À la veille de la célébration du 60e anniversaire de la Déclaration universelle des droits de l'homme, il est bon de rappeler l'adoption, un jour avant, par la même Assemblée générale des Nations unies, d'un texte tout aussi important : la Convention pour la prévention et la répression du crime de génocide.

Dans les pages "Débats" du Monde daté du 10 décembre 2008, Jacques Sémelin, fondateur de l'Encyclopédie en ligne des violences de masse, s'attache à le faire et honore la mémoire de son principal initiateur, Raphaël Lemkin. Juriste polonais et américain d'origine juive, il fut à l'origine du mot "génocide" – fondé "à partir de l'analogie entre l'assassinat de groupes entiers d'humains et l'homicide pour un individu isolé" – et travailla activement à l'établissement d'une juridiction le prohibant, jusqu'à l'adoption de la dite convention, le 9 décembre 1948.

Ce texte, insiste Jacques Sémelin, fut une "contribution fondamentale" : "Pour la première fois dans l'histoire, les États s'entendent sur un texte qui vise à définir, punir et prévenir un crime contre une collectivité." Portant la mémoire des crimes effroyables commis durant la Seconde Guerre mondiale, il a permis "l'émergence d'une conscience universelle". Entré en vigueur en 1951, il est au cœur du droit international et de son évolution, ainsi qu'en atteste notamment la mise en place de tribunaux spéciaux pour juger les crimes commis en ex-Yougoslavie et au Rwanda.

Si ce texte et ce terme même de "génocide" font parfois l'objet d'interprétations abusives, ils n'en demeurent pas moins des pierres angulaires essentielles à la fois pour comprendre la nature de certains crimes et être capable de s'en prémunir

- Jacques Sémelin, "Génocides : honorer l'œuvre pionnière de Lemkin", Le Monde, 10.12.08

 

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