Depuis les élections de 1977, le Front des gauches gérait les affaires du Bengale occidental, tandis que même les alliés du PCI(M)   )  cachaient mal leur lassitude face à une domination, souvent jugée arrogante, qui ne reconnaissait que du bout des lèvres des "errements" pourtant graves.

Les instances suprêmes du PCI(M), pour leur part, s’étaient fréquemment abstenues de rappels à l’ordre qui provoquaient le mécontentement de la section bengalie. Il est vrai que la génération de dirigeants qui succédait à la "vieille garde"   ne disposait pas d’une autorité qui lui permettait de rendre un arbitrage qui aurait un caractère obligatoire.

La voie parlementaire que le PCI, renonçant à toute tentation révolutionnaire, avait adoptée en 1951 avait-elle poussé les cadres communistes à accorder leur attention aux rouages de la légalité républicaine plutôt que de plonger, comme c’était le cas auparavant, aux racines de l’Inde rurale et urbaine, devenant ainsi ce que l’on nommait des mass leaders ? Encore le PCI(M), plus que d’autres dans l’Inde républicaine, avait-il bon an mal an tenté d’allier ces deux nécessaires dimensions, notamment dans ses "bastions" du Bengale, du Kérala et de Tripura. Mais le PCI s’interrogeait quant à la logique qui empêchait l’union des deux partis aux programmes désormais bien similaires   .

L’on s’interrogeait sur les méthodes de verrouillage électoral que le Parti marxiste bengali auraient mises en place : la longévité de cette formation politique semblait suspecte, comme l’admettait par exemple en coulisses des membres du PCI(M) kéralais   . Mais certains analystes, osant une note discordante, soulignaient la constance peu commune de l’électorat bengali qui avait longtemps apporté son soutien au Parti du Congrès, y renonçant en définitive pour appuyer le Front des gauches.

En tout état de cause, les observateurs qui incluaient nombre d’anciens sympathisants du PCI(M) issus de l’intelligentsia se félicitaient de ce que la Commission électorale eût enfin adopté de nécessaires mesures à la veille de la campagne de 2011. Six phases avaient ainsi été définies (les 18, 23 et 27 avril ainsi que les 3, 7 et 10 mai) : les dates des scrutins successifs autoriseraient le large contingent des forces de sécurité déployées à se déplacer ; et les électeurs voteraient librement   . C’était là la lecture généralement retenue qui tendait néanmoins à une schématisation d’une réalité complexe


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