D’abord, en raison de la collection elle-même qui fonde son originalité en combinant petits formats et riches illustrations. Photos, affiches et caricatures en agrémentent ainsi la lecture, complétées par la rubrique « témoignages et documents ». Ensuite, parce que l’auteur est un des tous meilleurs historiens du communisme en général, et de la Russie soviétique en particulier.
Enfin, Nicolas Werth parvient à dégager les tenants et les aboutissants de la révolution russe, à nous faire revivre les événements à la fois dans leur dynamique profonde et dans leur imprévisibilité, leur contingence. Il rappelle que la révolution d’octobre 1917 apparaît comme « la convergence de deux mouvements : une prise du pouvoir politique par les bolcheviks, fruit d’une minutieuse préparation insurrectionnelle [alors que les « journées de février » étaient spontanées et imprévues, ndlr], et une vaste révolution sociale. Momentanément, coup d’État politique et révolution sociale convergent, ou, plus exactement, se télescopent, avant de diverger pendant des décennies de dictature. » Ainsi, la collectivisation forcée des campagnes (1929-1930), « apogée de l’affrontement du régime issu d’Octobre et la paysannerie, [apparaît comme] la résolution tragique du malentendu de 1917. » De même, il expose clairement les points de divergences entre les différents courants politiques, notamment entre ceux pour qui la révolution est un moyen de mettre fin à la guerre et ceux pour lesquels une issue victorieuse au conflit est vue comme le moyen d’arrêter la révolution, mais aussi à l’intérieur même des courants (des bolcheviks, par exemple). Les points de rupture, les tournants, sont également bien mis en évidence.
L’auteur parvient donc ici à livrer, dans le format imparti, une rapide synthèse, générale sans être imprécise, commode pour toute personne en recherche d’un premier contact sur cette année charnière dans l’histoire de la Russie et du 20ème siècle.
Nicolas WERTH, 1917. La Russie en révolution, Gallimard, coll. "Découvertes", 1997
