Invité par Sciences Po et Notre Europe le 20 septembre dernier, le président du Conseil européen a livré sa vision – résolument optimiste- de l'Europe, une Europe qui a toujours avancé grâce "au principe de transfert et de participation" ; c'est-à-dire une Europe qui ne se fait pas contre les nations mais avec elles. Pour M. Van Rompuy, il ne s'agit plus, aujourd'hui, de se demander comment renationaliser certaines politiques comme la PAC mais plutôt de quelle façon européaniser les politiques nationales.

Aux amoureux déçus de l'Europe ou ses détracteurs, il a dit, faisant référence à Galilée : " La lenteur de l'Europe désespère parfois. Et pourtant elle tourne. L'œuvre européenne n'est pas achevée. Les progrès sont graduels mais inexorables. A la fin, notre Union surprend toujours".

Le président du Conseil européen a exposé les défis
auxquels est confrontée l'UE en matière économique, exprimant notamment son inquiétude face à la faiblesse de la croissance qui met  en danger le modèle social européen.

Il a rappelé l'importance pour l'UE (500 millions d'habitants environ, 22 % du PIB mondial) de jouer un rôle international à la hauteur de sa puissance économique.

"L'Europe ne peut plus se permettre d'être marginalisée comme à Copenhague", lors des négociations sur le changement climatique. Pour M.Van Rompuy, l'UE doit sans hésitation "agir de plus en plus en termes stratégiques et d'intérêt" allant jusqu'à faire montre de "fermeté". "Il faut avoir des instruments, exiger de la réciprocité".

Mais si l'Europe a du mal à avancer sur ce terrain, c'est que la question des transferts est, en ce domaine, "très compliquée". "Elle se heurte à des sensibilités, des obstacles". Cependant, "nous n'avons plus d'autre choix que d'adopter une approche globale" pour ne pas laisser l'extérieur "profiter de nos divergences".

Répondant aux questions de la salle, le Président du Conseil a évoqué le regain du nationalisme en Europe s'inquiétant que le populisme ne soit plus "le monopole des partis populistes". En cause, "l'individualisme de nos sociétés, une tendance au repli sur soi". "L'idée européenne en souffre", a-t-il regretté.

M. Van Rompuy a conclu son premier discours public en France en soulignant que : "Le traité de Lisbonne ouvrait beaucoup de chantiers. Il faut rester ambitieux pour l'Europe. On a découvert avec la crise que l'intérêt national pouvait coïncider avec l'intérêt européen"