Déjà dans son livre récent, co-écrit avec Youssef Courbage (Le Rendez-vous des civilisations, Seuil/La République des Idées), Emmanuel Todd avait fait l'objet de fortes critiques, y compris par ce site (voir notre critique sur NONFICTION.FR).

Dans une interview récente au Nouvel Observateur, il continue à dire un peu tout et son contraire. Cette fois, il critique l'action de Nicolas Sarkozy. Il a raison. Mais ses arguments sont tellement excessifs qu'il perd un peu de son crédit en donnant de telles interviews.

Toute son analyse sur le sarkozysme comme "technique politique" est un peu rapide ; comme sont un peu hasardeuses plusieurs de ses formules ("Le Sarkozysme est plus instinctif que réfléchi" ; "Sarkozy incarne davantage le désordre que l'ordre"). Si Todd a raison de dénoncer "l'activisme tous azimuths" de Sarkozy - mais il n'est ni le premier, ni très original ici - il est peu convaincant lorsqu'il lance une formule comme "Sarkozy est anxiogène".

Mais, il va plus loin en disant justement que "Sarkozy va plus loin que Le Pen". Ou encore : "Pour une part, le FN est désormais au pouvoir".

Après un livre calamiteux sur les Etats-Unis (Après l'empire : Essai sur la décomposition du système américain) que l'on relit avec de la peine pour l'auteur au moment où Obama remporte le caucus de l'Iowa, après une charge injuste et misogyne contre Ségolène Royal durant sa campagne (pour faire élire Sarkozy ?), Emmanuel Todd nous confirme qu'il préfère les attaques inutiles et le défoulement verbal plutôt que l'analyse, la recherche ou le sérieux.

Dans L'Audace d'espérer, Barack Obama parle d'une "politique de l'empathie" et du besoin de renouer avec une "conversation démocratique" (voir notre critique du livre d'Obama). Emmanuel Todd pourrait peut-être le lire.


> L'interview d'Emmanuel Todd au Nouvel Observateur (22 novembre 2007).