La "curation" : la révolution du webjournalisme ?
[vendredi 21 janvier 2011 - 08:00]

A l’heure où l’Internet social est dominé par la culture du lien et par l’instantanéité de l’information, une nouvelle forme de médias, les curators, s’apprête, après twitter et Facebook, à bouleverser les frontières du journalisme 2.0.

Ces nouveaux outils Internet de curation ou curatoring – venant du terme anglais "curator" qui signifie conservateur de musée –  permettent à chacun d’organiser le flux continu d’informations selon ses envies, en fonction de l’actualité ou autour d’une thématique précise, puis de les assembler, de les classer et de les commenter au gré de ses envies. L’internaute lambda devient alors un "Content Curator" que l’influent blogueur américain Rohit Bhargava, cité par owni.fr, décrit comme "quelqu’un qui trouve, regroupe, organise et partage le meilleur et le plus pertinent contenu en ligne sur un sujet spécifique".  

Depuis six mois maintenant, près de vingt nouvelles plateformes de curation ont fait leur apparition sur Internet et certaines, à l’image de Pearltrees, Storify ou de Scoop.it ont réussi à s’imposer comme des outils novateurs et performants de veille informationnelle. Contrairement aux précédents intermédiaires de l’information en ligne basés sur des algorithmes, tels que les agrégateurs de contenus –Google Actualités en tête -, mais aussi Netvibes, qui rassemble les flux rss, ces nouveaux outils occupent désormais une place charnière dans la relation entre les éditeurs de contenus et l’internaute. C’est désormais celui-ci qui, en réalisant une veille améliorée sur un sujet donné, devient ainsi son propre rédacteur en chef. La curation lui permet de structurer et de mettre en valeur les articles, les photographies et les liens hypertextes, mais aussi les tweets, les vidéos ou les documents audio qui lui semblent les plus pertinents.  Storify ou Scoop.it se sont également adaptés aux nouvelles règles du Web social : tout comme sur twitter, un système de communauté de lecteurs (ou followers) permet de repérer les sujets les plus lus et appréciés par les internautes. Cependant, contrairement au site de micro-blogging, chacune de ces plateformes dispose d’un système d’archivage de l’information partagée : peu de risques donc, de voir disparaître un lien dans les limbes du site comme c’est le cas avec twitter. Interrogé par 20minutes, le créateur de Scoop.it Guillaume Decugis, analyse : "L’intérêt pour le curator est d’informer les autres, de s’exprimer. Et aussi d’être reconnu par ses pairs comme un référent sur le sujet". Avis que partage le co-créateur de Storify Xavier Damman : "Le principe c’est qu’aujourd’hui tous les éléments dont vous avez besoin pour raconter une histoire se trouvent sur les réseaux sociaux, mais tout le monde n’est pas journaliste pour autant"1. De quoi, peut-être, penser un nouveau rapport à l’information sur Internet.

 

* Pour mieux comprendre ce qu'est la "curation" : 

 

- La présentation de Scoop.it ! 

 

- La présentation de Storify 

 


rédacteur : Charlotte ARCE, Secrétaire de rédaction
Illustration : Flickr / Raphaëlle Ridarch

Notes :
1 - Lesinrocks.com, Martin Brodero, Storify : Une (r)évolution en marche?