Personalité complexe d'une femme qui tue son psychanalyste.

Dans ce premier roman publié de Julia Deck, second premier roman en réalité, on lit le récit de quelques jours de la vie de Viviane Elisabeth Fauville, femme d’une quarantaine d’années, qui mène une carrière plutôt réussie dans le BTP. Sa vie personnelle est plus compliquée : son mari vient de la quitter, elle a donné naissance trois mois auparavant à une fille qu’elle garde avec elle, et elle vient de tuer son psychanalyste. Tour à tour Viviane ou Elisabeth, le roman maintient un suspens sur cette femme malgré l’annonce faite dès le début du livre du meurtre du docteur Sergent. L’auteure joue de l’amnésie de la patiente et de l’enquête menée par l’inspecteur Philippot pour nous faire avancer dans ce qui se passe pour Viviane Elisabeth. Femme complexe, la patiente n’aurait pas supporté l’injonction de son psychanalyste d’être gentille et de reprendre un traitement…

La patiente porte un regard critique sur les psys, dont Silverio Da Silva, "psychanalyste mais pas psychiatre, ni même médecin ou ne serait-ce que psychologue diplômé d’État, bref, simple analyste laïque titularisé par le bon vouloir de ses pairs". Plus loin, elle entre dans un bazar et regarde une figure de sirène qui la regarde "d’un air un peu flou" et qui lui "rappelle vaguement quelqu’un. Un penseur sur son socle. Un perroquet sur son perchoir. Un psy dans son fauteuil". Elle parle également du transfert. Chez le docteur, "la patiente extrait un objet du décor et lui fait dire ce qu’il ne dit pas, dévoilant la frêle mécanique de son inconscience. Bien sûr, cela suppose l’adhésion à cette petite sorcellerie viennoise que pratique le docteur sinon cela ne marche pas mieux que le vaudou pour une congrégation de pentecôtistes et dans les premiers temps la patiente ne sait pas si elle y croit mais elle veut bien se laisser convaincre".

Mais c’est surtout d’une femme en difficulté avec la vie dont ce roman parle, sur fond de meurtre dont elle n’a pas de souvenir, d’une double enquête policière et personnelle, d’une mère décédée mais dont la fille, Viviane Elisabeth, ou seulement l’une des deux, conserve l’appartement en payant les factures et en maintenant la ligne téléphonique comme si elle vivait encore. Mais peut-être n’est-elle pas totalement morte…