Une analyse de l’évolution des militants de la LCR et du NPA.

Ce livre est né d’une thèse de sociologie politique consacrée aux transformations de la Ligue communiste révolutionnaire qui aboutissent à son changement de nom en 2009, la LCR devenant le Nouveau parti anticapitaliste. L’ouvrage est marqué pour des raisons familiales notamment par une certaine empathie de l’auteure pour son objet d’étude, cette proximité lui ayant permis d’accéder plus facilement à certaines données. Les matériaux utilisés par l’auteure sont riches : le fichier des adhérents de la LCR de 2003 et de 2005, un questionnaire recueilli auprès des militants, une cinquantaine d’entretiens et une observation poussée des pratiques militantes à travers les congrès, les formations et le suivi au quotidien de structure de base de l’organisation, sans négliger la littérature abondante. Le travail s’inscrit en complément de la thèse de Jean-Paul Sales sur l’histoire de la LCR soutenue il y a dix ans et publiée peu après   .

Trois grands axes sont dégagés : une sociologie de l’organisation, une analyse des conditions de la production de l’engagement et enfin les transformations du rapport au militantisme dans une organisation marquée par le poids du passé.

La première partie repose sur un matériau particulièrement important : le fichier des adhérents. Elle vient en quelque sorte valider ce qui avait pu être constaté de manière empirique ou perçu par les observateurs de l’organisation trotskiste. La LCR puis le NPA sont des organisations composées de jeunes trentenaires qui débutent leur carrière dans les services publics. Les professions intellectuelles supérieures et les fonctionnaires sont sur-représentées. Au même titre que son ancienneté par rapport aux autres partis politiques, la sociologie de la LCR a été beaucoup plus jeune que les autres composantes de la gauche française.

En même temps, cette organisation est une héritière. Elle est composée pour l’essentiel d’étudiants lors de sa fondation en 1966. Elle a toujours voulu entretenir ce rapport particulier à la jeunesse même si, au fil du temps, les cadres ont changé de statut et logiquement de catégories d’âge. Selon l’auteure, 2002 marque un tournant. Les nouveaux adhérents sont plus âgés, plus précaires, légèrement moins qualifiés que leurs aînés en militance.

Dès lors les modes d’organisation et surtout la manière de penser le militantisme changent lentement. En effet, le modèle léniniste du révolutionnaire professionnel défini dans Que Faire ? un siècle plutôt est jugé comme n’étant plus entièrement d’actualité et, le plus souvent, n’a pas été lu par les jeunes générations d’adhérents. Le mythe du « grand soir », réactivé par la prise du Palais d’hiver et de la Moncada   par Guevara et Castro, s’estompe. La LCR devenant un attrape-tout et un réceptacle de toutes les formes de contestation. L’identité militante de la LCR/NPA reste très forte et elle maintient les cadres d’une organisation de type léniniste, comme en témoigne par exemple l’armature de la direction actuelle du NPA dont les principaux responsables ont un passé plus ou moins long dans les organisations trotskistes (LCR pour Olivier Besancenot et Christine Poupin ou Voie prolétarienne pour Philippe Poutou). Les cours de formation et les commissions destinées aux cadres viennent encore souligner la prégnance de cet encadrement, comme si la LCR avait changé de nom pour que rien ne change