mehran, bénéficiant à l’évidence de complicités dans les rangs de l’armée, comme le notaient les Pakistanais dialoguant sur des réseaux sociaux tels twitter. Une longue bataille s’ensuivit : alors que le gouvernement estimait à six le nombre d’assaillants, le commando était composé de 15 à 20 personnes, selon les chiffres que l’on tendit en définitive à retenir   . Usant de lance-roquettes, il parvint détruire deux avions de patrouille maritime P-3C Orion que les Etats-Unis avaient livrés au Pakistan l’année précédente.

Le 23 mai à 7h30 du matin, le TTP – dont les liens avec Al Qaeda n’étaient plus à prouver – revendiquait l’attentat. Son porte-parole Ehsanullah Ehsan indiqua à l’agence Reuters que cette troisième "opération" visait à venger "le martyr d’Osama Ben Laden", et à prouver que la mouvance talibane demeurait unie et puissante. Les combats engagés par le Naval Special Services Group soutenus par les Pakistan Marines prenaient fin à la mi-journée : 10 à 15 personnes avaient été tuées en plus des kamikhazes. Peu après la fin des combats, une explosion endommagea un pont sur la route principale reliant Islamabad à Peshawar.

Islamabad et Rawalpindi face à la contestation

Le Pakistan a ordonné une enquête dont fut chargée une équipe comprenant notamment des officiers de la Pakistan Navy, de la Pakistan Air Force et de la Naval Intelligence (les services de renseignements de la marine), dirigée par un vice-amiral dont le nom fut tenu secret en raison de la situation sécuritaire.

Anders Fogh Rasmussen, secrétaire général de l’OTAN, se voulut rassurant : certes, la sécurité des installations nucléaires pakistanaises constituait une préoccupation majeure, mais il se déclarait convaincu que le pays en assurait la protection. La réaction des Etats-Unis, qui n’avaient guère caché leurs doutes quant à la coopération pakistanaise suite à l’épisode Ben Laden, fut mesurée : ils condamnèrent l’attentat tout en soulignant que le Pakistan conservait tout leur soutien en ces temps difficiles.

Les Pakistanais s’interrogèrent sur l’incapacité de l’armée, dont l’important budget n’était jamais soumis au vote du Parlement, à assurer leur sécurité ; un questionnement dont Islamabad mais surtout Rawalpindi ne voulaient pas. Au début du mois de juin, la Pakistan Electronic Media Regulatory Authority (PEMRA) mit quatre chaînes d’information privées en garde   au nom de leur "responsabilité journalistique" et d’impératifs éthiques devant la société, les institutions et le pays transgressés par leur couverture des événements de Mehran, accusée de susciter des sentiments anti-nationaux   . "Certaines chaînes d’information" avaient même été jusqu’à attenter à la réputation "des agences de sécurité, des forces armées et des institutions étatiques"   . Le 6 juin 2011, la Cour Suprême avait ordonné à la PEMRA de lever l’interdiction d’émettre qui frappait Geo Sports.

La marine cherchait-elle également à faire diversion face à une révélation embarrassante ? Ses bases accueillaient en effet des salles de mariage qui constituait une source illégale de revenus. Surtout, Islamabad et Rawalpindi n’avaient guère apprécié les débats télévisés consécutifs à l’opération américaine d’Abbotabad qui avait conduit à la capture de Ben Laden. L’Asian Human Rights Commission avait notamment rappelé que l’armée, non comptable de ses actes, avait ouvert des centres de détention illégaux, usait fréquemment de la torture et avait recours à ce que l’on nommait des "meurtres extra-judiciaires"   .

De son côté, le Général Talat Masood (désormais à la retraite) signalait que les "politiques nationales et militaires" s’avéraient "inadéquates"   . Le plus grand danger auquel le pays était confronté était intérieur et portait les noms de terrorisme, d’insurrection et d’extrémisme, d’où la nécessité d’élaborer une politique sécuritaire qui conduirait à une union nationale. Certes le pays s’était déjà engagé dans une "guerre asymétrique" dans le Swat et les zones tribales. Mais il était nécessaire de fournir davantage d’efforts et de "réévaluer la nature de la menace", tandis que l’armée s’attacherait à "une plus grande clarté idéologique", consentant à être davantage comptable de ses actes. En effet, le soutien de la population était "vital" à toute victoire. Et Masood de regretter que le "gouvernement civil" n’ait pas tenté d’œuvrer en faveur d’un véritable consensus national.

Sursaut tardif alors que l’armée s’alarmait de ce que l’islamisme militant gagnait davantage ses rangs ? Si l’on en croit des rapports qui n’ont aucun caractère officiel, les instances dirigeantes des forces armées auraient interdit aux membres jihadistes du clergé l’accès aux mosquées des cantonnements militaires   . De même, soldats et officiers n’auraient plus été autorisés à effectuer des missions spéciales dont l’objectif était d’obtenir la conscription au sein de la population civile par la diffusion d’un message islamiste. Et Murtaza Razvi du très respecté quotidien The Dawn de souligner l’adhésion de la population à l’éradication de l’extrémisme en son sol   .

Le meurtre de Syed Saleem Shahzad

Le 31 mai 2011, le corps de Syed Saleem Shahzad, qui avait quitté deux jours auparavant son domicile d’Islamabad pour participer à une émission de Dunya News, était repêché à 130 kilomètres de la capitale. Le chef du bureau pakistanais d’Asia Times Online – qui travaillait aussi pour l’agence de presse italienne Adnkronos International (AKI) – avait vraisemblablement succombé à de sévères blessures qui témoignaient de l’usage de la torture. Qui avait donc commandité son enlèvement ? L’armée ou l’ISI pouvaient en être les auteurs. Ali Dayan Hasan, directeur du Département Asie de l’Human Rights Watch, indiqua que ce meurtre portait la marque des services de renseignements militaires.

Shahzad, qui venait d’achever d’écrire un livre au titre significatif (Inside Al Qaeda and the Taliban: Beyond bin Laden and 9/11), avait publié le 27 mai 2011 sur le site internet de l’Asia Times Online le premier volet d’une enquête   . Selon lui, les services de renseignements de la marine militaire étaient parvenus à localiser à Karachi une cellule d’Al-Qaeda qui ne cachait pas son opposition au commandement de l’armée. Etaient également envisagés des attentats à l’encontre de personnalités américaines qui se rendaient régulièrement au Pakistan. Une dizaine de personnes, principalement issues des rangs inférieurs, avaient été interpellées. Leur lieu de détention avait été changé une fois au moins (Shahzad n’étant pas plus précis), ceux que le journaliste qualifiait de "militants" ayant informé la base de Mehran qu’ils en connaissaient l’emplacement.

A considérer l’importante infiltration d’Al-Qaeda, la Naval Intelligence avait jugé indispensable d’agir avec la plus grande circonspection. Aussi le haut commandement de la marine avait-il consenti à l’ouverture "d’une ligne de communication avec Al-Qaeda"   qui avait exigé la relaxe immédiate des suspects. Or les services de renseignements de la marine attendaient, avec impatience, le moment propice à la tenue d’un véritable interrogatoire : le Pakistan s’inquiétait de ce que de plus grands dangers ne pèsent sur l’approvisionnement de l’OTAN non plus seulement sur la route menant de Karachi vers l’Afghanistan, mais dans le port de Karachi lui-même. L’on avait indiqué aux prisonniers qu’une fois l’enquête terminée, ils seraient libérés de tout engagement militaire et relâchés. Al-Qaeda avait jugé ces termes inacceptables. Après une seconde vague d’arrestations, les attentats d’avril 2011 constituèrent un premier avertissement. Une semaine après la mort de Ben Laden, des complices au sein des forces aéronavales de Mehran avaient fourni au TTP divers documents dont des cartes et des photographies des points d’entrée et de sortie de la base, permettant à trois commandos de s’y introduire le 22 mai malgré son remarquable dispositif de sécurité.

L’ISI s’est défendue de toute culpabilité dans le meurtre de Syed Saleem Shahzad, malgré la probable responsabilité de sa direction   . Elle cherchait à parer aux critiques qui s’élevaient au lendemain de l’épisode de Mehran et indiquait à la communauté des journalistes, qui dénombrait 37 victimes en son sein depuis le 11 septembre 2001, que la "modération" était de mise. L’ISI, pour sa part, qualifia l’assassinat de Shazhad de tragique, et s’inquiéta de ce qu’on l’instrumentalise afin de porter atteinte à sa réputation. Parallèlement, des membres prééminents de l’agence entrèrent en contact avec des journalistes pour les enjoindre à modérer leurs critiques, tandis qu’eux-mêmes s’attacheraient à prôner l’unité nationale.

Alors que le journaliste Hameed Haroon indiquait que des officiers de l’ISI avaient menacé de mort Shahzad à au moins trois reprises ces cinq dernières années, la politologue et journaliste Ayesha Siddiqa estimait qu’il était devenu "bien trop cavalier"   . Il avait traversé "une ligne imaginaire" et "on avait jugé qu’il méritait une leçon". Elle soulignait ainsi le dilemme de certains membres de l’élite pakistanaise qui s’alarment de la lente "descente aux enfers" du Pakistan tout en ayant accès aux plus hautes personnalités avec lesquelles elles partagent parfois des liens de proche parenté